Les primeurs berlinoises

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Le Festival international du film de Berlin se tient cette année du 11 au 21 février. Après Cannes, aux côtés de la Mostra de Venise et de la foire du film qui a lieu chaque automne à Toronto, la Berlinale est l’une des quatre plus grandes vitrines mondiales du cinéma se déroulant bon an mal an.

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James Hyndman dans Boris sans Béatrice

Pour les cinéphiles québécois, cette année l’intérêt est là, car le réalisateur Denis Côté s’y retrouve à nouveau avec Boris sans Béatrice, lui qui avait gagné, en 2013 au même endroit, avec son film précédent, Vic et Flo ont vu un ours, le prix Alfred-Bauer. Mettant en vedette James Handman et Denis Lavant, Boris sans Béatrice raconte les malheurs d’un homme orgueilleux et volage, dont l’épouse est atteinte d’une maladie mystérieuse. Il sera confronté dans ses certitudes par l’arrivée d’un étrange inconnu.

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Poelvoorde et Depardieu dans Saint-Amour

Le reste de la compétition de cette 66e édition est assez relevé cette année tout comme l’ensemble des œuvres qui seront présentées dans les sections parallèles. Ainsi, Berlin présentera en primeur Midnight Special de Jeff Nichols (Take Shelter, Mud) relatant la fuite d’une famille (Michael Shannon et Kirsten Dunst jouent les parents) dont le fils est doté de pouvoirs surnaturels. On pourra aussi voir André Téchiné diriger Sandrine Kiberlain et lui faire endosser l’uniforme d’un médecin pratiquant en milieu rural dans Quand on a 17 ans, et visionner La Communauté du Danois Thomas Vinterberg (Festen) qui revisite les communes de son pays dans les années 70. Ethan Hawke et Greta Gerwig, eux, se donnent la réplique dans Maggie’s Plan de la cinéaste Rebecca Miller. Spike Lee, de son côté, explore la scène hip-hop de Chicago dans Chi-raq, et Mia Hansen-Love propose sa nouvelle création intitulée L’Avenir, avec Isabelle Huppert dans la peau d’une prof de philosophie,

De plus, nous aurons droit, deux fois plutôt qu’une, à ce cher Gégé. Depardieu sera à l’affiche de la comédie Saint-Amour de Kerven et Delépine aux côtés de Benoît Poelvoorde et de The End, un film tourné en neuf jours, où après Valley of Love, il est à nouveau dirigé par le réalisateur Guillaume Nicloux. Un menu alléchant qui, on l’espère, entraînera de nombreuses sorties dans nos salles. On se laisse sur la bande-annonce du très attendu et très étrange Midnight Special de Jeff Nichols.

10 films à ne pas manquer en février

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Avril et le monde truqué

Février sera un mois qui fera beaucoup de place au cinéma français. Un mois d’hiver plus long d’une journée cette année, un mois où seront décernés les Oscars et les Césars, un mois qui accueillera étonnamment un superhéros (Deadpool) au grand écran alors qu’habituellement les héros en costumes préfèrent les chauds mois d’été pour épater la galerie. Février sera aussi le moment de faire le plein de films pour enfants lors de la 5e édition du Festival de cinéma en famille de Québec qui aura lieu du 26 février au 6 mars prochains. Mais bref, voici en résumé les dix films à ne pas manquer au fil des quatre prochaines semaines.

Where to Invade Next : Chaque nouveau documentaire signé Michael Moore est un événement en soi. L’humour et la mauvaise foi légendaire du cinéaste iconoclaste devraient être au rendez-vous dans ce nouvel opus qui lui a permis de sillonner différents pays afin de démontrer à l’Amérique que de nombreux modèles de sociétés des plus inspirants sont instaurés avec efficacité dans plusieurs pays industrialisés.

Avril et le monde truqué : Coproduit avec le Québec, ce long métrage d’animation profite du talent de bédéiste de Jacques Tardi, l’une des plus grosses pointures du 9e art en nous plongeant dans un Paris aux couleurs de l’entre-deux-guerres, une mégapole semi-futuriste qui voit ses savants disparaître sans laisser de trace. Heureusement, Avril, une jeune fille téméraire accompagnée de son chat, mène l’enquête sur ces étranges disparitions.

El Club : Aux côtés du Fils de Saul, El Club est à mon avis le meilleur film et le plus troublant à prendre l’affiche jusqu’ici cette année. Ce nouveau long métrage du Chilien Pablo Larrain el-club-45846-600-600-F(No) se penche sur le quotidien de cinq prêtres reclus dans une maison de retraite pour des fautes commises au fil des dernières années relevant de comportements inavouables. L’arrivée dans le quartier d’une victime d’un des leurs viendra perturber leur retraite forcée. Un film dérangeant, puissant et totalement maîtrisé!

Dheepan : Jacques Audiard est de retour avec un drame dur construit autour d’immigrants sri-lankais fuyant leur pays et s’adaptant du mieux qu’ils peuvent à leur nouvel environnement : une cité en banlieue de Paris où la pauvreté, la consommation de drogues et la criminalité règnent. Doté d’un scénario des plus efficaces et d’une direction d’acteurs irréprochable, le nouvel Audiard, acclamé à Cannes en 2015, est à ne pas manquer.

Hail, Caesar! : Juste à voir la bande-annonce, le nouveau long métrage des frères Coen apparaît incontournable et complètement disjoncté. Ancrée dans l’univers hollywoodien des années 50, la comédie mise sur une distribution d’enfer constituée de George Clooney, Scarlett Johansson, Ralph Fiennes, Josh Brolin, Tilda Swinton et même Dolph Lindgren.

