En mémoire d’une coccinelle

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Dean Jones dans Un amour de coccinelle

Après la disparition récente du cinéaste Wes Craven, un autre décès digne de mention est survenu cette semaine dans le milieu du cinéma, soit celui du comédien américain Dean Jones, âgé de 86 ans. Bien que peu évocateur pour l’ensemble de la population actuelle, son nom demeure associé à un bon nombre de comédies familiales loufoques et inoubliables, du moins pour les gens de 40 et de 50 ans qui, enfants, comme moi, fréquentaient les salles de cinéma durant les années 70 et regardaient les émissions hebdomadaires de Walt Disney ou encore Ciné-Quiz les après-midis de congés scolaires.

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Dean Jones 1931-2015

Dean Jones se spécialisait dans les rôles de straight man, père de famille ou héros anonyme gaffeur, dans des productions disneyennes candides destinées à toute la famille comme Le Fantôme de Barbe noire, Un amour de coccinelle et 3 Étoiles, 36 chandelles. L’annonce de son décès m’a inévitablement ramené à une époque où chaque film prenant l’affiche en salle en région avait son importance. Une époque où la sortie au cinéma (en programme double il faut le rappeler) représentait des heures de joies et de découvertes inestimables pour l’enfant curieux que j’étais.

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Terry Thomas

Loin de moi l’idée de proclamer haut et fort, dans un élan de nostalgie, que cette époque est révolue, mais j’ai souvent l’impression que les films familiaux actuels s’enfoncent dans un canevas inévitable où les pétarades sont reines et où les effets spéciaux sont rois, et ce, bien souvent, au détriment d’un scénario original de qualité, faisant la part belle à des personnages dénués de toute profondeur psychologique. C’est un peu pourquoi le visage de Dean Jones m’a fait réfléchir sur mes années de jeunesse à rire des scènes burlesques de ces longs métrages tournés avec peu de budget mais beaucoup d’inventivité et misant sur des bouilles patibulaires d’acteurs typées fort sympathiques comme les Cesar Romero, Walter Matthau et Terry Thomas.

L’effet positif des comédies destinées au jeune public n’est pas à prendre à la légère et dans une optique disons plus locale, il serait d’ailleurs grand temps que les bailleurs de fonds comme Téléfilm et la SODEC mettent en place des quotas de productions annuelles de films pour enfants. Les Contes pour tous ont longtemps été une fierté pour le Québec et une carte de visite extraordinaire sur le marché international du cinéma. C’était la plus belle façon de se reconnaître culturellement dans des aventures cinématographiques intelligentes et pas du tout moralisatrices, des récits enlevants et touchants. Relancer ce marché avec une volonté politique claire et bien définie m’apparaît essentielle. Avec la prochaine sortie de La Guerre des tuques, version 3D, la question mérite d’être posée. D’ici là, j’ai une pensée pour Dean Jones et pour tous ceux qui m’ont fait rêver quand j’étais petit, des artisans qui méritent tous 3 étoiles et 36 chandelles.

Dix films à voir en septembre

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Paul entouré de sa belle-famille dans Paul à Québec

Comme à l’habitude, la rentrée cinéma de l’automne semble des plus savoureuses. Commençons par jeter un coup d’œil sur les sorties prévues pour septembre en extirpant de la quarantaine de films qui prendront l’affiche durant cette période au Québec, les dix longs métrages qui paraissent incontournables.

Paul à Québec : Film d’ouverture du Festival de cinéma de la ville de Québec, cette réalisation de François Bouvier est dotée d’une fort belle distribution : François Létourneau, Julie Le Breton, Patrice Robitaille, Gilbert Sicotte, Louise Portal. Le film, dont quelques scènes furent tournées dans la région, est l’adaptation de la drôle et touchante bande dessinée de Michel Rabagliati. Un long métrage qui devrait attirer les foules. Sortie en salle prévue le 18 septembre.

Sicario : D’après sa bande-annonce, le nouvel opus de Denis Villeneuve semble naviguer dans les mêmes eaux que Traffic de Steven Soderbergh, film sorti voilà maintenant quinze ans et dans lequel jouait également Benicio Del Toro. On peut déjà y voir un drame d’action intelligent, énergique etsicario_movie cruellement lucide sur la lutte sanglante liée au commerce de la drogue à la frontière des États-Unis et du Mexique. Sortie en salle prévue le 25 septembre.

Black Mass (Messe noire) : Un autre long métrage assez violent portant sur la criminalité organisée, mais situé plus au nord, à Boston précisément. Ce film biographique met en scène un Johnny Depp métamorphosé, incarnant Whitey Bulgar, l’un des criminels les plus recherchés du FBI pendant douze ans.  La bande annonce nous présente Depp comme un véritable psychopathe du monde interlope. Sortie en salle prévue le 18 septembre.

Maze Runner: The Scorch Trials (L’Épreuve : la terre brûlée): Voici le second volet d’une série fort bien démarrée avec le premier titre sorti l’an passé. Surfant sur la vague dystopique qui englobe Hunger Games et Divergent, Maze Runner propose, dans un format de pur divertissement, une envolée inquiétante vers un futur anticipé que ne renierait pas Philip K. Dick. Sortie en salle prévue le 18 septembre.

Pawn Sacrifice (Le Prodige) : Inspiré de la vie du champion d’échecs Bobby Fischer, ce film réalisé par Edward Zwick (Légendes d’automne) tournera autour du match du siècle opposant l’Américain  au champion russe Boris Spassky, en 1972. Cette production donnera la chance à Tobey Maguire de nous faire oublier définitivement son rôle dans Spider-Man. Sortie en salle prévue le 25 septembre.

