Dix titres pour avril 2018

Isle of Dogs de Wes Anderson

Avril est un mois où on lance de toutes sortes de films. Les Américains, notamment, en profitent pour sortir des longs métrages dont le potentiel est difficile à évaluer, et ce, avant l’arrivée des gros canons estivaux. Lors des quatre prochaines semaines, on devra surveiller le dynamique Rampage avec Dwayne Johnson, La Promesse de l’aube pour les fans de Romain Gary, la nouvelle réalisation de Kim Nguyen Eye on Juliet et les documentaires Grand cru qui nous donnera soif et Esprit de cantine qui, à l’inverse, nous mettra en appétit. Mais bref, voici les dix titres qui se démarquent en avril.

NDLR : Une vie violente, Tully, Après la guerre, Jusqu’à la garde et Final Portrait verraient leurs sorties reportées en mai à Québec.

  • Isle of Dogs (L’Île aux chiens) : Sorti fin mars à Montréal, le nouveau long métrage d’animation de Wes Anderson prendra enfin l’affiche ici à la mi-avril. La horde de fans du cinéaste passionné de symétrie visuelle bavent d’impatience. Ceux qui sont tombés sous le charme de Fantastic Mr. Fox encore plus.
  • Indian Horse (Cheval indien) : En cure de désintoxication, Saul se remémore sa passion pour le hockey et ses années d’horreur vécues dans un pensionnat destiné aux jeunes autochtones du nord de l’Ontario. Une chronique historique émotive et troublante.
  • L’Apparition: Vincent Lindon se transforme en journaliste d’enquête dans ce drame religieux qui tente de faire la lumière sur une adolescente à qui serait apparue la Vierge Marie. Réalisé par Xavier

    Galatea Bellugi dans L’apparition.

    Giannoli, le film contient plusieurs scènes marquantes et propose une réflexion brillante sur ce qui entoure ces phénomènes.

  • Avengers: Infinity War (Avengers : la guerre de l’infini) : Une orgie de super-héros au cœur d’une orgie d’effets spéciaux. Voilà, tout est dit sur le film qui cassera la baraque au box-office avant l’arrivée du nouveau Star Wars fin mai.
  • La Bolduc : François Bouvier accouche d’une fresque historique extrêmement bien mise en scène et articulée autour d’un personnage marquant de l’histoire du Québec au temps de la Grande Dépression. En résulte un drame touchant et un devoir de mémoire essentiel.
  • L’Atelier : Laurent Cantet (Entre les murs) met de nouveau en scène une bande d’adolescents qui, ici, suivent un cours de création littéraire à la Ciotat dans le sud de la France. Avec La Villa, un des films français les plus touchants de l’année.
  • A Quiet Place (Un coin tranquille) : Réalisé, scénarisé et joué par John Krasinski, ce film d’horreur se concentre sur une présence surnaturelle maléfique attirée par toute forme de bruit. Évitez de faire du bruit dans la salle.
  • Origami : Les commentaires des festivaliers sont élogieux envers cette nouvelle réalisation de Patrick Demers mettant en vedette François Arnaud dans le rôle d’un homme qui possède le pouvoir de se mouvoir sur sa propre ligne de temps. On est très curieux!
  • Vers la lumière : Ce film japonais relate la relation singulière entre une jeune femme dont le métier est de faire de l’audiodescription et un photographe devenant aveugle. La rumeur est plus que favorable pour cette réalisation de Naomi Kawase (Les Délices de Tokyo).
  • You Were Never Here (Tu n’as jamais été là) : Réalisé par Lynn Ramsay (Il faut qu’on parle de Kevin) et mettant en vedette Joaquin Phoenix, ce violent drame psychologique a été accueilli par de formidables critiques depuis sa présentation à Cannes en 2017. La bande-annonce est prenante au possible. La voici!

 

Des films d’ici à la pelletée

Chien de garde de Sophie Dupuis.

À un moment donné, au mois de mars, neuf longs métrages québécois étaient projetés simultanément au Clap. Du rarement sinon du jamais vu. Si on peut se réjouir d’une aussi florissante production locale, les résultats au guichet de ces longs métrages ne peuvent évidemment égaler ceux des films américains à grand déploiement comme Black Panther et Tomb Raider, surtout que le budget de promotion des longs métrages québécois est presque toujours famélique. Là où on peut se réjouir cependant, c’est de constater que plusieurs de ces œuvres  ciblaient, par leur contenu, leur récit, leur distribution, une clientèle difficile à joindre ces dernières années, soit les jeunes de quatorze à vingt ans. Charlotte a du fun, Ailleurs, Les Faux Tatouages et même Chien de garde leur étaient en grande partie destinés. Les plus vieux pouvaient, de leur côté, se rabattre sur Pour vivre ici de Bernard Émond et sur Hochelaga : terre des âmes de François Girard pendant que le très jeune public avait de son côté Nelly et Simon : mission yéti pour se sustenter.

Bref, l’offre était plus que variée et il faut s’en enorgueillir. Mais le nerf de la guerre demeure encore et toujours la capacité du distributeur et du diffuseur à faire connaître la sortie de tous ces longs métrages, à informer le grand public qu’un film ou deux dans le lot leur est minimalement directement destiné. Le bouche à oreille peut aider, mais les moyens financiers du côté du marketing sont fort limités. Au final, une question majeure demeure : pourquoi sortir autant de films québécois en même temps? Ce phénomène donne l’impression qu’un titre en cannibalise inévitablement un autre alors qu’en avril et en mai, selon les prévisions de sorties, seulement quatre ou cinq fictions d’ici devraient atterrir sur les écrans. Bref, on assiste à un calendrier de sorties débalancé dont on peine à comprendre la logique.