10 secondes de liberté  : Ce récit relate un moment fort de l’olympisme, soit les quatre médailles d’or obtenues en course aux Jeux d’été de 1936 à Berlin par le sprinter afro-américain Jesse Owens. Ses exploits, devenus mythiques, eurent comme témoins Hitler et ses sbires « suprémacistes ». Pour sa valeur historique, ce long métrage réalisé par Stephen Hopkins apparaît essentiel.

Triple 9 : Thriller réalisé par l’Australien John Hillcoat (La Route) et mettant en vedette Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Aaron Paul et Kate Winslet, Triple 9 mélange l’univers du Triple_9_posterbraquage à la mafia russe et aux flics corrompus. Bref, une recette qui nous fait saliver et qui a déjà fait ses preuves très souvent au cinéma!

The Witch : Considéré comme l’un des films les plus attendus de l’année par les amateurs de films d’horreur, The Witch, une première réalisation de Robert Eggers, avait causé l’émoi lors de sa présentation à Sundance voilà un an. Ancré dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIe siècle, le récit s’inspire d’un événement qui mena des années plus tard à la chasse aux sorcières de Salem. La bande-annonce donne froid dans le dos.

Mes ennemis : Tourné avec un budget dérisoire, ce deuxième long-métrage de Stéphane Gehami (En plein cœur) joue définitivement dans la cour d’André Forcier. La présence de l’excellente Louise Marleau (Une histoire inventée) n’y est pas étrangère, elle qui ici prend les traits d’une pianiste qui gère une maison de chambres et les âmes en peine qui l’habitent. Sa rencontre avec Cédric, un aspirant romancier éconduit, viendra bouleverser le quotidien de son « manoir à l’envers ».

Un plus une: La rumeur annonce ce film comme le grand retour de Claude Lelouch dont les œuvres, depuis plus de quinze ans, peinaient à sortir en salle ou à obtenir une seule bonne critique. Mené par Jean Dujardin et Elsa Zylberstein, le nouveau Lelouch (tourné en Inde et inspiré par son film Un Homme qui me plaît) a tout pour séduire et nous réconcilier avec l’univers d’un cinéaste dont on n’attendait plus grand-chose, mais qui n’a jamais fait les choses à moitié. Voici la bande annonce d’Un plus une.

Des Oscars aux Jutra, on ne dispute pas

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Aujourd’hui mercredi avait lieu le dévoilement des nominations pour les César 2016, cérémonie récompensant les meilleurs films français de l’année. Y aura-t-il controverse? Surtout qu’en France, on aime bien les confrontations intellectuelles. Pas plus tard que lundi dernier, on dévoilait ici les nommés pour les différents prix Jutra qui seront attribués pour le cinéma québécois le 20 mars prochain. Sur les réseaux sociaux et dans quelques médias traditionnels (ceux qui subsistent encore), le débat faisait rage. Donne-t-on trop de place, parmi les nommés, aux films populaires comme La Passion d’Augustine? Ou encore, les œuvres d’auteur, plus obscures, méritent-elles autant de nominations? Pourquoi Le Mirage est-il absent malgré son beau succès en salle, lui qui n’a récolté qu’une nomination pour l’actrice de soutien, l’excellente Christine Beaulieu? Et Patrick Huard, lui, aucune nomination pour son rôle dans Guibord. Étonnant, non? Il est tout à fait normal de remettre en question les choix année après année, c’est le propre des gérants d’estrade et j’en fais partie. Impossible de plaire à tous également, mais il faut admettre que cette année, face aux Oscars, la diversité aux Jutra est réellement présente.

En tout, 23 longs métrages de fiction sur les 42 films québécois éligibles, sortis en 2015, obtiennent au moins une nomination pour un Jutra. De plus, les acteurs de  «couleur » sont pour une rare fois fort bien représentés 943375-noir-nwa-affichegrâce à de belles performances dans les films Noir, Scratch et Guibord s’en va-t-en guerre. Qui dit mieux? Pas l’Académie des Oscars en tout cas, elle qui nage dans la tourmente depuis plusieurs jours. Le roitelet Spike Lee et sa cour ont vivement dénoncé l’absence de nomination pour les Afro-Américains cette année. Puis, tout le monde y est allé de son commentaire. Charlotte Rampling voit dans cette charge du racisme inversé. Michael Caine préfère en rire. Julie Delpy trouve la représentation des femmes au cinéma beaucoup plus problématique et enfin, Ian McKellen confirme que l’absence d’acteurs gais aux Oscars est beaucoup plus suspicieuse.

Évidemment, on ne peut être contre la vertu et on ne peut que souhaiter que petit à petit, le milieu s’ouvre davantage aux minorités et pour caricaturer, voir un jour une comédienne noire et lesbienne monter sur scène afin d’y cueillir le trophée tant désiré. Une organisation comme les Oscars, sans être aussi moyenâgeuse que l’Académie française, apparaît encore en retard sur l’évolution de la société en général. Mais finalement, il est primordial que le processus de sélection des mises en nomination ne dérive pas de sa mission première, soit de récompenser le talent et non de, par un jeu comptable politiquement correct, faire plaisir à tous les groupes de pression et à tous ceux qui trouvent qu’ils sont sous-représentés lors de cette cérémonie annuelle. Pour l’instant, il faut se rappeler que les Oscars, c’est avant tout un gros spectacle de paillettes « arrangé avec le gars des vues ». Je vous laisse sur cette vidéo retraçant les Afro-Américains ayant reçu un Oscar au fil des années et nous rappelant, du même coup, de fort beaux souvenirs.

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Janvier 2016, un mois intense !

