On vient de connaître l’ensemble des nommés dans les différentes catégories des Golden Globes. La liste des titres nous rappelle quels sont les films à voir en priorité dans les semaines qui suivent. Voici un bilan rapide de l’état des choses afin de finaliser votre agenda.
– The Boss Baby, Baby Driveret Get out sont déjà disponibles en VSD et en DVD, Dunkirk le sera le 19 décembre.
– Mudboundet First they Killed my Father sont disponibles sur Netflix.
– Victoria and Abdul reprendra l’affiche au Clap vendredi puis sera disponible en VSD et en DVD le 19 décembre.
– Battle of the Sexes sera disponible en VSD et en DVD le 2 janvier.
– Loving Vincentsera disponible en VSD et en DVD le 16 janvier.
– Roman J. Israel, Esq. vient de quitter l’affiche.
– The Square, The Breadwinneret Three Billards Outside Ebbing, Missourisont à l’affiche présentement au Clap.
– Cocoest présentement en salle à Québec.
– Ferdinand sera à l’affiche le 15 décembre à Québec.
-The Greatest Showman au Clap dès le 20 décembre.
– The Florida Project et The Shape of Water seront au Clap dès le 22 décembre.
– Downsizingsortira aussi à Québec le 22 décembre.
–All the Money in the Worldsortira au Clap le 25 décembre.
– Molly’s Game sera au Clap dès le 5 janvier.
–Darkest Hour sortira à Québec aussi le 5 janvier.
– The Postet The Disaster Artistprendront l’affiche au Clap le 12 janvier.
– Call me by your Name et Lady Birdseront au Clap le 19 janvier.
– Phantom Threadet I, Tonya sortiront à Québec le 19 janvier.
– The Leisure Seeker sortira aux États-Unis le 19 janvier.
– In the Fade sortira au Clap le 9 février.
– Une femme fantastique prendra l’affiche au Clap le 23 février.
– Loveless sera au Clap le 2 mars.
En terminant, s’il y a un nom méconnu à retenir des nominations cette année, c’est bien celui de Timothée Chalamet dans la catégorie du meilleur acteur dans un drame pour son rôle dans Call me by your Name. Âgé de 22 ans, l’acteur franco-américain n’avait jusqu’à tout récemment tenu que de petits rôles dans Homeland et Interstellaire notamment. Son interprétation dans le long métrage de Luca Guadagnino, aux côtés d’Armie Hammer, est selon la rumeur des plus formidables. Dans les semaines qui viennent, nous aurons l’occasion de revoir le jeune comédien dans Lady Bird avec Saoirse Ronan et dans Hostiles avec Christian Bale, puis par la suite dans Rainy Day in New York de Woody Allen.
La cérémonie des Golden Globes aura lieu le 7 janvier prochain.
Timothée Chalamet et Armie Hammer dans Call Me By Your Name
Justin Timberlake et Kate Winslet dans Wonder Wheel de Woody Allen
Voilà, l’année se termine ce mois-ci entraînant l’arrivée en salle pour les Fêtes d’une flopée de films alléchants. Inutile de souligner que le nouveau volet de la saga Star Wars attirera son lot de fans et d’aficionados, mais n’oublions pas les multiples titres de qualité qui ont aussi été programmés au calendrier. On pourra notamment voir pendant ce mois les films québécois Tadoussac et Le Trip à trois, le dessin animé Ferdinand et la comédie musicale The Greatest Showman. Plusieurs productions oscarisables comme Call me by your Name, The Disaster Artist, Molly’s Game et Phantom Thread verront leurs sorties à Québec repoussées en janvier faute de copies disponibles. Mais bref, voici les dix films à voir pour bien finir 2017.
1- Wonder Wheel : Le « Woody Allen annuel » arrive juste avant Noël. Aux côtés de Justin Timberlake, la toujours excellente Kate Winslet est au cœur d’un récit se déroulant dans le parc d’attraction de Coney Island dans les années 50. Intrigue amoureuse, romance vintage et personnages vils et retors sont au menu de cette nouvelle réalisation du cinéaste new-yorkais.
2- Rock’n Roll : L’idée de départ est fort bonne. Guillaume Canet se met en scène dans son propre rôle d’acteur confirmé, mais un peu défraîchi. Son désir d’éternelle jeunesse viendra brimer le couple qu’il forme avec Marion Cotillard, sa compagne à l’écran comme à la ville. L’actrice, elle, pratique son accent québécois afin d’être prête pour jouer dans le prochain Xavier Dolan. Au final, des situations malaisantes sont à prévoir dans cette comédie grinçante sur la célébrité.
3- Au revoir là-haut : Porté au grand écran par Albert Dupontel, ce roman de Pierre Lemaitre avait gagné le Goncourt. Les images somptueuses de l’adaptation témoignent de l’univers d’après-guerre mis en scène admirablement, selon la rumeur, par le cinéaste-acteur qui joue l’un des deux rôles principaux dans un récit de magouille montée par deux rescapés des tranchées.
Au revoir là-haut d’Albert Dupontel
4- All The Money in the World (Tout l’argent du monde) : Après le dernier volet d’Alien, Ridley Scott renchérit avec cette histoire véridique autour de l’enlèvement d’un jeune et futur héritier d’un magnat du pétrole, kidnapping survenu à Rome en 1973. Michelle Williams, Romain Duris et Mark Wahlberg sont au générique, mais plus Kevin Spacey, remplacé en urgence par Christopher Plummer à la suite des allégations d’inconduites qui ont fait la manchette.
