La BBC s’est récemment amusée à dresser un palmarès des 100 plus grandes comédies de l’histoire du cinéma. 253 journalistes, œuvrant comme critiques de films, provenant de 52 pays différents, ont soumis leur palmarès personnel constitué de 10 œuvres afin de nourrir cette liste des chefs-d’œuvre de l’humour au grand écran.
Que peut-on retenir de cette liste? Commençons par la fin. Le long métrage en queue de peloton est The King of Comedy avec le regretté Jerry Lewis, ex-aequo avec un film qu’il a lui-même signé en 1961, The Ladies Man. Le premier volet de la série des Hangover, lui, arrive en 98e place, démontrant que l’on ne s’est pas uniquement attardée aux
Borat
comédies classiques lancées avant 1960. D’ailleurs, plusieurs films récents y ont trouvé une place dont les irrévérencieux et fort réussis Borat et Team America.
Les comédies les plus récentes sont l’excellent et trop méconnu What We Do in the Shadows (Nouvelle-Zélande, 2014) et Toni Erdmann (Allemagne, 2016) qui, dans ce dernier cas, est hélas l’un des rares films signés par une réalisatrice. La palme de la plus ancienne comédie du palmarès revient quant à elle à Sherlock Jr de Buster Keaton datant de 1924. Son rival, Charlie Chaplin n’est pas en reste puisque que quatre de ses films se glissent dans le top 100 (The Great Dictator, The Gold Rush, City Lights, Modern Times).
Des longs métrages conçus par les frères Zucker, Farrelly et Coen n’ont heureusement pas été oubliés mais on s’étonne, à l’inverse, de constater que Pulp Fiction occupe la 46e place, nous amenant à repenser ce qui fait l’essence même du genre cinématographique. À ce compte-là, C’est arrivé près de chez vous avec Benoît Poelvoorde y aurait eu aussi sa place. M’enfin…
Si la grande majorité de la liste est constituée d’œuvres américaines et britanniques, à l’international, on peut signaler la présence de films d’Almodóvar, de Fellini, de Jacques Tati et de Luis Bunuel. À l’opposé, l’absence de films provenant de la Russie, de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique du Sud est inquiétante. À ce compte, vous ne serez pas surpris d’apprendre que Cruising Bar, De père en flic et Elvis Gratton n’ont pas réussi à s’inscrire parmi la centaine de titres sélectionnés.
L’humour, on le répète, c’est souvent culturel, mais certains films font l’unanimité d’un pays à un autre. C’est le cas pour ceux des Monty Python. Mais parmi les classiques du rire, on s’étonnera de voir Le Dîner de cons placé aussi loin qu’en 79e position ainsi que l’absence totale de films mettant en vedette Pierre Richard et Louis De Funès, deux monstres sacrés de la comédie française.
Finalement, les trois grands gagnants sont dans l’ordre Annie Hall (3e place), Doctor Strangelove (2e place), et Some Like it Hot (palme d’or du palmarès). Des titres qui mettent en exergue le grand talent de Woody Allen, de Peter Sellers et de Billy Wilder pour provoquer le rire et nous faire oublier les tracas du quotidien.
La rentrée cinéma sera une fois de plus emballante cet automne. D’ici le 1er décembre, mois des films oscarisables, près de 70 films débarqueront sur nos écrans à Québec. Du côté québécois, nous aurons droit notamment aux adaptations de La Petite Fille qui aimait trop les allumettes et de Pieds nus dans l’aube. Peut-être aussi aux nouveautés signées par Xavier Dolan et Kim Nguyen, toutes deux tournées en anglais. Chez nos voisins du sud, nous verrons débarquer Bryan Cranston dans Last Flag Flying, Johnny Depp dans Murder on the Orient Express, Benedict Cumberbatch dans The Current War, Jessica Chastain dans Molly’s Game, Emma Stone dans The Battle of the Sexes et Julianne Moore dans Wonderstruck pendant que le troisième volet des aventures de Thor et le premier de la Justice League tenteront de rassembler les amateurs de superhéros.
À l’international, on voudra voir la sensation cannoise 120 Battements par minute, le film d’animation La Passion de Van Gogh, L’Amant double de François Ozon et le biopic sur la chanteuse Barbara mis en scène par Mathieu Amalric. Enfin, il y aura aussi au menu The Square (du Suédois Ruben Ostlund) avec Elisabeth Moss, The Killing of the Sacred Deer (du Grec Yorgos Lanthimos) avec Nicole Kidman, The Snowman adapté de Jo Nesbo avec Michael Fassbender, Call Me by Your Name du talentueux cinéaste italien Luca Guadagnino et la vie de Marie-Madeleine portée au grand écran avec Rooney Mara dans le rôle-titre. Ah oui, avec tout ça, j’allais oublier le lancement d’un petit long métrage de science-fiction, Blade Runner, la suite, réalisé par un certain Denis Villeneuve, un incontournable qui atterrira sur nos écrans début octobre.
D’ici là, pour patienter, voici les dix longs métrages à ne pas manquer en septembre :
– Retour en Bourgogne (Ce qui nous lie) : En traversant l’Atlantique, le nouveau film de Cédric Klapisch a changé de titre. Il nous raconte l’histoire de deux frères et d’une sœur, tous chargés de reprendre en main le vignoble familial. À voir en sirotant un verre de rouge!
– Mother! (Mère!) : Darren Aronofsky plonge dans le thriller avec ce long métrage anxiogène tourné à Montréal et regroupant au générique Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer et Ed Harris. La bande-annonce est mystérieuse et inquiétante.