Notons enfin, pour l’anecdote, une autre statistique « chauvine » des plus intéressantes soit que trois films ayant été réalisés ici à Québec (le documentaire Bras de fer, Ailleurs, et Nelly et Simon : mission yéti) faisaient partie du contingent québécois de mars.

Le réalisateur Laurent Bouhnik

Je termine ce texte de blogue avec une histoire singulière concernant le cinéma français. La plus récente cérémonie des Césars a été diffusée deux jours avant les Oscars. Elle est donc passée un peu inaperçue au Québec. Pourtant, plusieurs films nommés ont pris récemment l’affiche avec succès sur nos écrans (Le Sens de la fête, Au revoir là-haut) ou s’apprêtent à sortir sur nos écrans dans les prochaines semaines. Aux Césars comme aux Oscars, les votants dans les différentes catégories sont issus du milieu du cinéma. L’un des votants français, Laurent Bouhnik, un réalisateur qui nous a donné Zonzon, mais qui peine aujourd’hui à réaliser ses projets filmiques, s’est amusé publiquement sur Facebook à parler de son travail comme membre votant. Il a reçu un coffret de DVD comprenant 150 films soumis aux différentes catégories. Chaque jour, le cinéaste s’est amusé avec un humour féroce, sur le réseau social, à commenter chacun des longs métrages. Son ton, virulent, moqueur, voire même condescendant, n’a évidemment pas fait l’unanimité. Juger publiquement le travail de ses pairs est un exercice périlleux et qu’on imagine difficilement au Québec. On peut saluer l’audace ou une certaine franchise de la part de Bouhnik mais il reste qu’il s’est assurément mis à dos une industrie entière avec ce genre d’exercice. Bref, son aventure césarienne est accessible à tous sur son compte Facebook.

Théodore Pellerin, trois fois plutôt qu’une

Théodore Pellerin dans Chien de garde de Sophie Dupuis

C’est possiblement du jamais vu! Un acteur québécois se retrouve au générique de trois films à l’affiche simultanément. C’est le cas de Théodore Pellerin, jeune comédien âgé d’un peu plus de 20 ans que nous avons entrevu dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan et dans Les Démons de Philippe Lesage. En mars, Pellerin sera donc au générique de trois premiers longs métrages, celui de Jeanne Leblanc, Isla Blanca, celui de Sophie Dupuis, Chien de garde, et enfin celui de Samuel Matteau, Ailleurs, fiction tourné à Québec.

Joint au téléphone alors qu’il revenait tout juste de Los Angeles où il travaillait, voici ce que le comédien avait à dire sur la sortie de ces trois productions dont surtout Chien de garde qui vient de prendre l’affiche au Clap.

Éditions Le Clap : C’est pour le moins étonnant d’être à l’affiche de trois films québécois qui arrivent en salle en même temps?

Théodore Pellerin: Tout à fait. Évidemment, les films n’ont pas été tournés en même temps et je ne pouvais me douter de leurs dates de sortie. Ce qui fait qu’en ce moment, avec les tournées de promotion pour ces films, c’est un mois de retrouvailles pour moi. Ça me permet de revoir des gens avec qui j’ai aimé travailler.

ÉLC : Vous jouez tour à tour Émile dans Isla Blanca, un frère aigri mais très doux, Samu dans Ailleurs, un ados perdu, et Vincent, un grand slack hyperactif et imprévisible dans Chien de garde. Vous vous comptez chanceux qu’on vous propose des rôles aussi différents les uns des autres?

Isla Blanca de Jeanne Leblanc

TP : Absolument. Ce que j’aime comme acteur, c’est d’explorer des univers différents. C’est nourrissant pour moi. Jeanne Leblanc, m’a proposé le rôle d’Émile après m’avoir fait travailler sur l’un de ses courts métrages. Samuel Matteau m’a choisi en audition pour jouer Samu et dans Chien de garde, étonnamment, j’auditionnais au départ pour le rôle de JP, le frère aîné. Mais je tenais aussi à m’essayer pour le rôle de Vincent. Sophie la réalisatrice et moi, on a vite constaté que ça fonctionnait, on voyait vraiment le personnage de la même façon.

ÉLC : Vincent est omniprésent dans Chien de garde. Il a une énergie qu’il canalise difficilement. Il en devient presque terrifiant.

TP : On a travaillé beaucoup là-dessus avant de tourner. On a improvisé et parlé de sa présence, de sa place au cœur de sa famille. Il ne fallait pas qu’on le perçoive uniquement comme un personnage qui terrorise tout le monde. Il fallait l’amener ailleurs. Vincent, c’est un grand petit garçon. Il aime profondément sa famille, mais il a grandi dans un climat de violence à cause de son oncle. Il est complexe et vulnérable à la fois.

Théodore Pellerin et Maude Guérin dans Chien de garde

ÉLC : Êtes-vous sorti épuisé d’avoir joué un tel rôle d’électron libre survitaminé?

TP : Non, car c’était tellement un beau tournage, de beaux personnages dans l’ensemble et de bons acteurs qui m’entouraient. Même si le rôle était demandant, j’en suis sorti totalement énergisé. C’est ce que j’aime le plus de mon métier.

Théodore garde aussi de beaux souvenirs du tournage à Québec du film Ailleurs, un conte urbain initiatique. Entouré d’une bandes de jeunes acteurs, il s’est amusé à arpenter les rues de la capitale, et ce, même s’ils ont eu à tourner en extérieur lors de plusieurs nuits froides qui coïncidaient avec l’arrivée de l’hiver. Ce film, il le voit comme une lettre d’amour offerte à la ville de Québec.

Théodore Pellerin et Noah Parker dans Ailleurs.