5- The Breadwinner(Pavana – une enfance en Afghanistan) : Ce fort joli film d’animation table sur une histoire touchante mettant en scène une jeune fille qui décide de se trouver du travail pour aider sa famille à se sortir de la misère dans un pays où les droits des femmes sont réprimés par les Talibans. Pavana est une autre preuve qu’un film peut à la fois divertir, informer et sensibiliser le grand public.
Jean-Pierre Bacri dans Le Sens de la fête
6- Le Sens de la fête : Je l’avoue, j’adore Jean-Pierre Bacri. Et Le Sens de la fête, signé par le tandem derrière Intouchables, semble avoir été écrit pour lui. L’acteur y tient le rôle d’un homme habitué de coordonner de A à Z les festivités entourant un mariage. Évidemment, son plus récent et gros contrat frôlera le chaos et ce pour notre plus grand bonheur d’amateurs de comédies où l’on rit jaune.
7- Downsizing (Petit Format) : La prémisse est celle-ci : pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ douze centimètres. Comment ne pas succomber à ce séduisant résumé d’un film réalisé par le formidable Alexander Payne et mettant en vedette Matt Damon et Christoph Waltz?
8- The Shape of Water (La Forme de l’eau) : Une employée de laboratoire voit sa vie basculer du tout au tout lorsqu’elle découvre une créature aquatique. Selon certains, Guillermo Del Toro aurait réalisé, avec ce film fantastique, le meilleur long métrage de sa carrière.
9- L’Autre côté de l’espoir : Le Finlandais Aki Kaurismaki s’attarde aux phénomènes des sans-papiers, à l’exode et au racisme à travers une histoire aussi drôle que touchante autour d’un Syrien qui débarque à Helsinki et qui se liera d’amitié avec un homme qui veut repartir à zéro comme restaurateur. La bande-sonore est en plus l’une des plus réjouissantes de l’année.
10- Three Billboards Outside Ebbing, Missouri(Trois Affiches tout près d’Ebbing, Missouri) : Frances McDormand, Woody Harrelson et Sam Rockwell en font des tonnes dans cette comédie acerbe sur les rednecks du fin fond du Midwest américain, le tout réalisé par le cinéaste derrière In Bruges.
Le chroniqueur du Magazine Le Clap (chronique Ciné-psy), Marcel Gaumond, nous offrait tout récemment un texte sur ce blogue concernant le nouveau film de François Ozon, L’Amant double. Pour faire suite à son billet, voici un résumé d’un entretien récent avec Jérémie Renier au sujet de ce film aussi réussi que déstabilisant et dans lequel il tient les rôles des jumeaux psychiatres, Paul et Louis.
Acteur belge, Jérémie Rénier s’est fait connaître adolescent dans La Promesse, le premier long métrage des frères Dardenne. On l’a revu ensuite à de nombreuses reprises dans leur univers, notamment dans L’Enfant et aussi dans la peau du défunt chanteur pop Claude François dans Cloclo. Il a été à deux reprises au générique de films signés par François Ozon, soit Les Amants criminels et Potiche. Pour cette troisième collaboration avec le cinéaste français, Renier n’incarne pas un, mais bien deux personnages. De passage à Montréal dans le cadre de Cinemania, l’acteur nous a parlé de ce double rôle dans L’Amant double aux côtés de Marine Vacth qui, elle, interprète Chloé, une femme tiraillée entre les deux frères, en proie à ses impulsions amoureuses et névrotiques.
Les Amants criminels de François Ozon
Éditions le Clap : Jérémie, vous avez joué à deux reprises pour Ozon. D’être dirigé une troisième fois par lui n’est donc pas surprenant?
Jérémie Renier : Exact. François aime bien s’entourer de gens qu’il affectionne, réutiliser les mêmes acteurs comme Melvil Poupaud et Marine Vacth. On se connaît depuis vingt ans. Nous avons donc noué une belle amitié et un respect mutuel durant toutes ces années. Chaque fois, François me propose des univers différents et sans accepter les yeux fermés sa nouvelle proposition, disons que l’idée de le retrouver sur un film me plaît particulièrement.
ELC : Pour L’Amant double, quelle a été la mécanique à mettre en place pour interpréter ces rôles de jumeaux?
JR : Il y a un gros travail en amont, en lecture, on a beaucoup répété afin de caractériser les personnages. Puis, au fil des répétitions, on a plutôt voulu jouer sur le peu de différences entre les deux frères. S’amuser en passant de l’un à l’autre sans crier gare et créer ainsi une atmosphère un peu schizophrénique.
ELC : L’autre défi d’acteur dans ce film, c’est de jouer avec votre partenaire des scènes où le sexe et la violence se côtoient. Il fallait sûrement établir un fort lien de confiance entre Marine et vous sur le plateau afin d’éviter toute tension?
Jérémie Rénier
JR: En lisant le scénario et en acceptant de jouer ces scènes, Marine et moi, on savait très bien dans quoi on s’embarquait. Nous avons traversé ce film à trois. C’était très intimiste comme tournage. François est exigeant, exalté sur un plateau, mais il laisse beaucoup de place pour que le tout ait l’allure d’un terrain de jeux dans lequel Marine et moi pouvions évoluer, à notre façon, et que ça se passe de la façon la plus agréable possible.
ELC : À sa sortie, L’Amant double, de par sa facture, allait inévitablement polariser les réactions?
JR : Nous étions conscients du côté provocateur du film, voire clivant, à cause du sujet, des scènes de sexe et de psychanalyse. On rebute un public, on en séduit un autre. C’est la signature de François, des œuvres qui grincent. Moi, j’aime son audace et ici, il flirte avec la folie de David Lynch et celle de David Cronenberg qu’on retrouvait au grand écran dans les années 80.
ELC : En quoi votre expérience sur ce film vous a nourri comme acteur?