– It(Ça) : Les rumeurs sont des plus positives pour cette seconde adaptation du roman de Stephen King, récit qui a marqué toute une génération sinon plusieurs. Ceux qui sont allergiques à l’image cauchemardesque du clown doivent s’abstenir. Définitivement, LE film d’horreur à voir cet automne.
– Les Rois mongols : Ici, Luc Picard adapte pour le cinéma le roman jeunesse de Nicole Bélanger et nous amène sur la route avec des adolescents téméraires en fugue, tout ça sur fond de crise d’Octobre et de chanson de Marc Hamilton.
– Et au pire, on se mariera : Le roman de Sophie Bienvenu était formidable. On s’attend donc à beaucoup du film qui en découle, réalisé par Léa Pool, mettant en vedette Sophie Nélisse dans le rôle d’une adolescente qui se voit déjà comme une adulte, amoureuse passionnée et trop intense.
– Kingsman: The Golden Circle (Le Cercle d’or) : Le premier a connu un succès surprise mondial. La bande-annonce de cette nécessaire suite est dynamique à souhait. Un film d’action destiné à tous les publics et coloré d’un humour à l’anglaise tonifiant. On y sera!
– Beach Rats (Bums de plage) : Voici un récit troublant dont les images et les personnages restent en mémoire. L’histoire est celle d’un jeune de Brooklyn qui passe ses journées à glander avec ses copains, surfant sur Internet le soir puis se baladant sur la plage la nuit à la recherche de sensations fortes. On pense à Beau Travail de Claire Denis et aux premières œuvres de Gregg Araki.
– American Assassin (Assassin américain) : Mitch Rapp est un agent de la CIA recruté et entraîné spécialement pour contrecarrer le mystérieux Ghost et sa menace nucléaire. Dylan O’Brien et Michael Keaton font équipe dans ce thriller d’espionnage haletant réalisé par Michael Cuesta.
– La Ferme et son État : Plusieurs documentaires sortiront ce mois-ci dont Rumble: The Indians Who Rocked the World, Et les mistrals gagnants et La Résurrection d’Hassan. La Ferme et son État, réalisé par le peintre et romancier Marc Séguin, nous amène à repenser l’agriculture et l’élevage de demain. Une œuvre essentielle qui, peut-on l’espérer, provoquera un virage à 180 degrés de nos façons de faire.
– Battle of the Sexes (La Guerre des sexes) : Emma Stone et Steve Carell enfilent les uniformes de champions du tennis qui se sont affrontés au milieu des années 70. Une comédie dramatique autour du féminisme et du plus beau des sports de raquette.
Un récent texte du site Internet spécialisé IndieWire relançait le débat sur le prix du billet de cinéma. Cette fois-ci, l’angle abordé était celui du prix pour voir un blockbuster hollywoodien par rapport à celui pour un film indépendant ou d’auteur. La question se pose mais le débat devrait ratisser plus large, car beaucoup d’éléments entrent en ligne de compte.
Actuellement, l’argent demandé pour un billet est grosso modo redistribué entre le producteur, le distributeur et le diffuseur d’un film. Il y a aussi les taxes qui sont comptabilisées. Un producteur investit de l’argent pour qu’un film voie le jour. Puis, un distributeur lui assure une visibilité dans un certain nombre de salles et de villes. Le diffuseur, lui, est le propriétaire des salles où on projette le film en question. À titre d’exemple, à Québec, Le Clap et l’Odéon sont des diffuseurs.
Actuellement, il y a déjà bien souvent une différence de prix notable pour voir un film américain à grand déploiement comparé à un film québécois ou étranger. De façon presque systématique, en soirée, on impose le coût de la technologie 3D et des lunettes cheap qui vont avec lors de l’achat d’un billet pour voir un blockbuster rempli d’effets spéciaux, et ce, même si le long métrage n’a pas été filmé en 3D et qu’il ne profite que d’effets de profondeur et de relief ajoutés en postproduction. Un bonus qui ne séduit présentement personne.
Il faut également se poser la question suivante. Un film qui a coûté moins cher à produire doit-il se vendre moins cher une fois rendu en salle? Si oui, à l’inverse, exiger un prix plus élevé pour voir les grosses productions serait vu comme une forme de taxes à effets spéciaux. Est-ce logique, voire acceptable? Dans l’industrie du spectacle musical, oui. La politique est déjà en place et on a pu remarquer un bon spectaculaire du prix des billets pour les mégashows, et ce, depuis plusieurs années alors qu’à l’inverse, le prix du billet de cinéma a peu augmenté durant les trois dernières décennies.
Une sortie au cinoche demeure encore l’une des plus abordables comparée à une sortie pour un concert, une partie de hockey ou une pièce de théâtre. Au cinéma, le stationnement est presque assurément gratuit, du moins à Québec et Lévis. Le seul bogue côté portefeuille, c’est bien l’achat de l’inévitable et onéreux combo familial pop-corn-liqueur-sucrerie. Il faut aussi dire que la réflexion entourant le coût d’une sortie au cinéma prend peu à peu une autre direction, soit celle d’une carte d’abonnement. Au Québec, Le Clap fait figure de précurseur de ce côté avec l’Abonne-Clap et on voit l’idée faire du chemin tranquillement chez nos voisins du sud. Un abonnement annuel, valide dans la plupart des cinémas chez l’oncle Sam ramènerait-il une clientèle égarée? C’est du moins un modèle qui en séduit plus d’un au sein de l’industrie qui, il ne faut se le cacher, fait présentement de l’urticaire face au développement de marché à l’échelle mondiale de Netflix. À suivre.