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Le Dernier Loup

Le Dernier Loup : Jean-Jacques Annaud a longtemps été reconnu comme un des plus brillants réalisateurs français, auteur d’œuvres coproduites, diversifiées et de grande qualité (Le Nom de la rose, La Guerre du feu). Avec son nouveau long métrage, le cinéaste revient à la fiction animalière (L’Ours, Deux Frères), domaine qu’il connaît bien, nous amenant cette fois-ci visiter les steppes mongoles à la rencontre des hordes de loups qui les habitent. Le Dernier Loup est un film familial, touchant et bien sûr porté par des images dépaysantes d’une très grande beauté. Sortie en salle prévue le 11 septembre.

99 Homes : Après s’être fait un nom comme super-héros dans les deux dernières aventures de Spider-Man, Andrew Garfield prendra les traits d’un jeune homme forcé de travailler pour celui qui l’a escroqué et qui lui a fait perdre sa maison. À ses côtés, dans le mauvais rôle, on retrouve l’immense et inquiétant Michael Shannon. Beau duel à prévoir. Sortie en salle prévue le 25 septembre.

Vincent n’a pas d’écailles : Ça, c’est le titre sorti de nulle part, celui que personne n’attendait et qui, étonnamment, se révèle tout à fait charmant. Ce long métrage français, réalisé et joué par Thomas Salvador, revisite de façon intimiste et ludique le film de super-héros en nous offrant le récit d’un homme dont la force est décuplée au contact de l’eau. Avec en bonus des effets spéciaux rudimentaires et stupéfiants et une finale tournée au Québec. Sortie en salle prévue347644 le 4 septembre.

Green Inferno : Là, on est évidemment dans l’antithèse du film grand public, car on s’adresse précisément aux amateurs d’horreur extrême et d’exotisme gore, à ceux qui parlent encore avec nostalgie du classique du genre, Cannibal Holocaust, datant de 1980. En résumé, des activistes américains deviennent les proies d’une tribu amazonienne. Sadisme touristique au menu, âmes sensibles s’abstenir. Sortie en salle prévue le 25 septembre.

Scratch : Ce premier long métrage réalisé par le Québécois Sébastien Godron prend la forme d’un drame musical et social autour de la vie de Leslie, un jeune Haïtien de Montréal, chanteur de hip-hop, sur le point de voir sa carrière décoller. Mais un incident violent mettra subitement un terme à sa courte carrière qui faisait l’objet d’un tournage documentaire. Sortie en salle prévue le 25 septembre.

L’invasion québécoise surprise du mois d’août

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Voici une petite constatation fort intéressante avant de vous parler, la semaine prochaine, de la très attendue rentrée de l’automne 2015 qui promet comme toujours d’être enlevante. Le mois d’août est habituellement un mois négligé pour les sorties en salle. Les gros blockbusters ayant pris l’affiche plus tôt dans la saison, on déverse sur nos écrans  à cette période de l’année des films plus marginaux ou bien sur lesquels on fonde moins d’espoir du côté des recettes au guichet.

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Ricardo Trogi, réalisateur

Pourtant, un de nos cinéastes, Ricardo Trogi, y voit le plus beau mois de l’année pour lancer ses longs métrages. En effet, Trogi a lancé avec bonheur quatre de ses cinq longs métrages durant cette période dont le tout dernier, Le Mirage, qui connaît un fort beau succès présentement. Québec-Montréal, son premier film, avait eu une carrière étonnante en 2002 en étant lancé au début du mois d’août. Depuis, Trogi et ses producteurs poursuivent dans cette voie avec une stratégie de lancement qui leur est tout à fait profitable. Étonnamment, cette année, d’autres productions locales empruntent la même stratégie de sortie : Le Dep, Nouvelles, Nouvelles, Le Journal d’un vieil homme, Turbo Kid et bientôt Scratch. Un beau total de six longs métrages québécois prenant l’affiche sous le signe du Lion, du jamais vu si je ne m’abuse.

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Scratch de Sébastien Godron

Que faut-il donc conclure de cette petite statistique? Assurément que si une œuvre n’est pas sélectionnée aux festivals de Locarno, de Venise, de Telluride, de Montréal ou de Toronto, eh bien, il vaut mieux la sortir en salle avant l’arrivée des gros canons de l’automne. De toute façon, le pari n’est pas très risqué, et quand on voit l’automne venir avec les nouvelles réalisations de Philippe Falardeau, Guy Édoin, Philippe Lesage, Charles-Olivier Michaud, André Turpin, Anne Émond et Jean-François Pouliot, on sait que le calendrier, malgré tout, sera des plus achalandés. Profitons du mois d’août pour voir le cinéma d’ici qui se distingue encore par son originalité et sa diversité, et prenons des vitamines pour faire farce à la déferlante cinématographique de l’automne.

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Découvrir Purdie sur grand écran.

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Voilà quelques années, le cinéaste Helgi Piccinin a rencontré Marc-André Manseau, qui lui a parlé de son désir de faire un film sur le musicien Bernard « Pretty » Purdie. L’idée a germé, Piccinin s’apercevant qu’il connaissait sans le savoir Purdie, percussionniste ayant joué, sur scène ou en studio, avec les plus grands noms du rock, du jazz et du pop, dont Aretha Franklin, James Brown, Nina Simone et même supposément les Beatles. Les deux réalisateurs s’entendent pour élaborer un projet de documentaire et signent une entente d’exclusivité de trois ans avec Bernard Purdie.