On reverra bientôt Théodore Pellerin dans plusieurs productions dont Genèse de Philippe Lesage, puis dans Boys Erased, aux côtés de Xavier Dolan et Nicole Kidman, et enfin dans la seconde saison de The OA, la série télé de Netflix qu’il tourne actuellement. En attendant, on peut le voir dans Isla Blanca et dans l’excellent Chien de garde de Sophie Dupuis dont voici plus bas la bande-annonce. Et dès  le 16 mars, il sera à l’affiche d’Ailleurs de Samuel Matteau.

Un formidable mois de mars 2018

Rose-Marie Perreault et Anthony Therrien dans Les Faux Tatouages de Pascal Plante

Mars sera un mois qui fera saliver tous les publics. Le Festival de cinéma en famille de Québec battra son plein, l’adaptation de la fort drôle bande dessinée La Mort de Staline prendra l’affiche tout comme la nouvelle version de Tomb Raider (Lara Croft) et le film de science-fiction de Steven Spielberg Ready Player One. De beaux films internationaux seront aussi lancés comme Une famille syrienne et Le Brio avec Daniel Auteuil. Bref, nous aurons l’embarras du choix surtout du côté des longs métrages québécois. Les découvrir est selon moi une priorité en mars!

Les Faux Tatouages : Réalisé par un cinéaste originaire de Québec, Pascal Plante, ce film est des plus touchants. Les ingrédients au menu : une romance en forme de cul-de-sac le temps d’un été, une chanson de Daniel Bélanger et deux acteurs formidables (Anthony Therrien et Rose-Marie Perreault). Coup de cœur  assuré!

Faute d’amour : Du réalisateur russe qui nous avait donné Léviathan, Faute d’amour est un récit dur autour d’un couple séparé, amer, et qui en plus verra son enfant disparaître sans raison. Troublant.

Chien de garde : Sophie Dupuis accouche d’un film brut, boosté aux drames familiaux et dans lequel Théodore Pellerin campe une jeune tête brûlée inquiétante et hyperactive au cœur d’une fratrie dysfonctionnelle flirtant avec le milieu de la petite pègre de quartier.

Charlotte a du fun de Sophie Lorain

Charlotte a du fun : Sur un scénario de Catherine Léger, Sophie Lorain accouche d’une comédie dramatique hyper-charmante où plus d’une douzaine de jeunes actrices et acteurs se donnent la réplique avec entrain en parlant de sexualité sans aucun tabou. Un divertissement réaliste, drôle et touchant. Un film générationnel s’il en est un.

Ailleurs : On ne peut passer à côté du premier long métrage de Samuel Matteau, réalisateur de Québec, qui, avec son film, nous montre la ville, de nuit, comme jamais on ne l’avait filmée auparavant avec en son cœur une  histoire d’ados de banlieue en fugue qui découvriront la dureté de la loi de la rue.

Jennifer Lawrence dans Le Moineau rouge

Le Moineau rouge  (Red Sparrow) : Ce drame d’action donne l’occasion à Jennifer Lawrence d’incarner une ex-danseuse de ballet russe devenue espionne. En mission en Hongrie, elle devra faire face à un agent de la CIA. L’actrice semble comme un poisson dans l’eau dans cet univers de casse et de trahisons.

Bras de fer : Ce documentaire des frères Seaborn relate le combat citoyen de Véronique Lalande face au port de Québec et sa poussière rouge, lutte qui a pris naissance dans le quartier Limoilou. Un film utile qui démontre toute l’énergie déployée par une poignée de résidants d’un quartier dans une cause environnementale qui n’est toujours pas gagnée.

La Villa : Robert Guédiguian nous offre son plus beau film en carrière avec La Villa. Dans la calanque de Méjean, dans le sud de la France, deux frères et leur sœur se réunissent au chevet de leur père mourant. C’est le temps des confidences, des bilans de vie sur fond de lègue familial, d’immigration dans une France qui change peu à peu de portrait.

Téhéran tabou : Conçu graphiquement comme Valse avec Bachir, ce dessin animé nous plonge dans la vie de quelques habitants de Téhéran, nous montrant le quotidien de gens aux prises avec des règles morales strictes et une justice très coercitive. Un film essentiel au vu de ce qui se passe actuellement en Iran.

L’Île aux chiens (Isle of dogs) : Wes Anderson lance son deuxième film d’animation après l’excellent Fantastic Mr. Fox. Le récit se déroule au Japon où une bande de chiens aidera un jeune garçon à retrouver le sien. Visuellement, la bande annonce est un pur délice.

Buffet surréaliste à Cuba

 

Ian Lagarde lance ce mois-ci un premier long métrage de fiction. Son film intitulé All you Can Eat Bouddha détonne dans le panorama actuel du cinéma québécois. Le récit est centré sur Mike, un touriste bourru qui débarque dans un hôtel des Caraïbes. Sur place, il profite du buffet à volonté pour se goinfrer. Son séjour sera bizarrement prolongé et prendra une drôle de tournure.

Joint à Paris où il est présentement en résidence d’écriture pour le scénario de son prochain film, le réalisateur nous a donné des détails sur ce long métrage à saveur surréaliste qui aborde avec humour la situation des États totalitaires, le tourisme de masse et la surconsommation.

Éditions Le Clap : Ian, avant de passer à la réalisation, vous avez fait l’acteur?

Ian Lagarde : Oui, quand j’étais très jeune, j’ai joué dans Le Club des 100 watts, dans Au nom du père et du fils. Mais j’ai grandi beaucoup physiquement à l’adolescence et à partir de ce moment-

Ian Lagarde, réalisateur, crédit photo Y. Grandmont.

là, hormis quelques pubs, je me suis dirigé instinctivement vers la caméra et la réalisation.

ÉLC : Vous êtes aussi directeur photo (Blue Moon, Vic et Flo ont vu un ours) et vous avez réalisé plusieurs courts métrages. Pour ce premier long métrage, qu’aviez-vous envie de faire?