On n’aperçoit aucun réel nouveau « blockbuster »sur le radar pour le mois d’août. Toute la place est laissée à des œuvres plus singulières, au cinéma indépendant américain, aux productions étrangères ou à d’autres plus marginales dans leur facture. Et c’est tant mieux! Donc, à venir sous le signe du lion, des réalisations signées par Bigelow, Soderbergh, Kusturica, Robert Morin, etc. Alléchant programme de fin d’été.
1-A Ghost Story (Une histoire de fantôme) : Voilà un drame fort intrigant mettant en vedette Casey Affleck (Manchester By The Sea) et Rooney Mara (Carol). Bien qu’associé au cinéma d’horreur fantastique de par sa thématique, il semble que ce film onirique se distingue agréablement par son regard sur le temps qui passe et notre rapport à l’univers.
2-Detroit : Après s’être intéressée à la guerre et au terrorisme, Kathryn Bigelow nous plonge à Detroit en 1967 pour reconstituer un événement sombre de la récente histoire des États-Unis, celle des funestes émeutes raciales survenues dans la ville de l’automobile. En résulte un film sous tension, et ce, durant 2h20, et dont le coeur est constitué d’une heure insoutenable où règne l’abus de pouvoir de quelques cruels policiers hors de contrôle. Incontournable !
3-On The Milky Road(L’Amour et la paix) : On attend depuis longtemps le grand retour au cinéma d’Emir Kusturica (Le Temps des Gitans, Underground). Sera-ce le cas avec cette nouvelle offrande centrée sur une histoire d’amour en période de guerre ? En vedette, Monica Bellucci et le cinéaste serbe dans les deux premiers rôles, et des images teintées de réalisme magique sur fond de décors balkaniques, musique exotique à l’appui, qui nous font déjà saliver.
4-The Dark Tower (La Tour sombre) : Ça fait un bail qu’on parle de l’éventuelle adaptation de cette saga littéraire signée Stephen King. C’est maintenant chose faite. Matthew McConaughey et Idris Elba se trouvent au cœur de ce western fantastico-apocalyptique tourmenté. On est curieux du résultat.
5-Good Time : La rumeur cannoise est unanime : voici un thriller exécuté de main de maître par les frères Safdie. Un polar qui débute par un braquage, qui tourne mal et qui sera suivi d’une nuit d’insomnie shootée aux rebondissements de toutes sortes. Robert Pattinson y trouve son meilleur rôle à vie, selon les critiques.
6-The Glass Castle (Le Château de verre): Du côté des drames intimistes à saveur biographique, on aurait pu aussi opter pour Menashe. The Glass Castle, lui, relate les souvenirs de Jeannette Walls (Brie Larson), une Américaine qui a vécu de façon nomade son enfance, entourée de parents (Naomi Watts et Woody Harrelson) bohèmes excentriques, aussi endettés qu’immatures.
7-Sage Femme : Il y a évidemment deux bonnes raisons d’aller voir ce film de Martin Provost (Séraphine) : Catherine Deneuve et Catherine Frot, deux des meilleures actrices françaises. La première joue l’ex-belle-mère qui revient subitement dans la vie de la seconde, fille de l’homme qu’elle avait quitté sans crier gare. Plaies ouvertes non cicatrisées, non-dits et surtout, une qualité de jeu remarquable de la part des Catherine, sont le cœur et l’âme de cette œuvre sincère et touchante.
8-Logan Lucky (Le Destin des Logan) : J’adore quand Steven Soderbergh nous concocte une œuvre à mi-chemin entre le film de genre et la comédie et qu’il y insère son lot de gueules patibulaires. Dans ce registre, Daniel Craig est ici méconnaissable en tête brûlée sortie de prison. Voilà un polar estival barjo sur fond de course NASCAR.
9-La Confession: Après le troublant Made in France, portant sur le djihadisme, Nicolas Boukhrief nous arrive avec sa propre version de Léon Morin, prêtre, roman déjà adapté au cinéma en 1961 par Jean-Pierre Melville. Romain Duris et Marine Vacth se donnent la réplique dans ce drame historique où une passion refoulée nourrit un récit se déroulant (encore) sous l’Occupation.
10-Le Problème d’infiltration : Robert Morin aime quand ça grafigne. Dans sa nouvelle réalisation, le cinéaste met en scène Christian Bégin (formidable et inquiétant) dans le rôle d’un chirurgien égoïste, sur le fil du rasoir, lui qui en 24 heures verra son petit royaume se désintégrer peu à peu. Voilà un film dur, provoquant et acerbe, qui tape fort sur l’image du parvenu contrôlant dont la réussite et le bonheur ne tiennent qu’à un fil.
Patrice Robitaille n’a plus besoin de présentation. Depuis que le grand public l’a découvert dans les premiers films de Ricardo Trogi (Québec-Montréal, Horloge biologique), on le voit partout, sans jamais se lasser, que ce soit sur scène (Cyrano de Bergerac), au petit (Victor Lessard) ou au grand écran (Le Mirage). Cet été, on aura l’occasion de le remarquer à nouveau dans De père en flic 2 où il joue le rôle de Martin Germain, bras droit du chef de la mafia. Germain et sa compagne (jouée par Julie Le Breton) doivent suivre une thérapie de couple, surveillés par un duo d’agents doubles (Louis-Josée Houde et Karine Vanasse) en mission spéciale, tous sous la supervision de Jacques (Michel Côté) en thérapeute improvisé.
De passage à Québec pour la promotion du film, Patrice Robitaille est revenu sur son parcours, son désir de percer dans le métier voilà vingt ans et aussi sur l’art parfois indicible de la comédie au cinéma.
Éditions Le Clap : On ne peut sûrement pas refuser un rôle dans une réalisation comme De père en flic 2, la suite d’un des plus grands succès du cinéma québécois, mais avez-vous quand même pris le temps de lire le scénario avant de vous lancer dans l’aventure?