Inconnu du grand public, mais véritable légende dans le milieu musical, Bernard Purdie est aujourd’hui âgé de 73 ans (au contraire des infos qui circulent lui donnant 2 ans de plus) et demeure très actif. Pourtant, aucun documentaire n’a été réalisé sur lui ou sur son étonnante carrière entamée voilà plus de 50 ans. « Bernard a joué avec tous les grands et, en plus, ses beats ont été samplés par des DJ de hip hop très souvent. C’est quelqu’un qui a transmis son savoir en guidant les plus jeunes percussionnistes à qui il a enseigné. Son univers est très, très vaste », de préciser Helgi, aussi connu pour avoir réalisé et lancé plus tôt cette année à Québec le formidable moyen métrage Coureurs des toits.

Dans un monde idéal, les deux coréalisateurs veulent faire de ce projet un long métrage comprenant une première partie constituée de témoignages de la famille et de collaborateurs de Bernard décrivant son apport à la musique, et une seconde partie explorant avec le batteur l’univers de création en studio afin de capter l’énergie des bandes de musiciens qui y travaillent. « Nous voulons 11806425_10155985787910347_808103656_omettre en lumière l’histoire des musiciens de session à travers son parcours. Il passe sa vie sur la route, en studio ou sur scène, et malgré toutes ces années, il est en grande forme », de préciser Helgi, ajoutant : « s’il y a un côté sombre à l’histoire, c’est qu’il soit aussi méconnu du grand public; sinon, il ne boit pas, ne se drogue pas, mais il a quand même tout un ego, et bien sûr il faut dealer avec ça ».

Une campagne de sociofinancement visant à amasser 50 000$ à l’aide de la plateforme Indiegogo a été mise en branle récemment pour lancer la production du documentaire.  « Cette campagne, c’est une première étape, car il faudra aller chercher du financement traditionnel et des partenaires IMG_1799_webafin d’avoir l’argent pour le tournage et la postproduction », de dire le jeune cinéaste. Car le budget total devrait tourner idéalement autour de 500 000$, dont la moitié, et c’est le défi à relever, servira à payer les droits musicaux des artistes pour lesquels Bernard Purdie a joué. Mais avec un tel sujet, on peut penser que tous les festivals internationaux voudront présenter le film et, pourquoi pas, des happening musicaux autour de l’événement. Intitulé présentement A Purdie Good Life, le documentaire pourrait voir le jour en 2017; d’ici là, tous les espoirs sont permis et la campagne de financement bat son plein via cette adresse Internet :

https://www.indiegogo.com/projects/a-purdie-good-life-the-documentary–2#/story

Voici en terminant un extrait vidéo sélectionné par Helgi Piccinin démontrant le grand talent de ce musicien et véritable métronome humain. À suivre…

 

Et ça tourne…à Québec !

Grande et fort belle nouvelle pour la région et pour les artisans du milieu du cinéma d’ici. Ce n’est pas un, ni deux, mais bien trois films de fiction qui seront tournés à Québec cet automne. De mémoire, il s’agit d’une première, d’autant plus que les récents longs métrages filmés dans la Capitale étaient des projets « montréalais » pilotés par des réalisateurs qui s’arrêtaient quelques jours dans la région pour y capter quelques scènes comme ce fut le cas pour 1987, Le Mirage ou Paul à Québec.

Voici en résumé les trois projets, tous dotés d’un budget plutôt modeste pour des longs métrages, et qui devraient sortir en salle en 2016 si tout se passe bien.

Desperado, réalisé et scénarisé par Richard Angers (Chambre no 13) et mettant en vedette Marc Messier. Résumé :  Adrien, un solitaire d’âge mûr, se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment et se fait enlever par deux jeunes qui se sont sérieusement mis dans le pétrin. Commence alors pour ce trio improbable un voyage tumultueux, où chacun sera forcé de révéler sa vraie nature.

Feuilles mortes, coréalisé par Thierry Bouffard, Steve Landry et Édouard Tremblay, film choral d’anticipation mettant en vedette Roy Dupuis. Résumé : Chassé-croisé de trois histoires se déroulant au Québec à la suite d’un effondrement économique total. Le Québec rural est à l’image de l’Ouest sauvage du 19e siècle. En dehors des villages vivant en autarcie, l’anarchie règne et les régions sont devenues des no man’s land où prolifèrent des communautés d’exclus et de bandits de grand chemin. Trois personnages aux buts différents verront  leurs destinées s’entrecroiser.

Wildwoods, réalisé par Samuel Matteau et adapté du roman Haine-moi de Paul Rousseau. Le film mettra en vedette  Théodore Pellerin, Noah Parker et Claude Robinson. Résumé : L’histoire de TV et Samu, des ados de 15 qui fuguent de leur banlieue aisée de Sillery et qui se font initier à la rue par une bande d’orphelins.

Je reviendrai évidemment sur ces différents tournages dans quelques semaines car nul besoin de souligner à quel point il fera bon entendre à Québec cet automne les mots «silence, moteur, action! »

 

 

Après moi, le déluge

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Dustin Hoffman dans Straw Dogs

Ainsi donc, Dustin Hoffman en a marre du cinéma, comme spectateur du moins. Loin de moi l’idée de fermer les yeux sur les problèmes qu’éprouve de façon générale l’industrie du cinéma, mais la réelle déception de Dustin Hoffman envers un art qui le fait toujours vivre m’a un peu fait sourciller. L’acteur, vu récemment dans Boychoir, plus récent film de François Girard, a déclaréce qui suit en entrevue au quotidien britannique The Independant  : « Je trouve qu’en ce moment, la télévision atteint son meilleur niveau, alors que les films atteignent le pire depuis 50 ans, depuis que je fais du cinéma ». Une phrase qui, sortie de son contexte ou non, mérite qu’on s’y attarde.