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Leonardo DiCaprio face au grizzly dans Le Revenant

Il y a eu Le Revenant, Le Fils de Saul, bientôt Mustang et on pourrait continuer ainsi avec la nomenclature de plusieurs autres titres. Les films du mois de janvier ne sortent pas des fonds de tiroir des distributeurs cette année. Ces longs métrages nous rappellent quand même que le calendrier de sorties est bien difficile à comprendre. En décembre, les distributeurs misent sur le lancement de films à grand déploiement, sur des comédies du temps des fêtes et sur des œuvres dites oscarisables. Puis en janvier, on préfère normalement lancer des fictions d’horreur potache ou à l’humour scatologique qui ne laisseront pas de traces douze mois plus tard lors du bilan annuel.

Janvier, c’est donc le moment idéal afin de rattraper le temps perdu à magasiner et à se farcir les films encore à l’affiche qui ont la cote. Après la déferlante Star Wars, il faut trouver le bon moment pour voir le dernier Tarantino, Carol ou Spotlight avant que la cérémonie des Oscars de février nous rappelle les noms de ces incontournables de 2015 que nous avons ratés. Pourtant, cette année, les longs métrages programmés en janvier sont grosso modo de haute qualité. La liste donne presque le vertige. Il y a Le Revenant et sa scène mémorable opposant DiCaprio au grizzly, candidat incontournable aux UnknownOscars, Mustang et Le Fils de Saul, tous deux se retrouvant finalistes dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, le dessin animé brésilien Le Garçon et le monde nommé dans la catégorie animation, et de la Serbie, Soleil de plomb, une œuvre remarquable dans sa façon de revisiter les tensions des vingt dernières années dans l’ex-Yougoslavie. Du côté québécois, il faut aussi souligner les sorties de Bienvenue à F.L., l’un des meilleurs documentaires vus depuis un an, et bien sûr Endorphine d’André Turpin, qui brille par son audace, son réalisateur flirtant ici avec  les univers glauques à la David Lynch.

Bref, janvier 2016 étonne et démarre l’année du bon pied. Et c’est tant mieux! En contrepartie, il faut aussi avouer que dans le domaine culturel, ce fut aussi un mois funeste. Juste du côté du cinéma, les pertes successives de Michel Galabru, d’Alan Rickman et d’Ettore Scola ont été marquantes. Leurs carrières respectives, fort différentes, auront marqué les cinéphiles. Galabru pour ses mimiques exaspérées dans une pléthore de comédies burlesques, pas toutes édifiantes il faut le rappeler. Rickman pour ses rôles dans Die Hard et dans Harry Potter, mais aussi pour sa grande sensibilité à titre de réalisateur avec le très beau The Winter Guest. Enfin, Scola qui à 84 ans bien sonnés représentait le dernier vestige de la grande époque du cinéma italien, celle des années 60 et 70 marquée du sceau de création d’Antonioni, de Visconti, de Fellini et de Pasolini. De par leur place dans le 7e art, Galabru, Rickman et Scola, nous marqueront car nous les avons tant aimés! On se rappellera de janvier 2016 pour ses grands films et aussi, un peu, pour ses grands disparus.

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Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola

Les beaux malaises d’André Turpin

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Reconnu depuis plus de dix ans dans le milieu du cinéma québécois comme l’un des meilleurs directeurs photo, on tend à oublier qu’André Turpin est aussi réalisateur. Mais, à ce titre, il s’était tu depuis la sortie de son deuxième film, Un crabe dans la tête en 2001, lui qui faisait suite à Zigrail, lancé en 1995. Mais cette année, le cinéaste de 50 ans est de retour avec une proposition très étrange et audacieuse ayant pour titre Endorphine. Une œuvre qui cause un malaise, qui déforme la réalité, tissant une toile scénaristique plutôt angoissante.

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Sophie Nélisse dans Endorphine

En visite à Québec cette semaine pour rencontrer la presse pour la sortie de son long métrage prévue le 22 janvier prochain, André Turpin est d’abord revenu sur le choix du titre. « L’endorphine, c’est une substance secrétée par le corps humain lors de la pratique d’un sport, lorsqu’on a peur, ou encore lors de l’atteinte de l’orgasme. Et je trouvais que ça sonnait bien et que ça cadrait avec ce que vivait le personnage principal, Simone, (joué par trois comédiennes, Sophie Nélisse, Mylène Mackay, Lise Roy) dont la vie est divisée en trois périodes ».  Témoin du meurtre de sa mère alors qu’elle est adolescente, Simone vivra dès lors une confusion émotionnelle qui se traduira de trois façons différentes au cours de sa vie. « Mon film est une proposition très viscérale qui peut effrayer le spectateur, tellement que j’envisage d’enregistrer une présentation qui introduirait Endorphine au public et qui serait diffusée avant chaque représentation. Un petit clip de 30 secondes qui leur dit qu’ils n’ont pas à tenter de résoudre une énigme, à trouver la pièce manquante au casse-tête, qu’ils doivent rêver le film, car sinon, le fait de ne rien comprendre, pour beaucoup de gens, ça devient frustrant », de préciser le réalisateur qui avoue être fasciné par les univers glauques et étranges mis en place par David Lynch dans Lost Highway, Mulholland Drive et Inland Empire.