IL : J’ai grandi avec Alejandro Jodorowsky. Ses films comme La Montagne sacrée et ses BD comme la série L’Incal m’ont fortement marqué. Bunuel, Antonioni et Pasolini sont parmi mes influences les plus fortes. En faisant All you Can Eat Bouddha, c’était évident que tout ça allait transparaître. Mon film est très investi de l’énergie des années 60/70. On a eu un budget d’un million pour faire ce film qui n’était pas évident à vendre aux institutions de par son genre un peu étrange. Mais j’y croyais dès le début et heureusement, plusieurs personnes ont embarqué avec moi dans l’aventure.

ÉLC : Pourquoi s’intéresser à Cuba et aux formules tout inclus ?

IL : Je n’ai pas beaucoup voyagé dans ma jeunesse et ce phénomène, que je ne connaissais pas personnellement, me fascinait et m’horripilait en même temps. Le kitsch fabriqué pour les touristes, je n’en revenais pas. Cuba s’est imposé pour le tournage, car c’est une île qui regorge de complexes touristiques parce que c’est un lieu qui semble encore imprégné des années 50. Et les Cubains ont une culture artistique différente de celle du Mexique et de la République dominicaine. L’esthétique soviético-ludique me plaisait beaucoup. Pendant qu’on y tournait, il y avait non loin l’équipe de The Fast and Furious 8 qui filmait quelques scènes d’action. C’était un peu étrange. Cela dit, le professionnalisme des Cubains côté cinéma est surprenant.

ÉLC : Pourquoi être allé chercher Ludovic Berthillot en France pour interpréter Mike, un touriste qui prolonge un peu contre son gré son séjour à l’hôtel?

IL : Au départ, le film a failli être une coproduction et, du côté de la France, je suis tombé sur Ludovic avec son air de vieux gangster russe. Je l’ai rencontré et il me paraissait parfait pour le rôle. C’est par la suite que j’ai vu sa performance inoubliable dans Le Roi de l’évasion d’Alain Guiraudie. Bref, ça a été un coup de foudre entre nous. Ludo a accepté d’emblée de jouer le personnage principal.

ÉLC : Votre film, vous nous le vendez comment en une phrase?

IL : Je dirais qu’il faut le voir pour ce qu’il est, une œuvre vraiment différente de ce qu’on voit habituellement en salle. Et pour voir les tropiques autrement. Vous verrez un film québécois un peu surréaliste, chose qui est assez rare finalement.

 

 

Les 10 films de février 2018

Moins flamboyant que janvier, le calendrier de février est cependant très hétéroclite. Plusieurs sorties québécoises sont à souligner dont les nouveautés de Bernard Émond et de Catherine Martin (Pour vivre ici, Certains de mes amis) et le premier long métrage de Ian Lagarde tourné à Cuba (All you Can Eat Buddha). Du côté de l’Hexagone, on retrouvera Romain Duris dans La Confession et Nathalie Baye dans Les Gardiennes. De l’Allemagne, le très attendu In the Fade prendra enfin l’affiche. Au-delà de ces titres, voici les dix œuvres à voir en février.

1- Le 15:17 pour Paris : Clint Eastwood, 87 ans, récidive comme réalisateur avec ce long métrage relatant l’héroïsme de trois Américains qui ont déjoué un attentat terroriste à bord d’un train en direction de Paris, en août 2015.

2- Ouvrir la voix : Amandine Gay nous offre un documentaire aux propos fascinants, un film où elle donne la parole à des femmes, noires, de différentes provenances, de différentes cultures, religions ou orientations sexuelles. En résulte un éloge de la différence qui s’adresse à tous.

3- Winchester : le manoir hanté : Helen Mirren se retrouve comme tête d’affiche d’un film d’horreur. On achète. Ici, l’actrice campe une héritière maudite, logeant dans un manoir où résident des esprits maléfiques.

4- Prendre le large : Sandrine Bonnaire est comme toujours juste et touchante dans ce film de Gaël Morel qui raconte l’histoire d’une ouvrière française qui, voyant son usine délocalisée au Maroc, décide d’aller y poursuivre sa vie.

5- Black Panther : Une autre production de Marvel, mais qui a comme originalité d’avoir une distribution presque entièrement afro-américaine. L’histoire, qui se déroule dans le pays africain fictif du Wakanda, met l’accent sur la Panthère noire, le superhéros déjà entrevu dans Captain America : Civil War.

6- Une femme fantastique : Accueilli par des critiques dithyrambiques partout où il a été présenté, ce film argentin nous raconte comment, au moment de la mort de son amoureux, Marina, une transgenre, doit faire face à la méfiance et au mépris de sa belle-famille.

7- Cro Man : Voici la toute dernière production du studio Aardman et de Nick Park qui nous ont déjà offert Wallace et Gromit et Poulets en fuite. Avec cette nouvelle réalisation tournée en stop motion, on retourne à un âge de pierre où les anachronismes sont légion.

8- Lady Bird : Enfin, le film débarque à Québec, il était temps. L’actrice Greta Gerwig se place derrière la caméra pour nous offrir un film en partie autobiographique porté par le talent de la jeune et charismatique Saoirse Ronan. Possibles Oscars en vue…

9- Annihilation : Ex machina nous avait épatés comme film de science-fiction. Son réalisateur, Alex Garland, est de retour avec ce drame fantastique dans lequel Natalie Portman joue une biologiste qui part à la recherche de son mari disparu lors d’une catastrophe écologique.

10- Nelly et Simon : mission Yéti : Le nouveau film d’animation québécois de Nancy Florence Savard et de Pierre Gréco (Le Coq de St-Victor) dépeint l’aventure rocambolesque d’une détective et d’un scientifique qui se rendent dans les montagnes de l’Himalaya à la recherche de celui qu’on surnomme l’abominable homme des neiges.