Patrice Robitaille : C’est sûr que je lis le scénario, par acquit de conscience, mais dans ce cas-là, effectivement, ça aurait vraiment pris un conflit d’horaire pour que je refuse le rôle. Tourner un film au Québec, c’est encore aujourd’hui un privilège immense. Il y a des comédiens qui font du théâtre ou de la télé, mais qui n’ont pas eu la chance de faire du cinéma. Moi, je fais les trois et je me trouve très chanceux. Faire un film, j’adore ça. Le cinéma, pour moi, ça a quelque chose à voir avec la pérennité. Ça s’inscrit dans ce que nous sommes. En plus, avec De père en flic 2, je savais qu’on allait être une super belle gang réunie en tournage dans les Laurentides (Val-David). Y a pire mettons!
ÉLC : Faire une comédie au Québec et espérer le succès à la fois des critiques et du public, ça semble parfois utopique non?
PR : C’est sûr. Quand un drame se plante, on dit que les gens n’ont pas compris, mais une comédie, ça repose sur des goûts encore plus subjectifs. Les différents types d’humour ne plaisent pas à tout le monde. Je n’ai pas de bogues avec les critiques qui apprécient moins le genre sauf que si le problème c’est eux qui ne trouvent pas ça drôle, alors que ça fait rire un tas de gens… C’est comme Mad Max, le remake, j’haïs ça ces films-là. Mais un ami, fan fini de ce genre, m’a forcé à le voir. Puis j’ai été capable de dire que c’est un bon film même si ça ne me rejoint pas. Les critiques, eux, quand ils ne rient pas, ils ont souvent de la difficulté à avouer que la comédie peut plaire à un public précis.
ÉLC : Justement, vous, qu’est-ce qui vous fait rire au cinéma?
PR : Ça a l’air bizarre de dire ça, mais je ne consomme aucune comédie. Ni de drame d’ailleurs. Je travaille beaucoup, j’ai une vie de famille, alors quand j’ai du temps, je regarde des documentaires et du sport. Ça me relaxe. Regarder des fictions, ça me ramène trop à mon métier et là j’analyse tout et je me pose trop de questions. Mais quand j’étais jeune, j’ai trippé sur Seinfeld, sur Eddie Murphy aussi. J’ai adoré Pierre Richard dans La Chèvre et encore plus dans C’est pas moi, c’est lui, pour moi son meilleur film. Si je n’ai pas vu ce film-là 200 fois, je ne l’ai pas vu. Je connais toutes les répliques par cœur.
ÉLC : Je reviens au scénario de De père en flic 2. À sa lecture, saviez-vous un peu ce qu’allait donner le film une fois terminé?
PR : Oui, en gros. Je n’avais pas de crainte. Quand on lit un scénario, habituellement, on sait pas mal si ça fonctionne ou non. Et je suis assez bon là-dedans. Le malaise, après la lecture, c’est quand on se demande à qui le film s’adresse. Là, ce n’était pas le cas, mais ça m’est déjà arrivé deux fois et c’était assez bizarre. Cela dit, le scénario de De père en flic 2 était très différent de ce qu’on voit à l’écran. Le film, au final, est très bonifié par le montage et aussi par les scènes ajoutées ou ajustées lors du tournage. Émile (Gaudreault, le réalisateur) réécrit beaucoup pendant le tournage. Il y a eu de nombreuses versions du scénario, la version jaune, la version bleue. On est même allé jusqu’à la version verge d’or (NDLR : expression qui se passe de commentaire). Bref, il y a des scènes qui changeaient rapidement, c’était en constante évolution au quotidien. Émile tourne beaucoup de scènes et beaucoup de prises, tellement que le fun du début fait peu à peu place à un acte de foi envers le réalisateur. Mais la confiance était là pour tout le monde, car on savait qu’au montage, ça allait prendre forme. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il ne faut pas juste se fier à un scénario quand on embarque dans un projet.
ÉLC : Que retenez-vous de cette aventure? Ça vous a permis de faire de nouvelles rencontres professionnelles, car la distribution est fort imposante?
PR : Tout à fait. Le tournage m’a permis de rencontrer professionnellement Yves Jacques et Karine Vanasse. Quand j’étais ti-gars à Loretteville, je regardais Poivre et sel avec Yves puis peu après les Bye Bye où il faisait Mulroney. Je trippais. Comme Marc Messier et Michel Côté, il fait partie de ceux qui m’ont donné envie de faire ce métier. Ces acteurs-là, c’est des références parce qu’ils perdurent dans ce métier, ils ont des carrières. Karine, elle, je n’avais jamais eu l’occasion de lui donner la réplique et j’ai adoré son énergie et sa générosité comme partenaire.
ÉLC : Jeune, bien avant de devenir l’orgueil de Loretteville, étiez-vous confiant de réussir dans le métier comme acteur?
François Étourneau et Patrice Robitaille dans Cheech
PR : Oui! Ce métier, il faut y croire dès le départ et j’y croyais. Sinon, ça ne peut pas marcher. Ça semble naïf, mais c’est ça. Et à partir du moment où j’ai été accepté au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, on était 500 et ils en ont pris neuf dont moi, là j’y ai sérieusement cru. Durant mes trois ans là-bas, mes profs n’ont pas essayé de dénaturer l’acteur que j’allais devenir. Ça demeure trois des plus belles années de ma vie. Mes enseignants, Normand Chouinard, Carl Béchard et Benoît Dagenais, étaient très sensibles à la comédie, à l’humour. Ils ne dépréciaient pas le genre et ça rejoignait qui j’étais. Je suis rentré au meilleur moment pour apprendre mon métier, et ce, après avoir fait deux ans à l’Université Laval en pensant devenir concepteur publicitaire. Mais j’ai passé l’audition, j’ai été accepté. Ricardo Trogi est venu me rejoindre à Montréal, il revenait de la Course destination monde et il s’est installé à côté de mon appart. On s’est nourri l’un de l’autre et ça a contribué à me donner confiance. François Létourneau, aussi de Québec, est arrivé un an plus tard au Conservatoire. C’était le début de nos carrières, on y croyait tous. De père en flic 2, à l’affiche dès le 13 juillet au Clap.