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André Turpin, réalisateur

Endorphine rappelle effectivement le travail de David Lynch, mais il renvoie aussi à la façon dont Denis Villeneuve a façonné Enemy ou encore à Possible Worlds réalisé par Robert Lepage en 2000, des films qui nous laissent dans un état étrange, qui provoquent un réel malaise, état que voulait atteindre André Turpin avec sa nouvelle création qu’il a lui-même scénarisé. « Lynch dans ses films ne donne pas de clé finale pour tout comprendre, mais ses histoires nous hantent et c’est ce que je désirais faire après des années d’absence comme réalisateur. Et heureusement, mes producteurs (micro_scope) et mon distributeur (Christal Films) m’ont suivi là-dedans. Ils ont fait preuve de courage, ils ont trouvé le film porteur et évocateur et m’ont rassuré face à mes craintes concernant l’éventuelle mise en marché, car évidemment, ce n’est pas un film facile à vendre », d’expliquer celui qui a fait la direction photo sur plusieurs films de Denis Villeneuve, Philippe Falardeau et Xavier Dolan. Pour la musique, Turpin est allé chercher l’ex-Karkwa, François Lafontaine, qui à la lecture du scénario a immédiatement été emballé. À ce sujet, le réalisateur précise qu’ils ont beaucoup écouté les partitions d’Angelo Badalamenti, compositeur attitré de Lynch, afin de voir de quelle façon la musique allait donner un ton à Endorphine, combiné à la conception sonore de Sylvain Bellemare, elle aussi, très importante. Ajoutons à cela l’omniprésence de la chanson Daydream in Blue du groupe britannique I Monster qui revient nous obséder tout au long de l’histoire et le mariage est parfait.

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L’acteur Guy Thauvette

Habitué à travailler avec des créateurs très formalistes comme Xavier Dolan et Denis Villeneuve (il considère d’ailleurs ce dernier comme un maître de la forme), André Turpin est resté dans le même sens dans sa façon de réaliser et s’avère fort heureux de sa relation avec Josée Deshaies, sa directrice photo sur Endorphine, elle qui travaille beaucoup avec Bertrand Bonello en France (Saint Laurent). « À force de faire de la direction photo pour les autres, ça a sûrement teinté ma relation, très engagée d’ailleurs, avec Josée. Je savais qu’elle aimait les lumières douces, naturalistes et c’est une fille qui a une grande culture de l’image et du cinéma, elle a beaucoup apporté au film », de dire André Turpin qui souligne aussi tout le talent de son équipe technique, de ses comédiennes et de Guy Thauvette qui joue le rôle du meurtrier. « Guy fait peur d’une façon visqueuse. Il semble avoir une maladie qui l’enveloppe et en plus, à l’inverse, il peut jouer les charmeurs. Il a été magnifique tout au long du tournage, flexible, très à l’écoute. Il a réussi à faire naître la peur quand on le voit, et quand on l’entend parler, on sent un retard mental chez lui ce qui le rend encore plus inquiétant », de conclure le réalisateur fier de la critique parue dans le Hollywood Reporter qui soulignait qu’Endorphine est le genre de film qui pourrait développer éventuellement un culte. Car bien que ni film d’horreur ni thriller, Endorphine provoque avec beaucoup d’habileté son lot d’étranges malaises.

Chercher un sens et le trouver !

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Ils sont plusieurs à s’interroger sur l’avenir de l’Homme, sur le futur de la planète et sur la pérennité de la civilisation telle que nous la connaissons présentement. Les doutes fusent quand on examine notre façon de vivre et de surconsommer. C’est ce genre de questionnement qui a amené deux Français, Nathanaël Coste et Marc De La Minaudière, à se lancer dans la réalisation d’un fort beau documentaire qui prendra l’affiche le 15 janvier prochain, un film qui a pour titre En quête de sens.

Joints en France récemment via Skype, les deux coréalisateurs et jeunes trentenaires sont revenus sur ce qui les a poussés à tourner un long métrage donnant la parole à ceux qui transforment petit à petit notre monde en transmettant des valeurs humanistes interreliées à un mode de vie inévitablement plus écologique basé sur l’interdépendance de l’Homme avec ce qui l’entoure. Nathanaël se souvient : « Ça nous a fait marrer quand on s’est retrouvés après s’être perdus de vue durant dix ans. Mark vendait des bouteilles d’eau à New York et moi je travaillais sur la gestion sociale de l’eau dans le sud de l’Inde. C’était paradoxal, mais l’eau nous a reliés. La crise financière de 2008 nous avait beaucoup affectés, on se disait que le monde que l’on marc et les singes-EQDSconnaissait n’avait plus d’avenir et nous nous sommes embarqués candidement dans cette aventure documentaire. Avec nos économies, on a voyagé, séjournant dans de petites auberges avec nos sacs à dos, une caméra et un micro. Voilà, c’était très simple et très autofinancé au départ. Une fois le tournage terminé, là on a bien vu que la finition du film coûterait cher. Alors, à l’aide du sociofinancement, nous avons recueilli à notre grande surprise plus de 36 000 euros, somme qui a servi à la postproduction du film. Le tournage et la production se sont échelonnés sur plus de trois ans et demi », de préciser le documentariste et géographe de formation.