JR : Avoir la chance de jouer deux personnages et de transgresser les codes de la fiction, de partir hors de la réalité, c’est très motivant pour un comédien. J’ai pris un réel plaisir à plonger comme acteur dans cette aventure. Le long métrage présente plusieurs lectures, plusieurs couches dans le e récit… que demander de mieux?
ELC : En terminant, vous êtres d’origine belge… Alors, quel regard portez-vous sur le cinéma belge actuellement, autant flamand que wallon?
JR : Le cinéma de mes origines ratisse très large présentement. On laisse de la place aux jeunes contrairement à ce qui se passe en France. Le cinéma flamand, particulièrement, profite d’une belle liberté et d’une énergie incroyable. Je pense au film Les Ardennes que j’ai vu récemment, c’est une vraie proposition de cinéma. Bref, je suis très optimiste de ce côté.
Jérémie Rénier vient de terminer la réalisation de Carnivores, un drame coréalisé avec son frère Yannick. Un thriller psychologique qui prendra l’affiche en Europe à la fin mars. L’Amant double, lui, prend l’affiche au Québec le 24 novembre.
Lors de la « première » du film L’AMANT DOUBLE de François Ozon, le 22 novembre à 19 h 15
*Cette rencontre, animée par Marcel Gaumond, psychanalyste, prendra la forme d’une période de « questions et réponses » d’une durée de 30 minutes, après le visionnement du film.
Si l’on a maintes fois associé l’œuvre littéraire de Marcel Proust à la psychanalyse, quête de soi qui emprunte le chemin d’une enquête (cf. : À la recherche du temps perdu), je proposerais d’associer l’œuvre cinématographique de François Ozon à ce même mode typique de navigation intérieure qu’implique la traversée analytique entre le monde du conscient et celui de l’inconscient.
L’AMANT DOUBLE est le cinquième film d’Ozon que la direction du Clap m’a proposé de commenter, au fil des ans. Plus encore – si toutefois la chose est possible (!) – que dans les films de Woody Allen, on trouve dans les films d’Ozon l’équivalent sous forme d’images des principales notions qui structurent et émaillent le langage psychanalytique : désir, fantasme, rêve, déni, deuil, résistance, fusion, séparation, refoulement, bloquage, symptôme, symbole, pulsion, séduction, complexe, blessure narcissique, hallucination, projection, dissociation, conflit, transfert et contre-transfert, volonté de puissance, mensonge, ombre, intégration, vérité, estime de soi, transformation et j’en passe. Et cette fois, dans L’AMANT DOUBLE, Ozon se surpasse!
Comme en témoignent les extraits suivants de mes textes de la chronique du Ciné-psy portant sur les quatre précédents films d’Ozon que j’ai commentés, dans des histoires différentes, les mêmes dynamiques de fond, les mêmes souffrances, les mêmes conflits et les mêmes défis hantent l’âme obscure des personnages que le cinéaste propulse de façon magistrale sur l’écran. Peut-être aurons-nous l’occasion de nous parler de tout cela, le soir de la « première » de L’AMANT DOUBLE.
Gouttes d’eau sur pierres brûlantes (2000)
Avec comme titre de mon texte « Le frère d’Éros » qui prend nom d’Antéros /l’Amour contraire [on pense ici à Paul et à son frère Louis, qui dans L’AMANT DOUBLE sont tous deux psychanalystes] dans la mythologie grecque, je relève les passages suivants…
« S’il n’y avait pas cette immense souffrance, cette désolation profonde, ce désarroi, cette solitude extrême, ce cri effrayant en provenance du ventre, cette misère qui, tout à coup, s’empare de l’âme tout entière de la personne qui, touchée dans son sexe, sent qu’elle est déconsidérée, dominée, abusée, on pourrait continuer à rire à l’écoute des histoires de cul. On pourrait continuer de s’en mettre plein les yeux. On pourrait aussi, pourquoi pas, enfin transgresser tous les tabous stupides qui nous empêchent, au nom de je ne sais quelle loi dite de facture divine, de jouir avec qui l’on veut, quand on veut et où l’on veut. On pourrait, comme dirait mon voisin d’à côté ou d’en dessous, s’éclater. [….]
[Afin de se soustraire à l’inconscience massive d’où procède toute forme d’abus de pouvoir], je propose deux évidences :] 1) Admettre que ce qui est projeté dans les « dieux » forts et tout-puissants de même que dans les « étoiles socioculturelles », plus ou moins brillantes celles-là, demande à être interrogé et compris à partir des racines mêmes de cette projection, c’est-à-dire notre propre réalité dans ses versants psychique et somatique. L’être humain n’a en effet trouvé rien d’autre jusqu’à maintenant comme moyen de libération véritable que le travail sur soi, un travail qui compose avec la limitation (toute relative qu’elle soit) et qui commande une attitude d’humilité (toute prétention étant aveu d’infantile inconscience).
2) Admettre que la relation sexuelle, expression manifeste de l’Éros, est de nature sacrée, tout autant que les autres activités humaines fondamentales (telles, à titre d’exemples, la maternité, la paternité, la solidarité, la justice, etc.). Ne pas reconnaître cela, c’est vouer la sexualité à n’être rien d’autre en définitive qu’une activité de bas étage, qu’un produit de consommation, qu’un simple besoin physiologique à satisfaire, peu importe avec qui et de quelle manière. Stigmatiser la sexualité comme une pulsion qui ne peut pas s’élever au-delà de la ceinture, c’est ignorer qu’Éros est un dieu qui joue un rôle capital dans l’aventure humaine et dans ‘la quête du Soi’ qui caractérise cette aventure. »
Sous le sable (2000)
« Notre toile [celle que l’on tisse entre soi et le monde (de l’autre)] est un sac qui enferme vraiment, mais ne comprend qu’illusoirement. Vous savez : ce que l’on veut faire passer, parfois, pour de l’amour, c’est une image de soi, souriante, que l’on peint sur sa propre toile. Un amour maquillage. Mais sous cette image, sous notre masque, se tapit le conflit. Un conflit perpétuel. Notre toile est un bouclier de pacotille qui ne nous protège pas, mais nous dissocie du monde.