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Mad Max: Fury Road

S’il est vrai que le milieu télévisuel, surtout américain et britannique, ne manque vraiment pas d’audace depuis une dizaine d’années, j’ai l’impression que Dustin Hoffman ne fait pas preuve d’une grande curiosité de cinéphile lorsqu’il parle de cette façon, embrassant de façon très générique la production de films. A-t-il seulement vu La Vie d’Adèle, Whiplash, Birdman, Winter Sleep, Dallas Buyers Club, L’Inconnu du lac, Under the Skin, Saint Laurent, Blue Ruin, Mud, The Most Violent Year, la refonte de Mad Max, Mommy ou Félix et Meira (ce dernier venant de connaître un beau succès à New York)? A-t-il vu ces films qui font preuve d’une grande qualité souvent bonifiés d’une audace visuelle, mais qui surtout misent sur des scénarios formidables mis en scène par des réalisateurs de talent? Probablement pas, ou si peu…

Mais la question se pose, la qualité des films en 2015 est-elle en baisse? Selon moi, sûrement pas. S’il y a lieu de s’inquiéter, c’est surtout du côté de la médiatisation des films, de l’uniformisation des blockbusters, de la production de longs métrages en série qui n’étonnent plus personne une fois les rideaux ouverts. Comment un film de qualité, produit à petit budget, peut-il aujourd’hui se démarquer à travers l’océan de titres qui inondent nos écrans, petits et grands? Ça aussi, c’est une problématique qui paraît inquiétante. La distribution et la diffusion peinent à imaginer des stratégies pour contrer ce phénomène alors que la durée de vie en salle d’un long métrage rapetisse d’année en année, que le marché du DVD s’effondre et qu’on s’interroge encore sur la façon de lancer une œuvre en VSD avec l’arrivée du géant Netflix qui monopolise l’attention.

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Dustin Hoffman dans le pénible Sphere

La déclaration d’Hoffman me paraît également douteuse parce qu’elle rejoint celles de bon nombres d’artistes de sa génération qui n’arrivent tout simplement plus à suivre le courant créateur actuel. Des musiciens, des cinéastes, des écrivains de 60 ans et plus qui déplorent le trop grand nombre d’albums, de films, de livres sur le marché, et qui, en plus, osent souvent affirmer que « c’était bien meilleur avant et qu’il n’y a plus rien de bon actuellement ». Dustin Hoffman, comédien formidable s’il en est un (The Graduate, Marathon Man, Straw Dogs, Kramer vs Kramer) devrait se concentrer sur sa propre carrière, fortement en déclin depuis Rain Man, lui qui accepte depuis plus vingt ans de jouer dans de nombreux films alimentaires aux scénarios peu inspirés comme Sphere. Un mauvais film ne se fait pas sans comédiens.

Cela dit, on verra si Hoffman a fait un choix éclairé en acceptant de jouer dans The Program de Stephen Frears, un film relatant la vie du coureur cycliste Lance Armstrong dont la bande-annonce, que voici, vient d’être mise en ligne récemment et qui arrivera en salle d’ici Noël, période de l’année où les meilleurs films s’entassent sur nos écrans, et ce, bon an, mal an.

Salmigondis du mardi #2

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Nino Rota et Federico Fellini

Le décès tout récent et accidentel du compositeur James Horner, spécialisé dans la musique de films, m’a fait réfléchir sur un changement artistique certain entourant ce métier. Durant quelques décennies, une fraternité professionnelle s’exerçait dans le milieu du cinéma. Des partenariats solides entre cinéastes et compositeurs semblaient presque relevés du mariage biblique. Pensons aux tandems mythiques formés de Leone et Morricone, Fellini et Rota, Lynch et Badalamenti, Hitchcock et Hermann, Spielberg et Williams, etc.

Aujourd’hui, les compositeurs les plus réputés travaillent pour de multiples réalisateurs dont les univers ont parfois très peu à voir avec la vision artistique de celui qui signera toutes les musiques de leurs films, souvent conçus en rafales ou simultanément. Par exemple, aussi talentueux qu’il soit, Alexandre Desplat voit depuis quelques années ses œuvres se perdre à travers les films de Wes Anderson, de Jacques Audiard et de Daniel Auteuil, sans pour autant tisser de liens solides avec un réalisateur en particulier. Il compose à un rythme effréné, réalise bon an, mal an, la musique de six à sept longs métrages signés par des metteurs en scène de différents pays.

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James Horner, compositeur (1953-2015)

M’enfin, loin de moi l’idée d’être nostalgique, mais bon, le décès de James Horner m’a apporté cette réflexion. Cela dit, concernant ce dernier, je garderai un beau souvenir de son travail en général. Horner aura coloré de ses plus belles partitions des films comme Braveheart, Le Nom de la rose, Swing Kids et plus encore. Évidemment, le grand public se souviendra davantage de lui pour avoir pondu le ver d’oreille de centre commercial qu’est devenue la chanson thème de Titanic. Moi, je préfère me souvenir que la version chantée de son thème fut fort heureusement gardée pour le générique de fin…

Mais bref, si l’univers des musiques de films vous passionne, il vous faut découvrir le site Internet http://www.lagrandeevasion.fr qui se spécialise dans ce domaine, officiant comme une Web radio entièrement consacrée aux musiques originales et aux chansons interprétées dans des longs métrages aussi bien français, américains qu’ internationaux, et ce, de toutes les époques. De plus, les indications d’usage (titre de l’œuvre, titre du film, année, nom du compositeur et nom du réalisateur) sont bien présentes. Un réel plaisir pour les oreilles d’un cinéphile mélomane.