Visite éclair à Paris

Marion Cotillard et Charlotte Gainsbourg dans Les Fantômes d’Ismaël.

UniFrance invite chaque année, en janvier, des dizaines de journalistes de divers pays afin de participer à des séances d’entrevues avec des réalisateurs/réalisatrices et acteurs/actrices de France associés à des œuvres que nous aurons l’occasion de voir au cinéma en 2018 sur notre territoire.

Cette année encore, je me compte chanceux, j’y étais pour le Clap. Voici un résumé des anecdotes survenues lors de ce petit voyage de cinq jours dans la Ville lumière. L’arrivée, le jeudi, est marquée par le décalage horaire. L’enjeu, ne pas dormir de jour et attendre la fin de soirée pour faire une nuit complète et prendre le rythme des Parisiens. Hourra! Mission réussie, je suis frais et dispos le lendemain. Durant les jours qui suivent, je ferai un total de 25 entrevues. Côté météo, il fait autour de 4 degrés et il pleut à longueur de journée. Bref, c’est Paris en janvier. Les entrevues se déroulent en rafales au deuxième étage de l’hôtel Intercontinental, tout près des Galeries Lafayette et de l’Opéra de Paris dans le neuvième arrondissement. Une trentaine de chambres, comme à l’habitude, ont été réservées afin d’accueillir les artistes qui l’un après l’autre répondront aux questions de dizaines journalistes chaque jour.

Donc vendredi, ça démarre rondement. J’interroge tour à tour Guillaume Canet et Marion Cotillard, couple dans la vie et parfois à l’écran (Rock’n Roll). Je fais remarquer à l’acteur que plus jeune, il me faisait penser à Patrick Dempsey. Il me confirme qu’on lui a souvent fait la remarque (je me trouve vraiment pas original). Généreux, il dépasse le temps alloué (dix minutes) pour mieux préciser sa pensée sur l’état du cinéma dans le monde, un univers où le pop-corn est roi selon lui. Marion Cotillard, elle, a un horaire surchargé ce jour-là. Son deuxième et tout jeune enfant (une fille selon l’équipe sur place) se balade dans le corridor avec la nounou pendant que la mère, blonde pour un nouveau rôle se prête au jeu de la promotion. Elle accepte joyeusement de se présenter à moi à la caméra en reprenant l’accent québécois qu’elle caricaturait maladroitement dans Rock’n Roll en forçant un peu trop sur les A. En soirée, nous sommes conviés à la soirée UniFrance lors de laquelle on remettra un prix à Juliette Binoche pour l’ensemble de sa carrière. Cette dernière, émue, l’accepte au son d’un discours empreint d’émotion. Sur place, je croise Éric Gravel, un Québécois vif et cultivé, exilé en France depuis dix-sept ans, qui a réalisé plus tôt en 2017 un premier long métrage avec Julie Depardieu et Yolande Moreau, un film intitulé Crash Test Aglaé, dans lequel on peut entendre du Plume Latraverse. Hélas, son film n’a jamais été distribué ici. J’avale quelques verres de champagne et je file me coucher afin d’être en forme pour faire les entrevues du samedi.

Le lendemain, les entrevues se poursuivent et les invités sont tous d’une grande gentillesse. L’équipe qui gère l’ensemble de l’événement aussi. Bref, tout le contraire de la réputation qui colle aux Parisiens habituellement. Dehors, les soldes se poursuivent au centre-ville de Paris. Alors qu’on apprend que Pierre Richard a annulé sa présence, préférant se retrouver dans les Alpes aux côtés de Sophie Marceau pour son nouveau film, je profite d’une pause pour me rendre à un salon de réalité virtuelle de la compagnie VRrOOm, spécialisée dans ce domaine. Le casque de RV nous permet d’accéder à un univers incroyable qui donne un peu le vertige. Les images, en 3D, sont évidemment tournées avec la technologie 360 degrés. Remis de mes émotions, je termine ma journée de travail et j’en profite pour faire une petite balade en ville. La richesse du secteur détonne avec la présence de nombreux itinérants (avec chien et enfant), immigrants illégaux qui trouvent refuge à l’entrée des commerces qui viennent de fermer leurs portes. L’image est forte et émotive.

Dimanche, Marina Foïs, dont c’est l’anniversaire, nous séduit par son humour et sa vivacité d’esprit. Le réalisateur Tony Gatlif (Gadjo Dilo) se souvient avec plaisir de ses voyages au Québec et en profite pour prendre des nouvelles de Serge Losique. Michel Hazanavicius arrive avec 45 minutes de retard pour nous parler de son film sur Jean-Luc Godard (Le Redoutable) en précisant avoir vu le film québécois La Chasse au Godard d’Abbittibbi. Le doyen Jacques Doillon nous confirme s’ennuyer du Québec et, sans pudeur, confirme qu’avec deux pensions à payer, son salaire ne lui permet pas de s’envoler pour la Belle Province pour y présenter Rodin, son nouveau film avec Vincent Lindon dans le rôle-titre. Puis, on apprend que c’est par un casting sauvage (sélection par le physique, au hasard, dans la rue) que Laurent Cantet et Xavier Beauvois ont trouvé leurs deux plus récentes têtes d’affiche.