[….] Si vous êtes dans une profession [comme c’est le cas de Paul dans L’AMANT DOUBLE] dont la fonction est de réparer les pots cassés, de recoudre les chairs blessées, de recueillir comme dans un vase les plus immenses souffrances, de grâce (!) ne faites pas semblant d’être un grand ou un puissant qui en a vu d’autres, ne cédez pas trop vite à l’invite des avides compagnies pharmaceutiques, soyez patient et réceptif. Sans perdre pour autant la raison, ayez le courage et l’humilité d’être touché et informé par ce que recèle de révélation la bouleversante nudité de l’être dévasté, désarmé, dépouillé. »
Dans la maison (2012)
J’ai introduit mon texte de chronique sur ce film par une citation du peintre Paul Klee… « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible », pour ensuite comparer la sensation que j’ai éprouvée après le visionnement du film à celle dépeinte par l’écrivain Gustave Flaubert à propos des livres qui ont eu le don de nous captiver.
Je cite Flaubert… « On peut juger de la beauté d’un livre, à la vigueur des coups de poing qu’il vous a donnés et à la longueur de temps qu’on met ensuite à en revenir » et commente ensuite les coups de poing reçus… « Pour vous donner une idée des ‘coups de poing’ que j’ai reçus en regardant ce film, je me contenterai d’une brève allusion au nombre de thèmes qui j’ai notés au cours des 98 minutes que dure le film : j’en ai noté – vous ne me croirez pas – près de 80. Mais ne craignez rien, car tout cela défile avec subtilité et finesse, nous laissant plus médusés qu’assommés! »
Pour rendre compte de l’impact du génie cinématographique d’Ozon et de sa complexe mais efficace incursion dans le champ de la psychanalyse, encore ici dans L’AMANT DOUBLE, je pourrais utiliser les mêmes citations!
Jeune et jolie (2013)
Sans penser au titre « Le frère d’Éros » que j’avais donné à mon premier texte du Ciné-psy sur un film d’Ozon, j’ai trouvé un titre parent pour mon texte sur le film Jeune et jolie, « Éros est un grand révélateur ». Comme quoi, si l’on fait une rétrospective des films du cinéaste, on peut y découvrir des filons thématiques qui caractérisent son œuvre. Ajoutons à cela le fait que l’héroïne de Jeune et jolie (Marine Vatch) est la même que celle que l’on retrouve dans L’AMANT DOUBLE. Ci-après, des extraits de mon texte du Ciné-psy sur Jeune et jolie…
« Isabelle [….] n’a que dix-sept ans et, comme tout adolescent-e de son âge, elle se trouve à mi-chemin entre une enfance relativement modelée par ses parents et un avenir d’adulte qu’il lui appartient maintenant d’orienter suivant son désir, dût-elle pour cela, défoncer des portes, transgresser des interdits et bouleverser autour d’elle un ordre que l’on voudrait à tout prix bien établi.
Son désir, oui! Un désir qui se doit de faire appel à la flèche d’Éros pour atteindre son objectif : conquérir sa place au soleil! Car Isabelle ne vit pas à une époque ni dans un monde où la femme doit se soumettre, se voiler, feindre d’admirer l’autre en-habit-masculin, quelle que soit la maturité ou le charisme de celui-ci. Aussi choisira-t-elle celui qui aura pour elle le mandat secret de la déflorer. Plus tard, sa mère lui dira : « Tu me rappelles que quand tu étais petite, tu rentrais toujours en sang, comme un garçon manqué! » Cette nuit-là de sa défloraison, Isabelle-en-sang aura le sentiment qu’elle a réussi : la voilà « femme », prête à tout affronter. [….]
Ce que l’on nomme insight (l’eurêka des chercheurs dans le domaine de la vie intérieure!) en psychothérapie ne peut surgir qu’au terme d’un long et patient travail sur soi, un travail qui ne peut faire l’économie d’obstacles à première vue insurmontables, de souffrances éprouvées comme trop grandes et injustes, d’échecs dont il faut parvenir chaque fois à se relever pour ne pas sombrer dans la dépression. L’insight n’est jamais sinon illusoirement le fruit d’un raisonnement : il est toujours le providentiel aboutissement d’une disposition en soi à accueillir ce qui fut rejeté, à se réconcilier avec l’autre. À la toute fin du film d’Ozon, vous verrez comment la JEUNE ET JOLIE Isabelle y parvient. Au printemps de sa vie! »
Hochelaga, Terre des âmes. Vincent Perez jouant Jacques Cartier.
On connaît maintenant la date de sortie d’Hochelaga, terre des âmes, une fiction historique produite pour souligner le 375e anniversaire de Montréal. Le film prendra l’affiche le 19 janvier prochain un peu partout au Québec. Rappelons que ce long métrage, réalisé par François Girard, a été sélectionné récemment pour représenter le Canada dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère pour les Oscars 2018. Parmi les 92 titres regroupés dans cette catégorie et représentant chacun leur pays d’origine (un record), 5 finalistes seront choisis et dévoilés par l’Académie le 23 janvier 2018.
