Barbra Streisand dans A Star is Born (1976)
C’est le Festival d’été de Québec! Profitons donc de l’occasion pour marier musique et septième art et établir un petit palmarès hautement subjectif à partir de cette union. Ce palmarès fera la part belle à des œuvres qui ont marqué mon imaginaire au fil des dernières décennies, souvent pour des raisons fort différentes. Évidemment, la liste qui suit pourrait être constituée de dizaines et de dizaines de titres. Ainsi, par exemple, pour certains Bird, Almost Famous ou The Rose ont été des films marquants et je ne le conteste pas, au contraire. Mais vu que le Festival d’été ne dure qu’onze jours, je me limite à onze titres mémorables mettant tous, à travers une aventure humaine, la musique de l’avant.
A Star is Born (1976) : La version de 1954 mettait en vedette Judy Garland, celle de 1976, Barbra Streisand. Le film raconte l’ascension d’une chanteuse anonyme qui, devenue l’amoureuse d’un artiste rock sur le déclin, finit grâce à son talent et son charisme par surpasser ce dernier dans le cœur de ses fans. Streisand offre l’une de ses belles performances dans ce film au regard très lucide sur les coulisses de l’industrie de la musique, esquissant du même coup un portrait de l’amour orageux qui lie de nombreux couples frappés par la célébrité.
This is Spinal Tap : (1984) : L’incontournable mockumentary (parodie de documentaire) est encore aujourd’hui le long métrage le plus drôle jamais réalisé sur le monde (parfois factice) des groupes de rock. Rob Reiner est aux commandes de cette œuvre mettant en vedette notamment Christopher Guest qui lui deviendra, au fil des années, un réalisateur prolifique de comédies absurdes utilisant souvent le même procédé.
Sid and Nancy
Sid and Nancy : (1986) : Dans son premier rôle au cinéma, Gary Oldman incarne Sid Vicious, le bassiste junkie et nihiliste du groupe punk britannique les Sex Pistols. Au-delà du portrait formidable de la scène londonienne du milieu des années 70, ce drame biographique relate aussi l’histoire d’amour autodestructrice qui unissait ce musicien paumé à Nancy, une groupie devenue son égérie de ruelle.
Mo’ Better Blues (1990) : On oublie trop souvent de mentionner ce titre parmi les plus belles réalisations de Spike Lee. Mo’ Better Blues raconte le parcours d’un trompettiste de jazz joué par Denzel Washington. Volage, imbu de lui-même mais hyper talentueux, le musicien vivra une descente aux enfers qui le poussera à entamer une inévitable remise en question. Spire Lee, Samuel L. Jackson et John Turturro sont aussi de la distribution. Terence Blanchard et Branford Marsalis, eux, s’occupent de la musique originale.
The Doors (1991) : Quand j’ai vu ce film au cinéma de Place Ste-Foy lors de sa sortie en salle, ce fut un choc. Oliver Stone était à son meilleur à cette époque et avait accouché d’une œuvre éminemment psychédélique, respectueuse de la force musicale des Doors, façonnant un portrait chamanique de leur charismatique leader. Est-ce que quelqu’un pouvait croire que Val Kilmer, le beau blond de Top Secret, allait pouvoir incarner Jim Morrison de si belle façon, allant jusqu’à chanter lui-même les hymnes du Roi lézard? Bien sûr que non. Bref, il a surpris tout le monde.
The Commitments (1991) : Alan Parker, c’est Birdy, The Wall, Midnight Express, Angel Heart. Et c’est aussi The Commitments, le plus beau film sur la musique soul à avoir été réalisé, hommage sensible et énergique à Otis Redding, Aretha Franklin et Wilson Pickett. Hommage aussi à cette jeunesse irlandaise durement touchée par le chômage, trouvant une sorte de salut dans la musique afro-américaine des années 60.
Backbeat (1994) : Quand ce long métrage est sorti en salle en 1994, à moins d’être un fan fini des Beatles, on connaissait mal l’histoire de leurs débuts, notamment leur passage à Hambourg, en 1960, avec Pete Best à la batterie et Stuart Sutcliffe à la basse. C’est d’ailleurs sur ce dernier que se concentre le film, dépeignant avec soin cet être aussi fragile qu’inspiré, ayant eu une forte ascendance sur John Lennon et qui mourut à seulement 21 ans d’une hémorragie cérébrale.
Sweet and Lowdown (1999) : Avec ce récit campé dans les années 30, Woody Allen s’est royalement amusé à dépeindre les frasques d’un personnage nommé Emmet Ray, guitariste de jazz manouche émérite, sorte de Django Reinhardt colérique et égocentrique, incarné avec exubérance par un Sean Penn au sommet de sa forme. L’une des meilleures comédies signée par le réalisateur new-yorkais.
Ex Drummer (2007) : Un long métrage flamand nihiliste et réactionnaire porté par des acteurs méconnus, mais fort bien choisis pour incarner les membres d’un groupe punk qui accueille en son sein un romancier comme batteur. Ce dernier se servira d’eux et de leur univers crade pour trouver l’inspiration de son prochain roman. Le long métrage profite d’une mise en scène imaginative, d’un montage audacieux et d’une formidable et éclectique bande sonore.
Walk Hard (2007) : John C. Reilly est un acteur surtout reconnu pour ses nombreux seconds rôles, autant dans des blockbusters que dans des films indépendants américains. Dans Walk Hard, il occupe toute la place et permet à cette comédie irrévérencieuse de se moquer avec absurdité de l’industrie musicale américaine et du vedettariat, parodiant la carrière de nombreuses stars du folk et du rock même si, de par son titre, la référence à Johnny Cash est des plus évidentes. L’une des meilleures comédies des années 2000, tous genres confondus.
Global Metal (2008) : Réalisé par Sam Dunn et Scott McFayden, ce documentaire faisant suite à Metal: A Headbanger’s Journey nous offre un tour du monde consacré aux groupes heavy metal moins connus des Occidentaux, mais faisant carrière en Inde, au Japon, au Brésil ou en Israël. Instructif, amusant et transpirant la passion pour cette musique déclinée en plusieurs sous-genres (trash, death speed, glam, etc.), le film démontre que la musique rock, même lourde et bruyante, n’a pas de frontières.