Juillet, mois de vacances, représente habituellement une période très lucrative pour Hollywood qui en profite pour lancer de grosses productions. Ce sera encore le cas cette année bien que plusieurs films de genre de grande qualité se pointeront le bout du nez dans le calendrier afin de satisfaire les fines bouches cinéphiles. Bref, voici dix titres à surveiller ce mois-ci :
1- Valérian et la cité des mille planètes : Luc Besson fait un retour à la science-fiction comme réalisateur avec cette adaptation de la célèbre série de BD. Sa production, fort coûteuse, sera-t-elle à la hauteur de son Cinquième élément? La bande-annonce, elle, promet déjà un pur ravissement interplanétaire pour nos yeux!
2- War for the Planet of the Apes(La Guerre de la planète des singes) : J’ai hésité entre ce nouveau volet du reboot futuro-simiesque ou le nouveau Spider-Man pour ce palmarès. Dans les deux cas, la rumeur est favorable. Cela dit, le film du superhéros souffre d’être le premier d’une troisième franchise impliquant l’Homme-araignée… Ça devient lassant, alors, allons-y donc pour la nouvelle réalisation de Matt Reeves venant clore une série dystopique toujours aussi dérangeante.
3- Django : Reda Kateb est présentement l’un des meilleurs acteurs français. Le voir interpréter l’une des plus grandes pointures du jazz est un pur bonheur même dans le contexte dramatique de l’Occupation. Le guitariste au doigté unique, Django Reinhardt, prend vie au grand écran à l’aide d’une mise en scène élégante, sensible et respectueuse autant de l’esprit manouche que du milieu jazz du milieu du XXe siècle.
4- De père en flic 2 : Difficile d’ignorer dans cette liste la comédie d’Émile Gaudreault alors que le premier avait fait exploser le box-office et que les attentes pour le second sont énormes pour les propriétaires de salles et les bonzes de l’industrie du cinéma québécois. Côté et Houde sont de retour en thérapie, entourés d’une brochette savoureuse de comédiens populaires et talentueux, de Yves Jacques à Julie Le Breton en passant par Patrice Robitaille et Karine Vanasse.
5- Tokyo Idols : Aux côtés des Nuits blanches du facteur de Kontchavloski, de Weirdos du Canadien Bruce McDonald et de Manifesto (Cate Blanchett y joue de multiples personnages), Tokyo Idols se démarque parmi les œuvres plus audacieuses et sensibles de ce mois. Le documentaire explore le phénomène et le succès de jeunes Japonaises, vedettes instantanées du milieu du spectacle, qui émoustillent la gent masculine, fantasmant devant ces écolières nymphettes nippones. Troublant!
6- Atomic Blonde : Après Mad Max, Charlize Theron pourrait une fois de plus se démarquer dans un long métrage où l’action ne manquera pas. Ici, elle endosse l’uniforme d’une espionne britannique redoutable, prête à tout pour remplir sa mission berlinoise. La bande-annonce est à couper le souffle.
7- The Big Sick (Mal d’amour) : Cette comédie romantique lancée à Sundance se classe déjà parmi les meilleurs films de l’année selon plusieurs sites spécialisés. Le récit, autobiographique, relate la romance naissante entre Kumail, comédien et stand-up, et Emily, une aspirante actrice atteinte d’une étrange maladie, et ce, alors que la famille pakistanaise et musulmane du premier voit d’un très mauvais œil leur relation.
Binoche, Luchini et Bruni Tedeschi dans Ma Loute
8- Ma Loute : Se déploient dans cette comédie policière Fabrice Luchini, Valeria Bruni Tedeschi et Juliette Binoche comme vous ne les avez jamais vus, en bourgeois précieux, entourés d’acteurs non professionnels qui semblent sortis d’une BD loufoque. Une œuvre surréaliste, déstabilisante, orchestrée avec intelligence par Bruno Dumont (P’tit Quinquin).
9- The Beguiled : Le nouveau Sofia Coppola est une version revisitée du film Les Proies (1971) avec Clint Eastwood. Colin Farrell et Nicole Kidman dominent une distribution presque entièrement féminine dans ce western qui vient tout juste d’obtenir le prix de la mise en scène au Festival de Cannes. N.B. : la sortie à Québec a été retardée au 7 juillet.
10- Dunkerque : Christopher Nolan réalise une œuvre historique ambitieuse, aux images aussi belles que terrifiantes, relatant l’opération de sauvetage démesurée des troupes britanniques survenue dans le nord de la France en 1940. La bande-annonce parle par d’elle-même.
Christian Duguay est un cinéaste polyvalent et talentueux dont la carrière est difficile à résumer tellement il a un peu touché à tout. Un cheminement et des réalisations qui demeurent encore jusqu’à aujourd’hui trop méconnus du public québécois.
C’est au début des années 90 que Christian Duguay se fait un nom en réalisant Scanner II et Scanner III, les suites du classique de David Cronenberg, et ce, avant de se faire les dents sur différents drames d’action comme The Assignment et The Art of War. Puis, on le retrouve aux commandes de mini-séries fort réussies et ambitieuses comme Hitler : la naissance du mal, Human Traffiking et Jeanne d’Arc avant de mieux le voir revenir vers le cinéma avec Jappeloup et le second volet des aventures de Belle et Sébastien sorti l’an passé.