La sélection d’Hochelaga comme candidat canadien étonne peu, l’œuvre, de par sa nature (du moins selon la rumeur), étant rassembleuse et porteuse d’un récit historique autour des colons de la Nouvelle-France, des Anglais et des Amérindiens. Mais ce choix s’inscrit bien sûr aux dépens de longs métrages plus audacieux et peut-être moins emblématiques de la culture canadienne comme Le Problème d’infiltration ou Ceux qui font la révolution… Malgré ce fait, dans la liste des productions francophones lancées depuis un an, peu de titres se démarquent puisque dans le contexte des Oscars, une comédie populaire comme De père en flic 2 n’a aucune chance d’être choisie. Oubliez également Les Affamés (nommé meilleur film canadien au festival de Toronto). Il a pris l’affiche trop tard tout comme La Petite Fille qui aimait trop les allumettes. Et si le film de François Girard a pu être admissible sans avoir pris l’affiche au Québec, c’est parce que le distributeur a cru bon de le sortir en salle à Médecine Hat en Alberta, au début de l’automne, afin de respecter les règles de l’Académie.
Happy End de Michael Haneke.
Revenons maintenant sur les chances du candidat canadien de s’infiltrer parmi les finalistes internationaux en janvier prochain. Hochelaga aura comme principaux rivaux Happy End (Autriche) de Michael Haneke, The Square (Suède) de Ruben Östlund, 120 battements par minute (France) de Robin Campillo, Le Fidèle (Belgique) de Michaël R. Roskam et First they Killed My Father (Cambodge) produit par Angelina Joli. Une place parmi les cinq finalistes est encore envisageable, mais la tâche sera ardue compte tenu du grand nombre de films en lice, de la qualité des œuvres susnommés et de la renommée de leurs réalisateurs. Ne serait-ce que pour le talent de François Girard, on se croise les doigts, et on a hâte, après les résidants de Médecine Hat, de découvrir à notre tour Hochelaga, terre des âmes. Rappelons que la 90e cérémonie des Oscars, quant à elle, se déroulera le 4 mars prochain.
Novembre, le mois des Morts, est des plus ravissants cette année en ce qui concerne la diversité des titres qui prendront d’assaut les écrans de cinéma. Riche et varié en longs métrages en tous genres, le calendrier nous permettra de voir des blockbusters comme le troisième volet des aventures du dieu scandinave Thor, La Ligue des justiciers réunissant la crème des superhéros de DC, une nouvelle mouture du Crime de l’Orient-Express avec Johnny Depp et Daisy Ridley, des biopics sur la chanteuse Barbara et sur Churchill, des longs métrages québécois comme Radius, Y’est où le paradis?, Radius et Nous sommes les autres, des films d’animation pour toute la famille comme The Star et Coco, des œuvres indépendantes signées Greta Gerwig (Lady Bird), Todd Haynes (Wonderstruck), Richard Linklater (Last Flag Flying) et Andy Serkis (Breathe) et qui, dans ce dernier cas, amènerait Andrew Garfield jusqu’aux Oscars. Essoufflant tout ça, et c’est sans compter les dix titres suivants, tous fort attractifs et à mettre selon moi en priorité dans votre agenda de sorties.
1- La Petite fille qui aimait trop les allumettes : Cinquième réalisation de Simon Lavoie (Le Torrent) qui adapte ici le singulier roman de Gaétan Soucy à la façon d’un Michael Haneke ou d’un Béla Tarr. Une œuvre achevée, âpre et troublante, tournée en noir et blanc, centrée sur une cellule familiale dysfonctionnelle. Une réussite pour les amateurs du genre.
The Florida Project
2- The Florida Project (Mon royaume en Floride) : La rumeur est excellente concernant ce deuxième long métrage de Sean S. Baker (Tangerine). À Orlando, une petite fille de six ans vit dans un motel avec sa jeune mère. En compagnie de ses amis, elle explore le voisinage situé à deux pas de Disney World, sous l’œil protecteur d’un employé du motel joué par Willem Dafoe.
3- Junior majeur : À nouveau réalisée par Éric Tessier, la suite du film Les Pee-Wee 3D met toujours en vedette Antoine Olivier Pilon en jeune hockeyeur qui rêve de faire carrière dans la Ligue nationale. Ici, il doit faire face aux intenses rivalités entre les équipes et les joueurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
4- Petit paysan : L’acteur français Swann Arlaud crève l’écran dans le rôle d’un jeune fermier prêt à tout pour sauver son troupeau alors que la maladie de la vache folle vient de s’attaquer à l’une de ses bêtes. Un drame français intimiste et touchant qu’il ne faut pas rater.
5- The Racer and the Jailbird (Le Fidèle) : Du réalisateur flamand Michaël R. Roskam (auteur de l’étonnant Bullhead), ce polar romantique haletant met en scène les excellents Matthias Schoenaerts (De rouille et d’os) et Adèle Exarchopoulos (La Vie d’Adèle).
6- The Killing of a Sacred Deer (La Mise à mort du cerf sacré) : Le Grec Yórgos Lánthimos ne fait pas les choses à moitié. Ses films déconcertent, déstabilisent, dérangent. Et il semble que ce nouvel opus ne fasse pas exception. Colin Farrell et Nicole Kidman jouent ici un couple avec enfants qui accueille un adolescent qui viendra férocement bouleverser leur petite vie embourgeoisée.
7- Sweet Virginia: En langage cinématographique, on parle ici d’un sleeper, soit d’un long métrage sorti de nulle part, suscitant une vive réaction positive dans tous les festivals où il a été présenté. Mettant en vedette l’excellent Jon Bernthal (The Punisher), Sweet Virginia raconte comment un tueur s’immisce dans la vie d’un propriétaire de motel. À classer dans la section des thrillers indépendants angoissants. Prions pour qu’il prenne l’affiche à Québec.