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Marc De La Minaudière et Vandana Shiva

Formé dans une école de commerce, Marc, lui, en a eu marre de son quotidien dans le monde de la finance. Ce projet lui a permis de faire la connaissance de personnes inspirantes, l’idée centrale étant de partir à la rencontre de ceux qui vivent dans le concret, des êtres ancrés dans le temps présent, des acteurs impliqués dans les changements de mentalité autour de l’interdépendance entre la nature et l’humain. Conçu comme un récit de voyage, En quête de sens nous présente, entre autres, les points de vue de Vandana Shiva, écologiste et scientifique indienne, de l’essayiste et agriculteur français Pierre Rahbi et de Bruce Lipton, biologiste américain spécialisé en génétique. Au fil de cette nomenclature, Marc et Nathanaël insistent pour qualifier leur casting de cohérent et de lumineux. Loin du pamphlet ou du film de propagande, En quête de sens est une œuvre totalement ouverte qui a réussi à éviter les dangers associés à certains guides spirituels, de spécifier les cinéastes : « On pouvait aussi tomber sur des gourous qui ne veulent que nous vendre leurs livres, qui ont une approche mercantile de la spiritualité. Mais heureusement, on a un don pour reconnaître les gens vraiment authentiques ». Nathanaël ajoute que la période de transition que nous vivons apparaît lente, car les médias n’en font peu écho. Mais que c’est par l’entremise des personnes rencontrées durant leur tournage qu’ils ont  été témoins de cette dynamique de changement dans la façon de penser et d’agir un peu partout sur la planète, un effet de vague qui, avec Internet, conscientise lentement, mais sûrement la jeune génération aux problématiques liées à l’hyperconsommation.

Galvanisés par ses rencontres tenues sur plusieurs continents, les deux réalisateurs espèrent encore toucher le plus de gens possible avec la diffusion de leur film. Leur documentaire a été distribué de façon plutôt artisanale en France, en Belgique et en Suisse où l’on invitait les gens à faire pression pour que leur cinéma de quartier mette le film à l’affiche. Maintenant, leur production débarque au Québec et ils espèrent un bel accueil, soulignant que En quête de sens ne s’adresse pas uniquement aux convertis, mais aussi et surtout à ceux qui se questionnent naïvement sur le fonctionnement de notre société, et ce, tout comme eux-mêmes se questionnaient lorsqu’ils ont décidé de se lancer dans la réalisation de leur film. Ce dernier a assurément un potentiel pour être distribué, modestement évidemment, un peu partout dans le monde lui qui a été fort bien reçu récemment en Bolivie et au Pérou. Marc et Nathanaël concluent en réaffirmant l’universalité de leur sujet, de cette envie de métamorphose, cette envie de lutter contre l’uniformisation de la pensée et ce désir de mieux se connaître, de mieux comprendre notre univers et ce qui nous entoure. Pour eux, ce phénomène est des plus encourageants et est au cœur de cette inévitable quête de sens!

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Cent vingt ans de cinéma !

En ce 28 décembre, date symbolique reliée à l’éclosion du cinéma voilà déjà 120 ans, il me fait plaisir d’offrir ce blogue à André Caron, professeur de cinéma au Cégep Garneau à Québec, qui avec son texte, rend un très bel hommage au 7e art !

 

CENT VINGT ANS DE CINÉMA :

LE MONDE FANTASMÉ À TRAVERS LE PRISME DE LA CAMÉRA

 

28 décembre 1895 : date officielle de la première projection publique à Paris d’un film 35 mm sur un écran à l’aide du cinématographe, l’invention révolutionnaire des frères Auguste et Louis Lumière. Cent vingt ans se sont écoulé depuis cet événement historique, ce qui peut sembler long en regard d’une vie humaine, mais bien peu lorsqu’il s’agit d’évaluer l’impact d’une nouvelle forme d’art. Comparé à la sculpture ou au théâtre, le cinéma se révèle bien jeune, en effet. Pourtant, il s’inscrit parfaitement dans le prolongement des autres formes d’art.

Le cinéma se situe au carrefour de la peinture et de la photographie. Il combine d’une part le désir des impressionnistes d’offrir un point de vue personnel de la réalité et, d’autre part, le besoin des photographes de reproduire cette réalité. Les scientifiques, quant à eux, se servent de la photographie pour pousser encore plus loin les recherches sur la décomposition du mouvement et sa reproduction. À la fin du dix-neuvième siècle, le développement simultané du cinéma par la compagnie de Thomas Edison à New York et l’entreprise des Lumière à Lyon se situe d’ailleurs à mi-chemin entre la science, l’art, la technologie et l’industrie. Il s’agit d’une invention qui modifie à jamais la perception que l’humanité a d’elle-même en lui renvoyant une image déformée de la réalité, une illusion de réalité : une vision subjective et onorique du réel.

Dès la première décennie du vingtième siècle, le cinéma, art populiste, se développe à une vitesse fulgurante. Bientôt, il devient l’emblème de la modernité et anticipe la globalisation mondiale des marchés. Depuis 1915 (il y a cent ans), avec l’immense succès populaire de la superproduction The Birth of a Nation de D.W. Griffith, il est fortement identifié à l’impérialisme culturel américain. Pour la première fois de son histoire, l’humanité peut se regarder comme jamais auparavant. L’espèce humaine pénètre alors dans le Siècle de l’image. À l’origine noire et blanche, instable et approximative, projetée à 12, 16, puis 24 cadres par seconde, cette image muette devient bientôt en couleur et en 3D, munie de pistes sonores multiples (de la stéréophonie jusqu’au système numérique DTS 7.1). D’abord carrée, elle explore tous les formats, du Cinémascope au IMAX numérique en passant par le 70 mm et le Cinérama. Elle établit la base d’un nouveau langage audiovisuel unique et sans précédent. Fusionnant toutes les formes d’art, ce langage sert de modèle pour la télévision, la publicité, les jeux vidéo et les plate-formes multi-média. Grâce à ces images, le vingtième siècle est préservé, enregistré, répertorié. L’Histoire posséde désormais une mémoire audiovisuelle, comme le prouvent éloquemment les séries documentaires Apocalypse sur les deux grandes Guerres mondiales.