Christian Duguay, réalisateur.
Le réalisateur, qui partage désormais son temps entre Prague, Paris et Montréal (ville d’où il est originaire), était récemment de passage à Québec pour faire la promotion d’Un sac de billes. Sa plus récente réalisation est une œuvre biographique touchante, une sorte de road movie porté par le jeu sensible de deux jeunes acteurs, Dorian Le Clech et Batyste Fleurial Palmieri.
Un sac de billes, c’est l’histoire véridique de Maurice et de Joseph Joffo, les deux plus jeunes frères d’une famille juive, envoyés sur les routes de France par leurs parents en direction du sud du pays afin d’échapper aux nazis lors de l’Occupation. Voici ce qu’avait à dire le cinéaste à propos de son film qui a rassemblé 1 300 000 spectateurs en salle lors de sa sortie en France.
Éditions Le Clap : Christian, qu’est-ce qui vous a motivé à embarquer dans la production de ce film à saveur historique?
Christian Duguay : Bien, c’est entre autres parce qu’on y retrouve un message encore très actuel sur l’importance de la vie, sur les dommages qu’entraîne la guerre surtout quand on pense à ce que vivent les Syriens présentement, aux familles déracinées qui, exilées, tentent de survivre. Aussi, c’était un récit qui permettait de raconter une histoire forte, mais du point de vue des deux jeunes frères. Sous le couvert du drame, de l’Occupation, on reste avec des bulles d’innocence, de fraîcheur par leurs regards d’enfants.
ELC: Justement, vos deux jeunes acteurs sont tout simplement formidables. Si ce n’était pas le cas, le film en souffrirait, car ils sont presque de toutes les scènes, non?
CD: Tout à fait. Cette aventure n’aurait jamais existé sans eux, sans le talent qu’ils déploient à l’écran. Et il fallait que le courant passe entre eux. Un gros travail a été fait sur le plateau pour travailler le registre de leurs émotions, et ce, sans qu’ils tombent dans les pièges habituels et en se répétant d’une scène à l’autre. Patrick Bruel et Elsa Zylberstein, qui jouent leurs parents, les ont très bien encadrés pour apporter cette authenticité. C’était un exercice ardu, mais une expérience fantastique. Il y avait de l’amour partout durant le tournage.
ELC: Des dizaines et des dizaines de films ont parlé de l’Occupation. Avait-on encore besoin de replonger dans cette période sombre de la France?
CD : Un sac de billes, c’est un devoir de mémoire et il est important que les nouvelles générations se rappellent, prennent conscience de ces atrocités. Au départ, c’est un livre qui s’est vendu à 20 millions d’exemplaires et qui a marqué bien des générations de jeunes Français. L’auteur Joseph Joffo est toujours vivant et il n’avait pas du tout aimé l’adaptation que Jacques Doillon avait réalisée au début des années 70. Il m’a dit « je compte sur vous Christian, et j’aimerais que vos images soient ma récompense ». J’espère avoir répondu favorablement à son message. Le moment est bon pour ça, c’est le temps de se rappeler, nous devons porter ce genre de message d’amour pour éviter que ça ne se reproduise.
ELC : Les reconstitutions historiques, les films à costumes et aux décors d’époque, ça ne vous pas peur on dirait. Vous semblez être à l’aise dans ce genre de productions qui demandent beaucoup de recherche artistiquement?
CD: C’est vrai que j’en ai fait plusieurs comme Hitler: la naissance du mal et Jeanne d’Arc. Avec mon expérience, je n’ai plus vraiment de craintes à mettre en scène ce genre de longs métrages et les producteurs me font confiance. Je tourne beaucoup à Prague, en Lituanie ou à Budapest, des lieux qui permettent de mettre en scène le Paris de jadis et qui coûtent moins cher lors des tournages.
ELC : Vous êtes Québécois et vous filmez des productions françaises, voire internationales, à Prague où vous résidez en majeure partie. Vous sentez-vous un peu comme un artiste apatride?
CD : Non, car je garde un pied-à-terre à Montréal et en tournage j’amène le Québec avec moi. Mes films sont presque toujours des coproductions québécoises, comme Un sac de billes. Mes équipes m’accompagnent dans tous mes projets en travaillant sur les effets spéciaux, le montage sonore, etc. C’est devenu un prérequis pour moi. Et si je peux faire travailler des gens de plusieurs pays, c’est toujours un plus. Ça devient un échange de talents, un mariage de cultures essentiel pour faire un bon film.
ELC : Vous planchez actuellement sur l’adaptation de la série de sept bandes dessinées de Loisel et Tripp, Magasin général. Ce sera inévitablement un autre flm d’époque. Où en êtes-vous avec ce projet?
CD : Je coécris le scénario avec Benoît Guichard avec lequel j’ai travaillé sur Un sac de billes. C’est un récit savoureux situé dans les années 20. Un Français débarque dans un petit village québécois, en plein hiver. Les hommes sont dans le bois et la veuve, qui tient le magasin général, tombe amoureuse du bel étranger. Cependant, ce dernier est plutôt attiré par le curé du village. Ils deviennent amis, ouvre un resto et bousculent bien sûr les dogmes, les mœurs de l’époque. L’intérêt des producteurs est là et mes récents succès en salle aident beaucoup à obtenir du financement. Je vois les portes s’ouvrir. Tellement, que j’ai remis en marche mon projet de film biographique sur la vie de Gilles Villeneuve (le défunt pilote de formule 1). Ça fait longtemps que je veux faire ce long métrage et je vais le faire! Un sac de billes prendra l’affiche au Québec le 16 juin prochain.