Lundi, dernière journée. Jean-Pierre Darroussin prend des nouvelles du festival de cinéma à Québec et de l’état du fleuve Saint-Laurent. Marine Vacht peine à se souvenir de son rôle dans La Confession, tourné trois ans plus tôt avec Romain Duris. Tellement, qu’elle ne peut résumer l’histoire ni les particularités de son personnage. Au bout du compte, cet entretien prendra la direction de la filière 13. Pour le même film, le cinéaste Nicolas Boukhrief affirme que les journalistes québécois sont ceux qui posent les meilleures questions. Je dis ça, je dis rien. Puis, le cinéaste conclut en admettant être emballé par son nouveau projet, l’adaptation du roman Trois Jours et une vie de Pierre Lemaitre (l’auteur d’Au revoir là-haut). Mathieu Amalric est particulièrement en forme et souriant. On a hâte de le voir faire de la nage synchronisée ave Philippe Katerine et Benoît Poelvoorde dans Le Grand Bain qui sortira dans les prochains mois. Amalric précise aussi sa prochaine venue au FIFA de Montréal pour son court métrage mettant en vedette la soprano canadienne Barbara Hannigan qu’il a filmée en répétition.

Vincent Cassel dans la peau du peintre Gauguin.

En entrevue, le réalisateur Arnaud Desplechin se rappelle son film Rois et reines en l’appelant Kings and Queens. Lorsque je lui demande pourquoi il parle de son film avec un titre en anglais, il répond que, s’adressant à des journalistes francophones canadiens, il pensait que le titre anglais était plus à propos. Mes oreilles ont saigné. Enfin, la journée se termine avec Vincent Cassel. Aussi intense que dans ses films, l’acteur qui vient d’incarner Gauguin au cinéma en profite pour nous inciter à aller voir en 2018 Le Monde ou rien, nouveau film de Romain Gavras dans lequel il joue. Un film aussi intense, selon lui, que Notre jour viendra. Je n’y manquerai pas!!! Maintenant, il s’agit de penser au retour en avion pour le lendemain alors qu’une méga-tempête menace de s’abattre sur le Québec. On appelle ça un retour à la réalité qui promet.

Mardi, jour de départ, il faudra ensuite faire le tri, dans un exercice de montage ardu, pour garder les répliques les plus intéressantes de ces artisans du 7e art afin de donner envie au public québécois d’aller voir ce qui se fait de mieux dans l’Hexagone lors des six prochains mois.

Les films rêvés

Jean Rochefort dans L’Homme qui tua Don Quichotte.

Près de 400 films prennent l’affiche en salle au Québec annuellement, principalement des longs métrages américains, français et québécois (dans ce dernier cas, 60 titres, fictions et documentaires compris). Certains sont uniquement distribués en VSD/DVD et d’autres ne sortent jamais sur notre territoire. Mais au-delà de ces sorties, il y a aussi des films dont les tournages avortent. Ceux qui, simplement par leurs synopsis, leurs distributions, leurs réalisateurs, font rêver avant même un premier tour de manivelle, tour qui hélas ne viendra jamais. Voici quelques titres qui n’ont jamais vu le jour et qui sont un peu devenus des œuvres cultes fantomatiques.

Romy Schneider dans L’Enfer

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Un très beau documentaire avait pris l’affiche au Clap en 2009 et relatait toute l’ambition de ce long métrage inachevé  de 1964. La fin du tournage fut abrupte, Clouzot ayant fait un infarctus. Des images d’archives psychédéliques de Romy Schneider circulent encore pour nous faire fantasmer, elle qui était la tête d’affiche du drame aux côtés de Serge Reggiani.

L’Homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam : En fait, Gilliam le fera enfin son film sur le célèbre personnage de Cervantes. La première tentative ayant pris la forme d’un échec retentissant à cause des torrents qui avaient détruit une grande partie des décors et de la double hernie discale de Jean Rochefort qui l’empêcha de monter à cheval. Jonathan Pryce accompagné d’Adam Driver se retrouvent au cœur de la nouvelle production qui devrait prendre l’affiche d’ici la fin de 2018.

Crusade : Après le succès de Total Recall, en 1990, Arnold Schwarzenegger voulut refaire équipe avec le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven afin de mettre en scène une fiction autour des croisades du XIe siècle. Il faut dire que le cinéaste avait déjà fait ses preuves dans l’univers médiéval avec La Chair et le sang quelques années plus tôt tout comme l’acteur avec Conan le barbare. Hélas, le budget estimé à plus de 120 millions de dollars fera peur aux producteurs qui abandonneront le navire…

Dune d’Alejandro Jodorowsky : Encore là, un documentaire épatant a été fait sur ce projet démentiel qui a fait peur aux producteurs de l’époque, projet qui regroupait une équipe d’artistes tout étoile devant et derrière la caméra dont Orson Welles, Pink Floyd, Dali, H. R. Giger, Moebius et Mick Jagger. Après le flop de l’adaptation qui fut par la suite réalisée par David Lynch, c’est Denis Villeneuve qui, à son tour, s’attaque à la prochaine version grand écran de ce classique de la science-fiction signé Frank Herbert.

La Montagne hallucinée : Roman phare de H.P. Lovecraft, l’adaptation devait être signée par Guillermo del Toro. Les aptitudes du cinéaste mexicain à mettre en scène des créatures étranges comme dans Le Labyrinthe de Pan et The Shape of Water auraient été parfaites dans ce contexte. Certaines rumeurs persistantes évoquent que le projet ne serait pas totalement mort à l’heure actuelle.

Tim Burton et Nicolas Cage

Superman Lives de Tim Burton : L’ex-blogueur de La Presse Josef Siroka avait résumé, dans un fort  bon texte,  toute la mésaventure entourant cette production mise en chantier au milieu des années 90 avec Kevin Smith au scénario (du moins au départ) et Nicolas Cage dans la peau du super-héros. Le studio Warner Bros a saboté le tout, craignant de lourdes pertes financières, l’âge d’or des films de super-héros n’étant pas démarré.

La Trilogie des dragons : Essuyant refus sur refus de la part des institutions publiques pour financer ce film tiré de sa propre pièce de théâtre, Robert Lepage a fini par abandonner, en 2006, l’idée de l’adapter pour le cinéma et par le fait même toute ambition cinématographique. Quel dommage!