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Alicia Vikander dans Ex Machina

Cela dit, pour revenir à mes récents classements des meilleurs acteurs et meilleures actrices de cinéma du moment, certains noms, omis dans mes listes, ont été suggérés par des lecteurs. En voici quelques-uns : Joaquin Phoenix, Juliette Binoche, Gael Garcia Bernal, Anne Dorval, Jessica Chastain, Daniel Day-Lewis, Matthew McConaughey entre autres. Tous très talentueux. Avoir plus de place, j’aurais moi-même ajouté un Philip Seymour-Hoffman s’il n’était pas décédé récemment ou bien les Christian Bale, Ricardo Darin, Reda Kateb, Alicia Vikander, Matthias Shoenaerts, Vincent Cassel et Léa Seydoux qui auraient facilement pu s’y trouver.

En terminant, un petit mot sur les films québécois qui sortiront d’ici l’automne. L’été étant la saison la plus calme de ce côté, entre le 1er juillet et le 1er septembre, on ne dénombre que cinq longs métrages québécois qui se tailleront une place dans nos salles. En voici la courte liste : Le Bruit des arbres (de François Péloquin, avec Roy Dupuis), Ego Trip (de Benoît Pelletier, avec Patrick Huard), Le Mirage (de Ricardo Trogi, avec Louis Morissette), Le Journal d’un vieil homme (de Bernard Émond, avec Paul Savoie), Turbo Kid (du collectif RKSS, avec Laurence Lebœuf). Des œuvres très différentes les unes des autres, à découvrir si on est le moindrement intéressé par ce qui se fait ici.

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Laurence Leboeuf dans Turbo Kid

Quels films voir cet été ? Seconde partie.

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Jake Gyllenhaal dans Southpaw

Voici le deuxième et dernier texte portant sur les films à voir cet été, ceux qui se démarquent à travers la flopée de blockbusters bruyants et explosifs prenant l’affiche durant « la saison morte ». Dans ce second volet, vous retrouverez les dix longs métrages les plus intéressants selon moi, dix films qui sortiront en salle ici en juillet en août prochains.

1-Southpaw : Ce film, baptisé Le Gaucher en version française au Québec, mettra de l’avant tout le talent de Jake Gyllenhaal qui, pour l’occasion, enfilera les gants d’un boxeur qui veut retrouver sa dignité après le décès de sa conjointe et la perte de la garde de sa fillette. La rumeur établit déjà l’acteur comme candidat assuré à la prochaine cérémonie des Oscars. Antoine Fuqua réalise, Rachel MacAdams et Forest Whitaker sont les deux autres têtes d’affiche.

2-Réalité : Ce cinquième long métrage du Belge Quentin Dupieux (Rubber) se déroule dans les coulisses d’Hollywood et semble aussi absurde que ces précédentes réalisations. La bande-annonce nous laisse entrevoir un univers qui rappelle celui de David Lynch 225x300_231635(Mulholland Drive) tout comme celui de Robert Altman (The Player). À la différence que Dupieux mise sur un humour décalé pour décrypter le milieu du cinéma, à travers un récit écartelé entre le rêve et la réalité.

3-Amy : Présenté à Cannes en mai dernier, ce documentaire portant sur la défunte chanteuse britannique Amy Winehouse a été monté de bout en bout avec des films d’archives qui, selon les échos cannois, rendent l’ensemble des plus troublants. Le film est une réalisation d’Asif Kapadia, celui-là même qui avait conçu le formidable documentaire sur le pilote de Formule un Ayrton Senna.

4-Anatomie d’un double crime : Des paysages andalous surréalistes et inquiétants, une intrigue digne de Se7en, une pléthore de prix remportés aux Goyas (les Oscars espagnols), voilà bien des raisons qui font de ce thriller réalisé par Alberto Rodríguez un incontournable cet été. Au cœur du récit, dans l’Espagne des années 80, l’enquête de deux policiers aux multiples contrastes sur le meurtre d’une jeune femme dans un village aux contours marécageux et angoissants.

5-Underdogs : Aussi appelé Metegol et Foosball, ce film d’animation conçu autour du jeu de Unknownbaby-foot (soccer sur table) profite d’une bande-annonce des plus réjouissantes. En Argentine, son pays d’origine, le long métrage a fait un tabac au box-office lors de sa sortie. Le réalisateur, Juan José Campanella, change de registre avec Underdogs, lui qui en avait séduit plus d’un avec le suspense Dans ses yeux, lauréat de l’Oscar du meilleur film étranger en 2010.

 

6-L’Homme irrationnel : Le nouveau Woody Allen annuel a tout pour nous séduire, et ce, même si le canevas ne semble pas très original. Un prof d’université charme coup sur coup une étudiante et une collègue, puis plonge dans une sombre histoire de crime. Joaquin Phoenix et Emma Stone sont au cœur du film qui se situerait, selon la critique, dans la frange plus sombre du réalisateur aux côtés de Match Point et de Crimes et délits.

7-Le Mirage : La plus récente réalisation de Ricardo Trogi apparaît très prometteuse. Le cinéaste originaire de Québec se penche à nouveau sur les relations de couple, faisant ainsi écho à Horloge biologique, avec cette histoire conçue par Louis Morissette et François Avard. Le récit qu’il met en scène nous plonge dans la remise en question d’un trentenaire (Louis Morissette) qui peine à trouver le bonheur dans son travail et sa vie de couple. Julie Perreault, Christine Beaulieu et Patrice Robitaille complètent cette fort belle distribution.