Juin sera teinté cette année des couleurs animées de Captain Underpants, Despicable Me 3 et Cars 3. Aux guichets, le nouvel opus des Transformers (pas encore!), Tom Cruise luttant contre une momie (risky business) et Wonder Woman (zzzz…) tenteront de gagner la faveur populaire. Mais au-delà de ces titres, fort ou peu recommandables, en voici dix autres qui, en juin, nous donneront l’occasion de s’engouffrer avec bonheur dans une salle de cinéma!
1- Tanna : Visuellement, voici possiblement le plus beau film de l’année. Tourné sur une île volcanique du Pacifique, ce récit à la Roméo et Juliette version aborigène a tout pour séduire, pour émouvoir et pour dépayser! À voir absolument sur grand écran.
2- It Comes at Night : Une famille se terre dans une demeure dans les bois alors que la race humaine est en danger. Mais leur tranquillité sera éphémère lorsque des réfugiés frapperont à leur porte et attiseront une force maléfique tapie dans la forêt. Voici un thriller apocalyptique qui mise sur une ambiance anxiogène et sur Joel Edgerton en père de famille prêt à tout pour sauvegarder les siens. On achète.
3- Monsieur & Madame Adelman : Derrière chaque grand homme se cache une femme. Voilà la prémisse de cette comédie touchante, réalisée par Nicolas Bedos se mettant en scène aux côtés de sa compagne, l’excellente Doria Tillier dans cette histoire de couple s’étalant sur plus de 40 ans. Un long métrage à l’humour fin, offrant un formidable duel d’acteurs.
4- Le Passé devant nous : Très présente au petit écran dans Trop et Orphan Black, Évelyne Brochu est aussi la tête d’affiche de deux longs métrages ce mois-ci : Miséricorde et Le Passé devant nous. Dans le premier, elle est une camionneuse remplie de remords. Dans le second, elle offre ses services en tant qu’escorte et voit retontir dans sa vie son jeune fils oublié. De beaux rôles pour cette actrice encore sous-estimée.
5- Churchill : En juin 1944, Winston Churchill et ses alliés préparent le débarquement de Normandie qui sonnera le glas des troupes allemandes. Ce biopic donne toute la place au talent de Brian Cox qui incarne avec panache cet homme politique britannique qui a marqué son époque!
6- The Bad Batch : Pour l’instant annoncé uniquement en sortie restreinte aux États-Unis, cet ovni filmique met en scène Jason Momoa, Keenu Reeves et Jim Carrey dans une romance survivaliste sur fond de cannibalisme texan. Intrigant!
7- Beatriz at Dinner : Salma Hayek se retrouve comme thérapeute au grand cœur dans ce drame racontant comment une Mexicaine prend le mors aux dents lors d’un dîner mondain où certains invités, parvenus à souhait, prolifèrent des propos déplacés, hautains, voire haineux. Un film « trumpien » selon la rumeur.
8- The Beguiled : Le nouveau Sofia Coppola est une version revisitée du film Les Proies (1971) avec Clint Eastwood. Colin Farrell et Nicole Kidman dominent une distribution presque entièrement féminine dans ce western qui vient tout juste d’obtenir le prix de la mise en scène au Festival de Cannes.
9- La Communauté : J’aime beaucoup les films du Danois Thomas Vinterberg (Festen, La Chasse, Submarino). Ici, il nous met face aux désillusions de gens qui espéraient trouver le bonheur en vivant à l’intérieur d’une commune dans les années 70. Évidemment, la joie du « vivre ensemble » sera de courte durée.
10- Un sac de billes : Christian Duguay signe la réalisation de cette touchante histoire à saveur biographique relatant la fuite de deux jeunes frères juifs sur les routes de France lors de l’Occupation. Patrick Bruel, Elsa Zylberstein et Christian Clavier sont aussi au générique. Voici d’ailleurs la bande-annonce de ce drame historique :
Le cinéma d’horreur fascine les uns, horripile les autres, ne laissant personne indifférent. Pour ceux qui, comme moi, sont attirés par ces films aux univers glauques, baignant dans l’effroi, l’hémoglobine et mettant en scène des créatures maléfiques ou de malaisants psychopathes, voici cinq titres qui se démarquent parmi ceux à venir au calendrier et qui, on l’espère, prendront l’affiche ici au cours des prochains mois. Des titres, dont deux québécois, qui feront suite à Alien-Covenant, It Comes at Night et A Ghost Story qui, misant eux aussi sur l’horreur, prennent l’affiche cet été.
– Les Affamés : Avec ce nouveau film, Robin Aubert se lance dans l’univers des zombies, y dirigeant Marc-André Grondin, Monia Chokri, Micheline Lanctôt et Édouard Tremblay-Grenier (Les Démons) dans un drame survivaliste qui suit un petit groupe de personnes tentant d’atteindre un lieu sûr alors que des hordes de zombies envahissent la province. Malgré sa trame classique pour le genre, on y croit et on a hâte de voir le résultat!
– It (Ça) : Autant le livre de Stephen King que le téléfilm, tourné en deux parties en 1990, ont marqué les esprits. It est de retour sous la forme d’un long métrage dont la bande-annonce affole déjà les aficionados. Dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, des enfants disparaissent mystérieusement entraînant un groupe de sept jeunes à se former après que, les uns après les autres, ils eurent tous été confrontés à d’horribles phénomènes. Un second volet, avec les enfants devenus adultes, est bien sûr en préparation.