Ces nouvelles images recèlent bien sûr un caractère à la fois historique, sociologique et anthropologique, mais également une valeur scientifique, artistique et mythologique. Cristallisée dans le temps, chacune de ces images offre un instant d’éternité, une sorte de nirvana virtuel. Nanouk, Marilyn Monroe, James Dean et Bruce Lee cessent de vieillir sur l’écran : ils se mutent en icones, en mythes modernes. Elles deviennent un idéal mondial. Paradoxalement, le cinéma permet aussi l’effet inverse. James Stewart, Jean Gabin, Monica Vitti et Ingrid Bergman vieillissent sur l’écran au fil des films, mais ils ne meurent jamais : ils deviennent éternels. Chacune de leurs incarnations physiques reprend vie, là-haut, projetée sur le rectangle blanc.

Le cinéma ne fait donc pas que représenter la réalité, il la transcende pour atteindre le firmament de l’inconscient collectif où règnent les rêves sublimés et les états d’âmes épurés. C’est pourquoi les plus grands chefs-d’œuvre cinématographiques s’apparentent à de véritables analyses chirurgicales de la nature humaine. Les grands cinéastes tels Griffith, Chaplin, Von Stroheim, Murnau, Renoir, Dreyer, Ford, Hitchcock, Welles, Bergman, Kurosawa, Fellini, Antonioni, Truffaut, Lean, Kubrick ou Kieslowski dissèquent le comportement humain pour en révéler les failles et les richesses. En cultivant leur propre subjectivité et en puisant dans l’inconscient du public, ces artistes complets exposent la collectivité à une vision du monde qu’elle n’aurait pu percevoir autrement.

Le meilleur cinéma, celui qui se voit en salle avec un public, confronte une grande variété de points de vue individuels qui sont issus d’un vaste réseau culturel provenant du monde entier. Ces points de vue génèrent leur propre définition de la réalité. Filtrées à travers le prisme de la caméra, ces perceptions entraînent de multiples interprétations qui façonnent à leur tour de nouvelles formes de réalité subjectives. Ainsi, le cinéma ne correspond plus à ce concept de fenêtre sur le monde, de canevas objectif du réel ou de perception purement oculaire.

Non, plus maintenant. Aujourd’hui, à l’aube du troisième millénaire , alors qu’il entame son deuxième siècle, le cinéma, cet écran blanc inondé de lumière scintillante, nous propose le monde, un monde fantasmé par le rêve collectif de ses créateurs : un immense songe en perpétuel devenir.

André Caron, professeur de Cinéma, Cégep Garneau.

Les 10 meilleurs films de 2015

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L’heure du bilan des meilleurs films de 2015 est arrivée puisqu’il ne reste que quelques jours à l’année. Ce survol bien personnel, regroupant mes coups de cœur des douze derniers mois sortis au grand écran, n’est évidemment pas exhaustif. J’ai raté plusieurs films dont Steve Jobs et Straight Outta Compton et Joy et The Big Short ne sont pas encore sortis au moment où j’écris ce texte. Oui, j’ai vu le dernier volet de Star Wars et le nouveau western de Tarantino, deux fort bons divertissements qui ne parviennent cependant pas à se glisser dans mon palmarès. Alors voici les dix titres qui ont réussi à se faufiler dans mon top 10 de 2015, des œuvres qui m’ont marqué par leurs qualités de réalisation, le jeu de leurs acteurs, leur direction artistique ou technique et, surtout souvent, par leurs scénarios bien ficelés ou audacieux. (N.B. : Ne sont pris en compte que les longs métrages sortis en salle au Québec en 2015)

1- Saint Laurent : Aussi soigné dans sa mise en scène qu’osé dans le regard qu’il porte aux années les plus olé olé du mythique designer de mode aujourd’hui décédé, ce film de Bertrand Bonello est une pure merveille réalisé avec un budget modeste comparé au Yves Saint Laurent de Jalil Lespert. Saint Laurent bénéficie d’une écriture forte, du talent de Gaspard Ulliel, sublime dans le rôle principal, et d’une bande-sonore des plus relevées.

 

2- Reality : Le long métrage le plus étrange et le plus drôle de 2015. Si vous connaissez l’univers du cinéaste belge Quentin Dupieux, vous ne serez pas déstabilisé par le ton surréaliste de son plus récent film lynchien et disjoncté ayant Hollywood comme toile de fond et un Alain Chabat en grande forme.

 

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Force majeure

3- Force majeure : Un long métrage rempli de malaises et de remises en question sur le couple. Dans le plus pur style scandinave, Force majeure est une œuvre philosophique profonde sur l’amour, la confiance et la résilience.

 

4- Mad Max: Fury Road : Sans chercher à lui donner de faux airs de film écolo-féministe, ce reboot de Mad Max est avant tout un divertissement de haut calibre qui nous tient en haleine durant deux heures. Vivement une suite!

 

5- Deux jours, une nuit : Un film dur et étouffant des frères Dardenne, racontant une histoire cruelle autour de la misère économique et de la mesquinerie des hommes aveuglés par le rendement et les profits. La conclusion du film est l’une des plus fortes vues au cinéma ces dernières années.

 

6- Winter Sleep : Le meilleur film de Ceylan, le plus abouti, le plus troublant, celui qui apporte une WS_120x160cs4.inddréflexion poussée sur la nature humaine, sur le couple, la valeur de l’argent, l’égocentricité. Un film très bergmanien, aux images sublimes filmées en Anatolie.

 

7- Les Démons : Selon moi, le meilleur film québécois de l’année. Une œuvre impressionniste réalisée par Philippe Lesage qui, sans faire l’unanimité, brille par son audace en abordant avec brio les peurs angoissantes de l’enfance.