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Louis Morissette et Patrice Robitaille dans Le Mirage de Ricardo Trogi

8-Mr Holmes : L’extraordinaire Ian McKellen (Gandalf dans le Seigneur des anneaux) incarne ici un Sherlock Holmes à la retraite, qui, en 1947, décide de reprendre une enquête non conclue, enquête qui l’obsède depuis plus de 50 ans. Réalisé par Bill Condon (Kinsey), le long métrage met aussi en vedette dans le rôle de la gouvernante du détective, l’excellente Laura Linney. Mr Holmes a tout pour être un film d’enquête divertissant, s’adressant à notre intelligence avec subtilité, le tout enrobé d’une essentielle touche d’humour britannique.

9-Regression : Regression marque le retour au thriller pour l’Espagnol Alejandro Amenabar. Le suspense met en vedette Emma Watson (la Hermione d’Harry Potter) et Ethan Hawke et l’histoire, qui se déroule au Minnesota, en 1990, relate l’enquête d’un psychologue sur un horrible crime commis lors d’une messe noire. Amenabar a prouvé avec La Mer intérieure, Les Autres et Ouvre les yeux, qu’il était un formidable réalisateur. Mais après l’échec d’Agora, son dernier film sorti voilà six ans, a-t-il encore l’élan créateur pour nous impressionner?

10-Turbo Kid : Coréalisé par le trio formé de François Simard et des frère et sœur Anouk et Yoann-Karl Whissel (trio à l’origine du mythique court métrage Le Bagman), Turbo Kid est un long métrage psychotonique post-apocalyptique mettant en vedette Munro Chambers, Laurence Lebœuf et Michael Ironside. On parle ici d’une rareté car, bien que tourné en anglais, Turbo Kid est une coproduction québécoise, l’autre partenaire financier étant la Nouvelle-Zélande. La sortie du film a récemment été annoncée pour le 28 août prochain.Voici d’ailleurs, pour conclure, la bande-annonce de Turbo Kid, sorte de croisement entre Mad Max et Le Gang des BMX.

Acteurs: la crème de la crème

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Robert De Niro et Gérard Depardieu dans Novecento

Voici la suite de mon dernier texte de blogue qui portait sur celles que je considère comme les meilleures actrices du moment. Le principe est le même, mais pour les acteurs : faire un palmarès, dans le désordre, des comédiens les plus fascinants du moment. Pas ceux de la télé ou du théâtre, mais bien ceux que l’on voit régulièrement au grand écran. Pas ceux qui m’ont marqué ces dernières décennies comme Depardieu, De Niro, Keitel, Hoffman, Hackman, Malkovich, Auteuil, Poelvoorde ou Luchini, mais bien les acteurs internationaux qui, actuellement, depuis quatre ou cinq ans, font la manchette pour les bonnes raisons.

Pour élaborer un tel palmarès, il faut prendre en considération le talent, le charisme, les choix de films et le cheminement en général de ces artistes. La subjectivité est bien évidemment au rendez-vous tout comme de possibles oublis. Voici donc mon top 10 des meilleurs acteurs actuellement au cinéma.

Michael-Fassbender-michael-fassbender-31686426-449-458Michael Fassbender

Cet Allemand de 38 ans s’est fait connaître dans plusieurs drames britanniques assez durs comme Fish Tank et Hunger. Remarquable dans Shame et 12 Years a Slave de Steve McQueen, on l’a aussi vu chez Tarantino (Inglourious Basterds) et dans le rôle du super vilain Magneto dans la série de films des X-Men. Débordant de talent et de sex-appeal, Fassbender accumule les grands rôles et le meilleur pour lui, reste encore à venir.

 

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Remarqué du grand public dans Les 7 jours du talion réalisé par Podz et vu sur scène avec Les Breastfeeders, l’acteur a prouvé récemment son grand talent dans le très beau film de Maxime Giroux, Félix et Meira. Martin Dubreuil possède un naturel confondant et une tête atypique. D’apparence chétive, il est pourtant d’une rare intensité. Sa grande force est d’être capable de jouer aussi bien une crapule de la pire espèce qu’un Roméo de ruelle attendrissant.

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Les Américains aiment lui faire jouer les méchants (Casino Royal, Hannibal), mais on l’a découvert ici dans des rôles très touchants, voire romantiques, dans des longs métrages signés par sa compatriote danoise Susanne Bier (Open Hearts, After the Wedding). Aussi à l’aise dans les films d’époque (Royal Affair) que dans les longs métrages d’aventures (Valhalla Rising), Mikkelsen a tout pour nous plaire et pour longtemps encore.

Michael_shannon_bryan_adams_zoo_no._36_16Michael Shannon

Que ce soit dans un premier (Bug) ou dans un second rôle (Revolutionary Road), la force de cet acteur impressionne. Dans Take Shelter, Shannon réussissait avec justesse à étaler sa détresse psychologique avec autant de force que de subtilité. Physiquement imposant, possédant un regard inquiétant, le comédien incarnera Elvis Presley face à un président Nixon joué par Kevin Spacey, dans un film de Liza Johnson qui devrait sortir début 2016.