8- L’Amant double : François Ozon présente son offrande annuelle, une œuvre aussi tordue que certains de ses premiers films (Les Amants criminels, Gouttes d’eau sur pierre brûlante). Jérémie Rénier joue des jumeaux psychiatres, Marine Vacth, celle qui est déchirée entre ces deux hommes. Une réussite cinématographique située à mi-chemin entre les univers d’Hitchcock et de Cronenberg.
L’Amant double de François Ozon
9- Crise RH (Corporate) : Thriller à la française qui démontre toute la froideur clinique de la gestion des ressources humaines dans les grandes entreprises. Céline Sallette et Lambert Wilson jouent leurs partitions à merveille. Un film nécessaire, dénonçant le manque d’humanisme en milieu du travail.
10- The Square : Assurément l’un des cinq meilleurs films de 2017. Après Force majeure, le cinéaste suédois Ruben Östlund nous revient avec un récit où les malaises s’accumulent et se déploient au cœur d’un musée d’art contemporain et de la haute bourgeoisie qui le fréquente. Il se dégage de cette production une critique sociale aussi réjouissante qu’acerbe.
Des films de genre au Québec, surtout d’horreur, au Québec, il s’en fait peu. Robin Aubert, lui, ne s’en cache, adore ce genre. Le cinéaste et acteur vient d’ailleurs d’accoucher d’un long métrage survivaliste à la sauce zombies ayant pour titre Les Affamés (en salle depuis vendredi). Voici le résumé de ma rencontre avec Marc-André Grondin, acteur principal des Affamés, et avec son réalisateur, originaire de Ham-Nord dans les Cantons-de-l’Est, lieu de villégiature bucolique propice à un univers apocalyptique, là où le film s’est tourné.
Éditions Le Clap : Patrick Senécal, romancier spécialisé dans les récits d’horreur, a souvent dit que les subventionneurs (SODEC et Téléfilm Canada) sont très frileux quand il s’agit de financer des films d’horreur ou fantastiques. Est-ce toujours le cas?
Robin Aubert et un zombie
Robin Aubert : Oui, c’est encore difficile. Il faut avoir la couenne dure et en même temps, il faut demeurer optimiste quand un projet nous tient à cœur. Quand tout le monde s’entend pour dire que ton scénario est bon, bien la SODEC n’a pas le choix de suivre et finit par financer le film. C’est un peu ça qui s’est passé dans notre cas.
ÉLC: L’histoire est simple. On se retrouve à la campagne et des survivants tentent de fuir les zombies qui errent dans les champs et les boisées sans qu’on sache pourquoi ils sont devenus des affamés de chair vivante. Pourquoi avoir tourné en dehors de la ville, à Ham-Nord plus précisément?
RA : J’ai écrit le film là, dans ma grange. J’étais inspiré par les lieux. Je suis enraciné dans mon coin de pays, c’est là où j’ai grandi. Mes zombies, ce sont des gens du coin, ma famille, mes amis. Je voulais filmer cette ambiance-là et la montrer au cinéma.
ÉLC : Marc-André, vous jouez Bonin, le personnage central des Affamés. Un premier rôle québécois dans un long métrage de zombies, ça ne se refuse pas?
Marc-André Grodin : Quand tu te fais offrir un film de Robin Aubert, tu dis oui! Point. Peu importe le genre. Quand j’ai lu le scénario, je voyais que Robin mélangeait les genres, le film d’horreur, la comédie et surtout le drame réaliste. À la campagne, le zombie, c’est ton voisin, ta prof d’école, ton ami. Je trouvais ça fort intéressant comme situation.
Micheline Lanctôt et Marie-Ginette Guay
ÉLC : En plus, votre personnage, chose rare au cinéma, est entouré presque exclusivement de femmes. Marie-Ginette Guay, Micheline Lanctôt, Monia Chokris, Brigitte Poupart et la jeune Charlotte St-Martin jouent les autres rôles principaux.
MAG : Je m’en suis rendu compte lors du tournage. Ce sont des actrices fortes et j’étais très chanceux d’être entouré par elles. Bonin était au cœur d’une atmosphère matriarcale, des femmes courageuses qui prennent des décisions.
ÉLC: Pour Charlotte St-Martin qui joue la petite Zoé, ça a été facile de jouer dans une œuvre où les scènes sanglantes abondent?
RA : Elle est née pour être actrice. Elle était très concentrée. Elle n’avait que sept ans lors du tournage. Elle n’avait pas de jugement face à son jeu. C’était naturel. On apprenait en la regardant aller, c’était impressionnant.
MAG : Dès que le mot « action » se faisait entendre sur le plateau, elle devenait très sombre, elle devenait littéralement son personnage. C’était intense.
RA : Marc-André est aussi comme ça. La caméra l’aime, c’est chimique. C’est fantastique et moi, comme cinéaste, je n’arrive toujours pas à comprendre ce phénomène.
ÉLC : On n’a pas un long passé dans l’horreur au cinéma québécois. Pourtant, j’ai l’impression qu’on a des artisans de grande qualité de ce côté, autant pour les effets spéciaux que les explosions ou les maquillages. C’est vrai?
RA : Oui. Nos zombies étaient encore un peu humains. Ils n’étaient pas devenus des cadavres errants. Donc, il fallait quand même qu’ils aient l’air un peu humains, pas seulement cadavériques. C’était tout un travail. Pis j’avoue, j’adore voir du sang au grand écran. Le contraste avec le vert est frappant. On avait une équipe de grande qualité menée par Éric Gosselin qui a fait tout un travail pour rendre réalistes les blessures. Il apporte plein de détails pour que les plaies aient l’air vraies. Je voulais qu’on y croit et pour moi, c’est une réussite de ce côté.