 

8- Trumbo : La réalisation de Jay Roach est certes classique, mais la mise en images de ce pan sombre de l’histoire américaine m’a profondément touché. Bryan Cranston, suave, est au sommet de son art dans la peau de Dalton Trumbo.

 

9- Carol : Même si Todd Haynes a déjà fait mieux (Far from Heaven, I’m not There), reste qu’il nous offre avec Carol un film intelligent, accompli artistiquement et porté par deux actrices formidables, Cate Blanchett et Rooney Mara.

 

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Brie Larson et Jacob Tremblay dans Room.

10- Room : Sous des allures de téléfilm par moments, Room s’est brillamment démarqué, lui aussi, grâce à la qualité de ses interprètes (Brie Larson et Jacok Tremblay) et également par son récit aussi tordu que véridique.

Et en bonus, je souligne la sortie audacieuse au grand écran de la série française P’tit Quinquin, un chef-d’œuvre télévisuel étrange, et les absences sur nos grands écrans du magnifique film fantastique germano-autrichien Le Mur invisible et de la drôle et touchante comédie américaine The Overnight avec Jason Scott et Judith Godrèche.

N’hésitez pas à commenter mon palmarès, en bien ou en mal. La discussion est ouverte. Vous pouvez également nommer vos propres coups de cœur et peut-être ainsi pallier de possibles oublis de ma part. Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes et une belle année 2016 riche en découvertes cinématographiques. On se retrouve en janvier, un mois aux sorties fort alléchantes. À ce sujet, je vous laisse avec la bande-annonce de The Revenant qui, avec Le Fils de Saul, est un des films les plus attendus du prochain début d’année. Ciao!

Salmigondis du mercredi

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Avant la présentation du traditionnel bilan des meilleurs films de l’année la semaine prochaine, je me permets de mettre en relief quelques nouvelles reliées au cinéma et de vous faire quelques suggestions concernant des films qui prendront l’affiche bientôt.

Tout d’abord, un mot sur les nominations récentes des Golden Globes, plus précisément celles des cinq films finalistes dans la catégorie « Meilleur film en langue étrangère ». On y trouve Le Tout Nouveau Testament du Belge Jaco Van Dormaël lancé ici voilà quelques mois, El Club du Chilien Pablo Larrain dont on espère une éventuelle sortie au Québec, le magnifique Mustang qui prendra l’affiche au Clap en janvier, Le Fils de Saul, bouleversant drame hongrois se déroulant à Auschwitz, lui aussi au Clap dès janvier, et enfin une curiosité, The Fencer (Miekkailija), un drame estonien dont on ne sait hélas que peu de choses jusqu’ici.

Dans la catégorie Meilleur film dramatique, on retrouve Mad Max sorti cet été, Room et Spotlight toujours à l’affiche et aussi Carol, le très beau récit de Patricia Highsmith, adapté au cinéma par Todd Haynes, mettant en vedette Cate Blanchett et Rooney CN6d-WaUwAAQPw_Mara, toutes deux exceptionnelles. Le film, déjà sorti à Montréal, sera présenté au Clap dès le 25 décembre. Le 5e finaliste, The Revenant, toute dernière réalisation du Mexicain Alejandro González Inárritu, sera en salle dès janvier, un mois, comme vous le voyez, qui sera très achalandé.

Enfin, soulignons que cette 73e cérémonie des Golden Globes aura lieu le 10 janvier prochain, une soirée animée par le caustique comédien britannique Ricky Gervais qui sera diffusée à NBC.

Vendredi prochain, le 18 décembre, deux documentaires aussi intéressants que différents prendront l’affiche. Si vous préférez ne pas affronter les foules qui s’agglutineront dans les salles présentant le nouveau volet de Star Wars, vous pourrez donc découvrir Hôtel La Louisiane de Michel La Veaux, qui nous fait découvrir un lieu mythique de la Rive gauche parisienne où séjourna Juliette Gréco, Miles Davis, Robert Lepage et bien d’autres. Puis, le film Hitchcock / Truffaut sera lui aussi lancé au Clap à la même date et offrira un regard unique sur l’entrevue que le maître du suspense accorda à François Truffaut au milieu des années 60, à Los Angeles. Dans ce documentaire, de nombreux réalisateurs (Scorsese, Fincher, Essayas), ayant été influencés par Hitchcock, témoignent devant la caméra du talent divin qui habitait le cinéaste britannique et metteur en scène de Vertigo et de Psychose. Durant 1 h 30, on assiste à un formidable cours de cinéma 101!

La bonne nouvelle locale de la semaine maintenant : l’annonce du financement du projet de film intitulé La Chute de Sparte par la SODEC. Ce long métrage, adapté du roman du même 1189596-gftitre de Biz (Loco Locass), sera réalisé par Tristan Dubois et produit par la boîte de Québec Parallaxes. On a hâte au premier « tour de manivelle ».

Enfin, la mauvaise nouvelle, elle, provient de la France où le mouvement Promouvoir a remporté une autre victoire en réussissant à influencer la cour administrative d’appel de Paris qui a annoncé le retrait du visa d’exploitation du film La Vie d’Adèle. Cette décision vise à reclasser le film, auparavant interdit aux moins de 12 ans, afin que seuls les 16 ans et plus, voire 18 ans et plus, puissent y avoir accès, à cause des scènes de sexe explicites qui s’y trouvent.