ISAACsum_2778271bOscar Isaac

Originaire du Guatemala, Oscar Isaac a hérité de nombreux petits rôles avant d’être révélé dans Inside Llewyn Davis des frères Coen. Depuis, les grands cinéastes lui font confiance. 2015 est une belle année pour lui, car on a pu le voir dans The Most Violent Year, puis dans le drame de science-fiction Ex Machina. Et on le retrouvera en décembre prochain dans Star Wars: The Force Awaken,  ce qui devrait lui permettre de devenir une icône internationale.

s_s_aec04_-_cm_-_mathieu_amalric_-_1_-_r_-_62Mathieu Amalric

Une vraie tête de Français comme on dit ici. Amalric est un acteur frêle, aux mimiques gainsbourgriennes, porté par un jeu énergique et nerveux. Avec son regard avide et troublé, l’acteur s’est trouvé de forts beaux rôles chez Arnaud Desplechin (Rois et reine) et les frères Larrieu (L’Amour est un crime parfait). On se souvient aussi de lui alité dans Le Scaphandre et le papillon et mis en garde en vue dans La Chambre bleue, deux œuvres marquées par son génie du jeu.

"Inception" PremiereTom Hardy

Une force tranquille, comme Marlon Brando. Le genre de comédien qui peut passer inaperçu, changeant de visage sans qu’on s’en rende compte. Les belles performances de la part du Londonien sont légion : Bronson, Warrior, The Dark Knight Rises, Locke et tout récemment Max Max: Fury Road. D’ici la fin de l’année, on le verra dans The Revenant d’Inarritu, aux côtés de DiCaprio. On a hâte!

 

imagesJake Gyllenhaal

Un acteur surprenant qui, d’année en année, prend du galon. On aime sa belle gueule, certes, mais encore plus son audace dans ses choix de films. D’un naturel désarmant, il incarne à merveille le boy next door un peu taciturne, voire inquiétant. Denis Villeneuve a fort bien exploité toutes ses facettes dans l’étrange Enemy. Depuis, Gyllenhaal a été génial dans Nightcrawler et devrait l’être à nouveau cet été en boxeur dans Southpaw.

Guy-Pearce-CelebHealthy_comGuy Pearce

J’ai découvert ce comédien dans Priscilla, reine du désert, sosie australien de Stéphane Rousseau. Puis, je l’ai revu dans L.A. Confidential, Ravenous, Memento, The Proposition. Ces rôles ont fait de moi un fan fini de cet acteur qui se transforme d’un film à l’autre et qu’on retrouve dans de nombreux longs métrages de genre, souvent marginaux, dans lesquels il demeure toujours aussi juste et surprenant.

 

JaviJavier_Bardemer Bardem

L’une des plus belles têtes de l’histoire du cinéma, déjà considéré comme un monstre sacré à l’international. Il peut tout aussi bien jouer les tombeurs chez Woody Allen ou Almodóvar, qu’un tueur diabolique chez les frères Coen et face à  James Bond. Ses rôles dans Biutiful et dans La Mer intérieure ont démontré le grand savoir-faire de l’Espagnol. À l’automne, il sera fort bien entouré par Charlize Theron et Adèle Exarchopoulos dans The Last Face, un film signé Sean Penn.

En terminant, si vous avez deux minutes, je vous invite à jouer le jeu et à bonifier cette liste de vos propres choix, ou encore à la commenter. Je me permettrai de revenir bientôt sur cet exercice ludique pour un court bilan et de terminer le tout, en beauté, avec un palmarès des dix grands réalisateurs du moment.

Actrices: la crème de la crème

 

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Nathalie Baye et Isabelle Huppert

Et si pour s’amuser un peu nous dressions un palmarès des meilleures actrices de cinéma. Une liste qui s’attarderait surtout à celles qui présentement sont au sommet ou qui s’y rendront très bientôt. Longtemps, j’ai admiré le travail d’Isabelle Huppert et de Nathalie Baye en France, de Meryl Streep et de Kathleen Turner aux États-Unis et de Pascale Bussières et d’Anne-Marie Cadieux au Québec. Même si ces comédiennes sont encore épatantes aujourd’hui, quelles sont celles qui attirent en ce moment même l’attention, celles qui font que l’on s’intéresse à un nouveau film, qui nous épatent à chacune de leur présence au grand écran? Allons-y de cet exercice, très subjectif évidemment; exercice constitué d’un palmarès très personnel présentant, sans ordre précis, dix actrices que j’affectionne plus particulièrement et qui, depuis une décennie au moins, démontrent une belle constance, s’imposant grâce à leur talent et à leurs choix de films, tout en étant dotées d’un réel charisme cinématographique.

 

BN-BY925_mag041_OZ_20140318165119Scarlett Johansson: On souligne avant tout son sex-appeal, mais il ne faut surtout pas mettre de côté l’immense talent qu’elle possède pour embrasser des rôles aussi différents que ceux qu’elle a interprétés dans Match Point de Woody Allen, Lost in Translation de Sofia Coppola, Girl with a Pearl Earring de Peter Webber et Under the Skin de Jonathan Glazer. Du film de super-héros (Avengers) aux comédies grand public (The Nanny Diaries) en passant par le film d’action pur et dur (Lucy), l’actrice semble toujours à son aise. Remarquablement cinégénique, elle évoque mieux que quiconque l’âge d’or des vamps hollywoodiennes. On la verra en 2016 dans le prochain film des frères Coen, Hail Caesar!.