Napoléon : Stanley Kubrick rêvait d’en faire une grande fresque, et ce, tout de suite après la sortie de 2001… MGM était derrière lui, 500 000 figurants avaient été recrutés pour les scènes de bataille et des tonnes d’archives avaient été accumulées afin de reconstituer au mieux cette époque guerrière au grand écran. Les éditions Taschen ont publié un ouvrage remarquable sur le tout, un livre ayant pour titre Stanley Kubrick’s Napoleon : the Greatest Movie Never Made.

Black Hole : Voilà l’une des bandes dessinées les plus cultes dans le monde du 9e art américain. Et one parle pas ici de comics ni de super-héros, mais d’un univers tordu, un roman graphique plus déstabilisant que ceux réalisés par Daniel Clowes ou Robert Crump. Black Hole se situe dans le Seattle des années 70 et suit un groupe d’adolescents victimes d’une mystérieuse maladie provoquant des mutations physiques. C’est David Fincher qui était chargé de réaliser la version ciné, mais qui ne semble plus dans le portrait. Brad Pitt détiendrait encore les droits d’adaptation de la BD comme producteur. Bref, il y a toujours une lueur d’espoir dans ce dossier.

– Finalement, le champion des avortements cinématographiques est assurément Orson Welles. Pas moins de sept longs métrages mis en branle par Welles ont été relégués aux oubliettes du 7e art, dont The Other Side of the Wind avec John Huston. Le cinéaste Peter Bogdanovich qui y jouait l’un des principaux personnages a toujours comme souhait de terminer le montage du film.

En terminant, pour les curieux, un livre a été lancé concernant le sujet et donne moult détails sur des dizaines de films n’ayant pas vu le jour. Son titre : Les plus grands films que vous ne verrez jamais. Il est signé par Simon Braund et est publié aux Éditions Dunot.

 

Dix films pour commencer 2018

Comme à l’habitude, janvier n’est pas un mois où la qualité est en rupture de stock côté sorties en salle. Loin de là. Bien des longs métrages susceptibles d’être nommés aux Oscars arrivent enfin sur les écrans à Québec. À travers les lancements attendus de The Post, très classique film de Steven Spielberg, de Happy End de Michael Haneke, du western Hostiles avec Christian Bale et du troisième volet de la série dystopique The Maze Runner, voici dix titres à mettre absolument à votre agenda.

1- Molly’s Game (Le Jeu de Molly) : Le premier long métrage du scénariste Aaron Sorkin est habilement mis en scène. Très « scorsesien » dans sa facture, le film permet à Jessica Chastain d’étaler tout son talent d’actrice en personnifiant une femme de tête victime de ses ambitions.

2- The Disaster Artist : Le récit relate le parcours de Tommy Wiseau, un artiste étrange sorti de nulle part, qui réalisa, voilà près de quinze ans, The Room, un long métrage devenu culte ironiquement, considéré depuis comme l’un des pires films de l’histoire du cinéma. Dans le rôle principal, James Franco y est, dit-on, plus qu’épatant.

3- Hochelaga : terre des âmes : Avec Hochelaga, François Girard a évité le naufrage souvent associé aux films réalisés sur commande. Celui-ci, conçu pour le 375e anniversaire de Montréal, met en scène plusieurs histoires à diverses époques, faisant la part belle aux différents peuples qui ont forgé l’identité de la métropole au fil des siècles.

 

4- Call me by your Name (Appelle-moi par ton nom) : L’incontournable du mois de janvier. Le film de l’année selon plusieurs critiques. Des images de l’Italie en été, une bande sonore vivifiante et très années 80, des acteurs dirigés de main de maître par le brillant cinéaste italien Luca Guadagnino, une histoire d’amour amorale, bref, tout est là pour séduire les cinéphiles.

5- I, Tonya! (Moi, Tonya) : Tonya Harding a marqué les esprits de tous ceux qui s’intéressaient au patinage artistique dans les années 90. Margot Robbie serait épatante dans le rôle de la patineuse retorse, tellement que plusieurs la voient se rendre aux Oscars.

6- Lady Bird : L’actrice Greta Gerwig se place derrière la caméra pour nous offrir un film en partie autobiographique porté par le talent de la jeune et charismatique Saoirse Ronan. Des nominations aux Oscars sont à prévoir.

Les Scènes fortuites avec Guillaume Lambert et Valérie Cadieux

7- Les Scènes fortuites : Bien connu comme membre de l’émission Like-moi!, Guillaume Lambert se lance dans le cinéma avec une comédie malaisante qui semble aussi comique qu’inventive. On a hâte de découvrir le tout à la fin janvier.

8- Phantom Thread (Le Fil caché) : Réalisé par Paul Thomas Anderson dont tous les longs métrages sont fortement attendus, Phantom Thread serait le dernier film de Daniel Day-Lewis qui, récemment, avoua s’être résolu à abandonner le cinéma. Raison de plus pour voir cette ultime performance au grand écran, lui qui personnifie cette fois un couturier londonien amoureux fou de sa muse.

9- Le Vénérable W. : Le documentaire The Act of Killing filmait au quotidien d’anciens meurtriers qui ne connaissaient pas la signification du mot remords. Dans la même veine, le vétéran Barbet Schroeder, lui, est allé en Birmanie à la rencontre d’un influent moine bouddhiste qui fait la guerre aux musulmans de son pays avec des tactiques qui rappellent celles utilisées par l’élite nazie des années 30, en Allemagne. Troublant!

10- Téhéran tabou : Conçu graphiquement comme Valse avec Bachir, ce dessin animé nous plonge dans la vie de quelques habitants de Téhéran, nous montrant le quotidien de gens aux prises avec des règles morales strictes et une justice très coercitive. Un film essentiel au vu de ce qui se passe actuellement en Iran.