ÉLC: Est-ce que Les Affamés peut plaire à un public qui n’est pas typiquement attiré par les films de peur?
RA : Je pense que oui. Partout où le film est présenté, la réaction est identique. Dans la salle, il y a un phénomène qui se produit, tout le monde y trouve son compte. Et le fait que plusieurs personnages ne soient pas des caricatures, ça crée une catharsis. On peut s’identifier à des personnages qui nous ressemblent et non à une greluche de service qui prend sa douche avant d’être assassinée comme on le voit trop souvent au cinéma.
MAG : Il y a aussi l’importance de l’humour qui permet de nous faire passer un bon moment, du moins pour ceux qui n’aiment pas trop avoir peur. Le rire et la peur, ça énergise, ça libère chimiquement quelque chose dans notre corps.
RA : C’est un film qu’il faut voir en groupe, il faut le vivre en même temps que d’autres personnes dans une même salle. Ça permet de se sentir moins seul au monde, de le vivre en gang, sans se demander pourquoi des êtres humains se transforment en zombies. On constate juste que tout le monde est un peu viré fou comme le président américain (rires).
Présenté dans le cadre de la 2e édition de La fête de l’animation au Cinéma Le Clap, Napping Princess est le plus récent long métrage de Kenji Kamiyama à qui l’on doit les (déjà) grands classiques “Eden of the East” et “Ghost in the Shell: Stand Alone Complex” : simplement à voir ces titres, on tremble déjà d’anticipation. Cette fois-ci, Kamiyama nous propose un film d’animation beaucoup plus léger aux allures du Studio Ghibli, saura-t-il tenir la comparaison?
Kokone Morikawa est une jeune étudiante vivant seule en région avec son père méchano. Elle rêve souvent qu’elle est l’héroïne de son conte pour enfant préféré, soit l’histoire de la sorcière Ancien qui peut insuffler la vie grâce à sa tablette magique. Son royaume, le Royaume de Heartland qui voue un culte à l’automobile est en péril alors qu’un énorme monstre apparait et détruit tout sur son passage.
Kokone vit également sa part d’aventure alors que son père est arrêté par la police à la demande du président d’une importante compagnie automobile et que de sinistres individus s’introduisent chez elle à la recherche de plans cachés. Grâce à l’aide de son ami Morio, Kokone tentera de sauver son père et les plans enfouis dans la tablette de sa mère. Le rêve et la réalité se mélangent pour former une aventure haute en couleurs!
Parlons-en de couleurs puisque le visuel est réellement sublime. Les transitions entre les passages plus fantastiques et plus réalistes sont jouées à la perfection et cela devient une force du film. Les personnages sont charmants comme l’ourson Joy qui a un petit je-ne-sais-quoi Ghibli-esque, les amateurs de Ni No Kuni y verront peut-être un allié à la Drippy ? Ce n’est pas le seul rapprochement que l’on peut faire, le combat entre le Colosse et les robots géants font beaucoup penser à des scènes de Neon Genesis Evangelion, mais cela n’est pas pour déplaire, loin de là.
Les personnages et leurs alter-ego se complètent bien et cela permet de cerner les enjeux de chacun rapidement. En Kokone Morikawa, nous avons un personnage fort, mais qui n’a pas peur de demander de l’aide en cas de besoin : la persévérance et l’entraide, deux valeurs fortes dans les mangas généralement, sont bien mises de l’avant encore une fois. Son côté « endormie » permet de lier les deux univers ensembles à merveille, tout en rajoutant un brin de folie.
Au final, Napping Princess est un très bon film, un digne représentant des classiques films d’animation japonais. Tout au long des 111 minutes du film, on nous raconte une histoire avec un message pertinent, véhiculé par un côté fantastique. Si la fin semble être allongée quelque peu, c’est le voyage du début à la fin qui est génial. Ne manquez pas votre chance de voir ce petit bijou.
En octobre, vous aurez l’occasion de découvrir le chouchou de Cannes, 120 battements par minute, film qui représenta d’ailleurs la France dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. La jeune actrice Noée Abita, formidable dans le drame intitulé Ava, devrait quant à elle vous épater tout comme les images conçues à partir des tableaux de Van Gogh dans l’enquête sur sa mort ayant pour titre La Passion Van Gogh. Enfin, les amateurs d’effets spéciaux se rabattront sur Geostorm en espérant que ce ne soit pas un film d’anticipation. Voici maintenant mes choix personnels, dix longs métrages à voir en priorité ce mois-ci.
– Blade Runner 2049 : Difficile de passer à côté. Pour certains, le premier est un véritable chef-d’œuvre de la science-fiction pendant que d’autres le voient comme un somnifère filmique aussi excitant qu’un jour de pluie de novembre. Au bout du compte, ce long métrage crée présentement de grandes attentes et on voit mal Denis Villeneuve (au sommet de son art) se planter avec ce blockbuster intello. Les premières critiques sont unanimes et en font l’un des meilleurs films de l’année. Et nous, on a bien hâte de revoir Harrison Ford dans le rôle de Deckard.
– The Mountain Between us (La Montagne entre nous) : Tiré d’un fait vécu, ce film alliant survie et romance met en scène les toujours excellents Kate Winslet et Idris Elba, luttant ici contre le froid et la faim après que leur petit avion se soit écrasé dans les montagnes enneigées du fin fond du Nord-Ouest américain.