– Suspiria : On connaît le classique de 1977 signé Dario Argento, voici qu’une nouvelle version est en tournage. Réalisé par l’Italien Luca Guadagnino (Amore, A Bigger Splash), Suspiria 2017 mettra en scène Tilda Swinton (déjà présente dans les deux précédents films du cinéaste) et Dakota Johnson (Fifty Shades of Grey). Elles y joueront respectivement une directrice d’une école de danse berlinoise et Suzy, une apprenti danseuse qui apprend que deux étudiantes ont été sauvagement assassinées pendant la nuit et comprend que l’école est le théâtre de phénomènes aussi curieux qu’inquiétants. Thom Yorke (chanteur de Radiohead) composera la trame sonore du film.
– Blood Quantum: Réalisé et scénarisé par Jeff Barnaby, Blood Quantum vient tout juste d’obtenir le financement de production de la SODEC. Le résumé va comme suit : les morts-vivants envahissent la réserve isolée de Red Crow, appartenant à la tribu Mi’gMaq. Seuls les Amérindiens sont immunisés contre la peste zombie. Un policier local doit alors protéger la petite amie enceinte de son fils, les laissés-pour-compte et de nombreux réfugiés, tous menacés par des hordes de cadavres blancs infestant la réserve. Barnaby s’était fait un nom en réalisant Rhymes for Young Ghouls en 2013, une œuvre poétique bercée par le fantastique et la mythologie autochtone.
– Grave : Lauréat du Grand Prix lors de la plus récente édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer, Grave est le premier long métrage de Julie Ducournau qui a pris l’affiche en mars dernier en France. Rappelant certains films français tournant autour du cannibalisme comme Trouble Every Day de Claire Denis et Dans ma peau de Marina de Van, Grave est tordu à souhait. On espère une éventuelle sortie en salle au Québec pour cette œuvre dérangeante relatant le changement profond qui s’installe chez une jeune végétarienne qui entame des études dans une école vétérinaire. Voici la bande-annonce qui ne s’adresse pas aux petites natures…
Le Festival de Cannes qui débute mercredi prochain, le 17 mai, a décidé de publier un communiqué cette semaine afin de nier une rumeur voulant que deux films soient retirés de la compétition officielle, Okja de Bong Joon-Ho et The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach. Il s’avère que la présence à Cannes de ces deux longs métrages suscitent la controverse dans le milieu du cinéma, car tous deux sont des productions signées Netflix et que le géant américain, comme à son habitude, ne sortira pas ses deux productions en salle mais uniquement sur sa plate-forme.
Tilda Swinton dans Okja
Cannes étant une festival consacré aux œuvres du 7e art diffusées en salle, la controverse est d’office. Les bonzes cannois ont toujours à cœur de défendre ce modèle d’exploitation bien qu’ils acceptent cette année, hors compétition, la présentation d’épisodes de séries télé réalisées par des cinéastes émérites comme Jane Campion (Top of the Lake) ou David Lynch (Twin Peaks). Que le Festival intègre en compétition des films qui se retrouveront uniquement sur les écrans de cinéma maison, de portables et de tablettes inquiète les producteurs et les distributeurs de films dans bien des pays. Ici, au Québec, Louis Dussault de K-Films, pour ne citer que lui, dénonce depuis longtemps le modèle Netflix qui bafoue les règles nationales en matière de paiements de taxes et d’impôts. Face à ce brouhaha, Cannes a donc décidé qu’à l’avenir, dès 2018 en fait, tout film sélectionné dans la compétition officielle devra avoir une entente de distribution en salle sur le territoire français. Avec cette nouvelle règle, les films produits par les plates-formes numériques seront presque automatiquement écartés de la sélection, mais aussi peut-être des œuvres plus intimistes et audacieuses n’ayant pas encore d’entente de distribution dans l’Hexagone. Rien n’est parfait.
Mais bref, on peut considérer cette décision comme une bonne nouvelle dans l’ensemble. Éthiquement du moins. Amazon, qui est aussi devenue un joueur important dans la production cinématographique et qui utilise un modèle apparenté à Netflix, fait quant à elle preuve de plus de souplesse. Ses films sont d’abord lancés en salle avant de se retrouver sur sa plate-forme. Le réseau des salles obscures en Amérique du Nord, lui, tient encore mordicus à la primeur d’un film côté distribution. De gros sous sont en jeu et le désir de se battre à armes égales est aussi de mise dans ce dossier. Le portrait de l’industrie mondiale du cinéma tend à changer rapidement et l’adaptation est rude. Hollywood consacre dorénavant ses énergie et ses budgets colossaux aux suites de blockbusters et aux longs métrages remplis de super-héros et d’effets
Le réalisateur Martin Scorsese
spéciaux survitaminés. Cette structure basée sur des productions grandioses dont la rentabilité est vue à l’échelle mondiale décourage plusieurs réalisateurs qui se voient forcés de tourner le dos au système en place dont Martin Scorsese qui, tout sourire, s’associe à Netflix pour la réalisation de The Irishman, son nouveau projet avec Pacino et De Niro.
L’idéal serait de voir Netflix faire preuve de souplesse, créer des ponts avec le réseau des salles de cinéma et se conformer aux règles fiscales de tous les pays où elle compte des abonnés. Voir le nouveau Scorsese sur un écran de téléphone cellulaire n’a rien de sexy. Netflix propose un mode de production et de diffusion fort séduisant pour certains artisans et pour le grand public, mais son allure de rouleau compresseur entraîne un débat inévitable sur les enjeux reliés au mode de diffusion et de distribution dans chacun des pays. Les principaux acteurs du 7e art doivent réfléchir pour le mieux à cette question avant que le plus prestigieux des festivals ne devienne un festival de films en ligne doté d’une Croisette virtuelle.