Téhéran Tabou

 

Le meilleur de 2017 en 10 titres et des poussières

Tanna, une réalisation de Bentley Dean et Martin Butler.

Les listes de fin d’année suscitent évidemment beaucoup de curiosité. J’ai toujours aimé me prêter au jeu du top 10 même si l’exercice est difficile. Voici donc mes coups de cœur cinématographiques de 2017, une sélection basée sur les films sortis en salle à Québec lors des douze derniers mois avec, en bonus, quelques mentions, question de n’oublier aucun titre marquant, et ce, évidemment, selon mes goûts en matière de septième art.

The Square

1- The Square : Sorti récemment, ce long métrage suédois se moque avec beaucoup d’intelligence d’une certaine bourgeoisie et d’un intellectualisme de surface. Une distribution de grand talent donne un élan de réalisme presque loufoque aux scènes de cette œuvre audacieuse des plus divertissantes.

2- On aime ou non les univers de Bruno Dumont. Quant à moi, quand le cinéaste français joue dans l’humour, il me séduit systématiquement avec son audace et sa désinvolture. C’est le cas ici avec Ma Loute, un film doté de personnages qui semblent tirés d’une BD, des êtres poussifs, charmants, joués autant par des grands noms du cinéma (Luchini et Binoche) que par des acteurs amateurs tout aussi formidables dans ce contexte.

3- Je suis amateur de films de genre et Get Out est l’un des meilleurs à avoir pris l’affiche ces dernières années. On peut même dire que c’est la surprise du cinéma américain de 2017. Le suspense, frôlant le film d’horreur, dépeint avec beaucoup de doigté, et aussi parfois avec humour, tout le racisme encore fortement ancré chez une partie de la population chez nos voisins du Sud.

Les Oubliés

4- Les Oubliés est un film danois qui m’a fortement secoué en début d’année. Tourné de façon très classique, ce drame historique démontre avec finesse que chaque guerre ne fait que des perdants, et ce, peu importe le clan dans lequel on se trouve.

5- Tanna est l’un des films les plus exotiques que j’ai eu l’occasion de voir dans ma vie. Tourné sur l’île du même nom, dans l’archipel du Vanuatu en Océanie, Tanna est une sorte de Roméo Juliette, candide et splendide, aux images volcaniques stupéfiantes.

6- Avec L’Amant double, François Ozon est revenu aux atmosphères glauques de ses premières réalisations. Pour l’occasion, le réalisateur joue dans la cour d’Hitchcock, de Cronenberg et de De Palma, et ce, avec brio, tel un enfant malicieux, entouré de jouets dangereux.

7- Même si le sujet est loin d’être jojo, L’Économie du couple réussit parfaitement à mettre en scène la désintégration d’un couple au bord de la séparation. Bérénice Bejo et Cédric Kahn sont merveilleusement dirigés par Joachim Lafosse dans ce drame conjugal parfaitement mis en scène.

8- Beach Rats, réalisé par Eliza Hittman, est sorti un peu de nulle part. Centré sur le flânage d’un jeune garçon de Coney Island, ce long métrage indépendant propose une incursion délicate dans l’univers sentimental déboussolé de son personnage principal. La photo est exquise, la mise en scène sobre, bref, c’est une belle surprise de 2017.

9- Le Sens de la fête est une comédie typique qui ne renouvelle pas le genre. Mais s’il a sa place pour conclure ce top 10, c’est pour sa grande efficacité, son sens du timing comique et sa distribution de grand talent, Jean-Pierre Bacri en tête, fort bien entouré par de multiples seconds rôles colorés et attachants. En rigolant à plusieurs reprises devant certaines scènes malaisantes, je me suis rappelé tout le bienfait qu’un long métrage comme celui-là peut nous faire.

10- Du côté du Québec, des films comme Les Affamés et La Petite qui aimait trop les allumettes m’ont procuré beaucoup de bonheur comme spectateur, mais Le Problème d’infiltration, signé Robert Morin, est définitivement le titre québécois qui arrive en tête de liste pour sa facture visuelle précise et surtout son climat inquiétant.

N.B. Certains auront noté l’absence de certains titres dont Blade Runner 2049, It, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, The Shape of Water et Dunkirk. Elles sont voulues et réfléchies. Comme on dit, des goûts et des couleurs, on ne dispute pas.

En rafale :

Voici les titres qui m’ont échappé cette année et que j’entends voir dans les prochaines semaines : My Florida Project, Mother!, Downsizing et All the Money in the World. Il y aussi les films sortis à Montréal récemment et qui arriveront en 2018 à Québec. Pensons à Call me by your Name, Phantom Thread, Lady Bird et The Disaster Artist.

Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc de Bruno Dumont et Rester vertical d’Alain Guiraudie sont deux longs métrages français non distribués ici cette année, que j’ai eu la chance de voir, et qui  se seraient possiblement glissés dans mon palmarès.

– Le meilleur film sorti ici uniquement en DVD/VSD est assurément le drame d’horreur gore Grave, premier long métrage de la Française Julie Ducournau.

– La meilleure trame sonore pour moi est celle de Good Time, excellent film des frères Safdie mis en scène sur des musiques électro d’Oneohtrix Point Never.

– Finalement, mes coups de cœur du côté des séries télé sont, dans le désordre, Big Little Lies, The Handmaid’s Tale, L’Imposteur saison 2, The Missing saison 2, Broadchurch saison 3 et Game of Thrones saison 7.

Là-dessus, vos commentaires sont les bienvenus. On se retrouve début janvier avec un aperçu du calendrier mensuel. Et donc, je vous souhaite, cinématographiquement parlant, une fort belle année 2018!