 

tilda-swintonTilda Swinton : Comédienne londonienne à la démarche filmique autant physique que cérébrale, doté d’un visage mystérieux, presque androgyne, Tilda Swinton navigue dans toutes les sphères du cinéma, celle reliée aux auteurs internationaux comme celle reliée aux gros blockbusters. On la retrouve encore trop souvent dans des seconds rôles, où elle vole régulièrement la vedette à ses partenaires. Découverte dans Orlando et Sally Potter au début des années 90, depuis nous l’avons revue dans Possible Worlds de Robert Lepage,  avant de définitivement constater sa justesse de jeu remarquable dans We Need to Talk About Kevin. Elle aussi sera à l’affiche du prochain long métrage des Coen.

 

eacutemilie-dequenne_orgÉmilie Dequenne : Révélée dans Rosetta des frères Dardenne, formidable dans Pas son genre de Lucas Belvaux, on a même vu Émilie Dequenne dans un film d’André Forcier (Les États-Unis d’Albert). L’air de rien et mine de rien, en toute discrétion, elle accumule les performances éblouissantes dans des rôles exigeants dans des films belges ou français comme À perdre la raison et La Fille du RER. Elle est devenue sans conteste, depuis dix ans, la meilleure actrice belge et l’une des meilleures de sa profession tout court.

 

iprime.wordpress.comMarion Cotillard : La star mondiale de la France. Depuis sa performance bouleversante dans la peau d’Édith Piaf dans La Môme, Marion Cotillard mène une florissante carrière internationale. Fascinante autant chez Jeunet (Un long dimanche de fiançailles) que chez Audiard (De rouille et d’os), nous l’avons aussi vue chez Rdiley Scott, Michael Mann, Steven Spielberg et Christopher Nolan. On la retrouvera bientôt dans Macbeth face à Michael Fassbender et dans le prochain film de Xavier Dolan, aux côtés de Vincent Cassel. Bien que sa carrière soit encore toute jeune, l’actrice possède déjà un parcours que ses consœurs peuvent lui envier.

 

las_mil_caras_de_amy_adams_2143_620xAmy Adams : Les meilleurs cinéastes se l’arrachent présentement. Séduisante au possible, l’Américaine semble posséder la même énergie, la même assurance et le même charme que dégageait Jane Fonda dans les années 60 et 70. Elle crève l’écran peu importe les rôles, de femmes paumées ou de celles évoluant dans la haute bourgeoisie: The Fighter, The Master, American Hustle, Big Eyes. Elle est aussi tombée  dans l’œil des réalisateurs québécois puisque Denis Villeneuve la fera jouer dans Story of your Life et que Jean-Marc Vallée lui donnera le rôle principal dans son prochain long métrage portant sur la vie de Janis Joplin.

 

julianne-moore-turquie-ambassadriceJulianne Moore : Robert Altman l’a révélée dans Short Cuts. Et depuis, on se lasse pas de la voir au grand écran. Elle peut incarner avec naturel un personnage fragile ou odieux, une manipulatrice ou une femme blessée. Bref, elle est un peu la Isabelle Huppert du cinéma américain et son jeu nous reste en mémoire grâce à ses rôles dans Magnolia, The End of the Affair, Boogie Nights, Children of Men, Far from Heaven et plus récemment dans un rôle inoubliable, désolé du jeu de mots, en femme atteinte d’Alzheimer dans Still Alice.

 

UnknownCate Blanchett : D’année en année, l’Australienne nous revient avec une interprétation époustouflante. Nous l’avons connue dans Elizabeth, puis revue avec joie dans The Talented Mr. Ripley, Heaven, la trilogie du Seigneur des anneaux, I’m not There, Babel, Blue Jasmine et on en passe et des meilleurs. Bientôt, on la verra en épouse mal mariée dans Carol de Todd Haynes, présenté récemment à Cannes. Cate Blanchett possède une qualité rare, soit, de par sa seule présence, de faire passer un bon film pour un grand film.

 

 

CMulligan_V_11aug10_pa_b_cpCarey Mulligan : Délicate et fragile, l’actrice anglaise s’est démarquée dans plusieurs longs métrages dont Drive, Shame et surtout An Education dans lequel elle jouait le rôle d’une collégienne qui devient adulte trop rapidement en étant séduite par un homme marié et infidèle. Chanteuse folk des plus charmantes dans Inside Llewyn Davis des frères Coen, la comédienne de 29 ans sera vue d’ici la fin de l’année dans le drame anglais Suffragette, aux côté de Meryl Streep et de Helena Bonham Carter. Tout un trio en perspective!

 

michelle-williams-met-ball-hairMichelle Williams : Belle et discrète dans un second rôle dans Brokeback Mountain, l’actrice originaire du Montana mérite amplement de se retrouver dans ce palmarès pour ses nombreux premiers rôles au générique de multiples productions indépendantes. Pensons à l’émouvant drame canin Wendy and Lucy, au drame sentimental Blue Valentine, aux côtés de Ryan Gosling et à Take this Waltz de la Canadienne Sarah Pooley. On espère pour bientôt une meilleure reconnaissance publique pour cette comédienne hyper douée.

 

Brit+Marling+Closing+Ceremony+37th+Deauville+uTBgl5BLsh1lBrit Marling : Voluptueuse et distinguée, cette comédienne américaine profite d’un cheminement très particulier. C’est à titre de productrice et de scénariste qu’elle met en branle plusieurs des projets dans lesquels elle se donne le rôle principal, des œuvres atypiques et indépendantes comme Another Earth, Sound of my Voice et The East. Sa beauté diaphane, la marginalité de ses choix de films et ses multiples talents font qu’elle se démarque actuellement et nous fait dire que le meilleur est encore à venir pour elle.

 

Sur ce, vos commentaires et suggestions sur ce thème sont évidemment les bienvenus. Un exercice du même type, mais du côté masculin, sera évidemment bientôt mis en ligne.