– The Young Karl Marx (Le Jeune Karl Marx) : L’an passé, on a salué avec raison les talents de documentariste de Raoul Peck pour I Am not your Negro. Le cinéaste haïtien retourne maintenant à la fiction en se penchant sur la jeunesse de Karl Marx (au milieu du XIXe), au moment où ce dernier s’exile à Paris et y rencontre Engels. Leur amitié donnera lieu à l’écriture de leur célèbre Manifeste.
– Visages, villages : Âgée de 89 ans, Agnès Varda est toujours bien vivante et a fait le tour de la France profonde en compagnie du photographe JR dans ce documentaire qui semble aussi touchant qu’amusant. On s’attend à une bonne dose de bonheur rustique avec ce film humaniste.
– Sur la lune de nickel: Voilà un documentaire étonnant, aux images aussi belles que surréalistes, filmé dans une ville minière de la Sibérie, un lieu aux allures de cité futuriste désenchantée où jeunes et vieux se confient sur la dure réalité de la vie au quotidien à Norilsk, une ville créée par le Goulag, rescapée par l’exploitation du nickel. Et oh surprise! ça prenait bien un Québécois, François Jacob, pour tourner un tel film.
– The Snowman (Le Bonhomme de neige) : On connaissait le roman du Norvégien Jo Nesbo, voilà son adaptation pour le cinéma avec Michael Fassbender dans le rôle de l’inspecteur Harry Hole aux prises avec un tueur en série. J.K. Simmons et Charlotte Gainsbourg sont aussi au générique. Un incontournable pour les amateurs de thrillers scandinaves.
– Lucky : Ce long métrage, présenté récemment au Festival de cinéma de la ville de Québec, est l’occasion de voir Harry Dean Stanton dans son dernier rôle, lui qui nous a quittés le 15 septembre dernier à l’âge vénérable de 91 ans. L’acteur est de toutes les scènes de Lucky dans un récit intimiste dont le décor rappelle celui de Paris, Texas dans lequel il était inoubliable. En prime, on retrouve dans ce film testament des caméos formidables de Tom Skerritt, James Darren et David Lynch.
Les Affamés : Robin Aubert en compagnie de Marc-André Grondin
– Les Affamés : Robin Aubert s’adjoint les services de Marc-André Grondin et d’un trio pas piqué des vers formé de Micheline Lanctôt, Marie-Ginette Guay et Monia Chokri, tous plongé dans un récit de survie, à la campagne, là où les zombies batifolent dans les champs. Qui dit mieux?
–Pieds nus dans l’aube : Francis Leclerc porte à l’écran les écrits de son père Félix dans ce drame historique relatant l’enfance dans l’entre-deux-guerres du mythique poète et chanteur québécois. Images sublimes de la Haute-Mauricie en bonus.
– Suburbicon (Bienvenue à Suburbicon) : George Clooney réalise cette histoire écrite par les frères Coen et où Matt Damon joue un père de famille qui prend les moyens pour défendre ses proches face à des crapules sans scrupules au cœur d’une banlieue idyllique. Julianne Moore et Oscar Isaac complètent la distribution. On a vu pire générique, disons-le!
Ceux qui suivent l’arrivée des nouveautés québécoises en salle et qui s’intéressent le moindrement à la littérature d’ici auront sûrement remarqué le nombre élevé de romans québécois adaptés au grand écran cet automne ou destinés à l’être et au courant de 2018.
En effet, en cette rentrée automnale, les romans reprenant vie sous la forme d’un film sont nombreux et ont pour titres : Et au pire, on se mariera (écrit par Sophie Bienvenu, réalisé par Léa Pool), Salut mon roi mongol ! (Les Rois mongols, Nicole Bélanger, Luc Picard), Pieds nus dans l’aube (Félix Leclerc, Francis Leclerc, à l’affiche fin octobre), La Petite Fille qui aimait trop les allumettes (Gaétan Soucy, Simon Lavoie, à l’affiche début novembre) et Haine-moi ! (Ailleurs, Paul Rousseau, Samuel Matteau, entièrement tourné à Québec et qui sortira fin 2017).
Si tendance il y a de ce côté, elle semble vouloir se poursuivre en 2018 puisque sont annoncées les sorties d’Il pleuvait des oiseaux (Jocelyne Saucier, Louise Archambault), Mr. Roach (Rawi Hage, Guy Édoin) et La Chute de Sparte (Biz, Tristan Dubois). Si on regarde à plus long terme, de nombreux ouvrages sont en cours d’adaptation : Francis Leclerc planche sur Le Plongeur de Stéphane Larue, Podz sur Le Christ obèse de Larry Tremblay, Louise Archambault sur Tarmac (rebaptisé Hope), signé Nicolas Dickner, tandis que Sophie Bienvenu scénarise elle-même l’adaptation de son roman Chercher Sam.
Bref, de quoi faire saliver les lecteurs et les cinéphiles qui peuvent quand même être déçus par la transposition en images d’un univers au départ conçu autour de l’amour des mots. Dans tout ça, il faut aussi préciser que plusieurs réalisateurs et scénaristes adaptent très librement l’œuvre qui les inspire. Certains auteurs participent à l’écriture du scénario, d’autres préfèrent ne pas être liés au projet afin de s’en détacher. On a même vu des écrivains, comme Gaétan Soucy, choisir eux-mêmes le cinéaste (Simon Lavoie) chargé de la mise en images de leur roman (La Petite Fille…).
Cela dit, est-ce une tendance plus forte qu’à l’habitude? Difficile à dire, surtout que le cinéma québécois a toujours puisé çà et là dans sa littérature, et ce, depuis Un homme et son péché en 1949. Les cinématographies étrangères font de même depuis des lustres. Et quand l’adaptation est réussie, chose rare diront certains, c’est à la fois le milieu du livre et celui du septième art qui en profitent. À suivre.