Étonnamment, le réalisateur du film, Abdellatif Kechiche, n’y voit pas un cas de censure puisqu’il a confié au journal Le Monde que son long métrage, selon lui, ne s’adresse définitivement pas aux adolescents. Promouvoir, dirigé par André Bonnet, avocat catholique traditionaliste et pro FN, mène un combat depuis plusieurs années contre les excès de violence et de sexe au cinéma, combat qui embrasse de près la censure moralisatrice. Toujours selon Le Monde, Baise-moi, Ken Park, Saw 3D et plus récemment Love de Gaspar Noé ont été victimes du travail de lobbying de Promouvoir. Un dossier à suivre, surtout que Bang Gang, un autre film français sulfureux, portant sur des adolescents en rut, prendra l’affiche dans l’Hexagone en janvier prochain. D’ailleurs, en voici la bande-annonce :

 

10 films à voir en décembre

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Alfred Hitchcock et François Truffaut

Décembre est un mois fort attendu des amateurs de cinéma. Plusieurs gros titres prendront l’affiche durant cette période dans le but d’attirer les plus grosses foules de l’année. D’autres miseront sur les rumeurs concernant d’éventuelles nominations aux Oscars pour susciter de l’intérêt et, enfin, certains titres gageront sur leur marginalité pour intéresser ceux qui préfèrent fuir les gros canons hollywoodiens. Voici dix films dont les sorties retiennent mon attention avec, en reprise, ces deux titres, Carol et Legend, dont les sorties ont été reportées.

The Hateful Eight : Le tout nouveau Quentin Tarantino pigera encore dans ce qui a déjà été fait au cinéma, à savoir les westerns sombres des années 60, comme pour son opus précédent Django Unchained. Avec son titre et sa distribution d’enfer, The Hateful Eight fait un clin d’œil aux Sept Mercenaires, lui-même inspiré des Sept Samouraïs, mais aussi à tous ces films où les tronches patibulaires des cowboys étaient au cœur d’un récit violent et revanchard comme les aime si bien le créateur de Pulp Fiction. Date de sortie prévue : 25 décembre.

Carol : Portrait d’un amour saphique passionné et interdit campé dans la prude Amérique des années 50, Carol offre des rôles en or à Rooney Mara et Cate Blanchett. D’ailleurs, cette dernière ne cesse d’accumuler les rôles de composition où elle excelle, bien évidemment. Et avec Todd Haynes (I’m not ThereMildred Pierce) aux commandes, on peut déjà prévoir pour ce film son lot de nominations aux Oscars. Date de sortie prévue : 11 décembre.

Star Wars VII : le réveil de la force : Que dire de plus sur le très attendu retour de Star Wars et qui n’a pas déjà été dit jusqu’à maintenant? Mes billets sont achetés et devraient contribuer à ce qui deviendra sûrement le phénomène le plus rentable de l’histoire du cinéma, et ce, du moins, jusqu’au lancement du prochain épisode. Date de sortie prévue : 18 décembre.

Legend : Legend, c’est l’histoire des frères jumeaux Kray, deux gangsters ayant sévi dans l’Angleterre des années 50 et 60, incarnés dans le film par un seul et unique legend-postercomédien, à savoir l’imperturbable caméléon Tom Hardy.  Aux commandes de ce polar biographique noir et sanglant, le réalisateur-scénariste Brian Helgeland, oscarisé pour l’adaptation cinématographique de L.A. Confidentiel de James Ellroy. Date de sortie prévue : 4 décembre.

The Big Short : Avec Christian Bale, Brad Pitt, Ryan Gosling et Steve Carell au haut de l’affiche interprétant des personnages qui vont parier contre les banques juste avec le krach boursier de Wall Street en 2008. On est très, mais très curieux de le voir. Date de sortie prévue : 23 décembre.

Hôtel La Louisiane : Ce documentaire réalisé par le directeur photo Michel La Veaux dresse le portrait du mythique hôtel de la rive gauche parisienne, un lieu qui a accueilli au fil des années Juliette Gréco, Simone de Beauvoir, Miles Davis et Robert Lepage. Un film qui donne envie de s’évader. Date de sortie prévue : 18 décembre.

Hitchcock / Truffaut : En 1962, les réalisateurs Alfred Hitchcock et François Truffaut se retrouvent à Hollywood pour un entretien qui deviendra légendaire, une discussion portant sur les rouages du cinéma et les secrets de la mise en scène au grand écran. Les échanges immortalisés sur papier deviendront mythiques, Truffaut, fan fini du cinéaste britannique, étant mystifié à plusieurs reprises durant cette rencontre. Un documentaire essentiel et qu’on n’attendait plus. Date de sortie prévue : 18 décembre.

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Jennifer Lawrence dans Joy

Joy : Cette biographie reposant sur (encore) le rêve américain nous permettra de voir l’exubérante Jennifer Lawrence redirigée par David O. Russell (American Hustle). Joy Mangano, la femme au cœur du récit, a inventé un balai à vapeur révolutionnaire. À voir évidemment pour la performance des acteurs et non pour celle du balai en question. Date de sortie prévue : 25 décembre.

Danish Girl : Ce film précédé d’échos des plus élogieux nous donnera l’occasion de voir deux comédiens en pleine ascension, reconnus déjà parmi les meilleurs de leur génération : Eddie Redmayne (The Theory of Everything) et Alicia Vikander (Ex Machina). Le long métrage, lui, se penche sur l’histoire d’un des premiers transsexuels qui s’est fait opérer pour devenir une femme. Date de sortie prévue : 18 décembre.

Macbeth :  Lancée à Cannes au mois de mai dernier et fort d’un tandem formé des très talentueux Michael Fassbender et Marion Cotillard, cette relecture du classique de Shakespeare a profité d’un bouche à oreille positif jusqu’ici. Un long métrage d’acteurs comme on dit. Date de sortie prévue : 11 décembre.