Pendant ce temps à Cannes
Si tout comme moi vous suivez le Festival de Cannes par l’entremise des médias qui ont un journaliste délégué sur place, vous salivez sûrement à l’idée de voir bientôt certains titres qui y sont présentés. Habituellement, il faut compter de trois à douze mois pour voir les gros films du festival sur nos écrans. La preuve, l’arrivée cette semaine au Clap de Saint Laurent (celui de Bonello, et le meilleur des deux biopics), un an après son lancement à Cannes.
Cela dit, même si le festival ne se termine que dimanche avec la remise des prix, quels sont les films cannois qui se démarquent jusqu’ici selon la presse internationale? Tout d’abord, il y a Son of Saul, film hongrois de Laszlo Nemes qui a séduit l’ensemble des journalistes malgré son sujet maintes fois abordé au cinéma, soit la Shoah et les camps de concentration nazis de la Seconde Guerre mondiale. Cette première réalisation est originale autant dans sa forme que dans sa façon de revisiter ce pan atroce de l’histoire du XXe siècle. Par la suite, on peut mentionner sans détour que Carol, plus récente œuvre signée par l’Américain Todd Haynes avec Kate Blanchett, qui se retrouvera selon les critiques assurément au palmarès 2015 du festival. Centré sur le personnage joué par l’actrice, une femme mal mariée dans l’Amérique puritaine des années 50 (filmée comme le faisait Douglas Sirk auquel Haynes rendait hommage dans Far from Heaven), Carol s’est distingué par ses qualités artistiques évidentes et surtout par sa prestigieuse distribution. Du côté des interprètes masculins, l’acteur Vincent Lindon semble celui qui se démarque le plus pour sa performance dans La Loi du marché de Stéphane Brizé.
S’il reste encore quelques gros titres à être présentés dans les derniers jours, dont le Macbeth mettant en vedette Michael Fassbender et Marion Cotillard, on se doit d’ajouter parmi les favoris le Mia Madre de Nanni Moretti, un film abordant en fiction la crise existentielle d’une réalisatrice de cinéma. Dans les sections parallèles du festival, il faut souligner la controverse entourant Love de Gaspar Noé (Irréversible), proposant de l’érotisme cru tourné en 3D. Ce film a autant plu que déçu, le cinéaste d’origine argentine divisant encore une fois les cinéphiles. Aussi à noter, le réalisateur du surprenant Blue Ruin, Jeremy Saulnier, qui a fait l’unanimité en présentant Green Room, un thriller opposant skinheads et punks avec en tête d’affiche l’imposant Patrick Stewart dans l’un de ses plus beaux rôles selon la rumeur. Green Room serait « le film de genre » à ne pas manquer.
Enfin, si Le tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormaël (Toto le héros), avec Benoît Poelvoorde dans le rôle de Dieu, a divisé les scribes et que Sicario de Denis Villeneuve, malgré de belles critiques, ne semble pas destiné aux grands honneurs, le plus récent Woody Allen, Irrational Man, présenté hors compétition, a de son côté rallié l’ensemble des festivaliers. On a bien hâte de le voir au mois d’août prochain tout comme le documentaire sur la chanteuse Amy Winehouse, tourné par le Britannique Asif Kapadia, aussi auteur du magnifique long métrage sur la vie du défunt pilote de Formule 1 Ayrton Senna. Fort heureusement, nous n’aurons donc pas à attendre douze mois pour le voir puisque Amy sortira ici, au Clap, le 17 juillet prochain. Voici d’ailleurs sa bande-annonce pendant que le plus grand festival de films au monde tire déjà à sa fin.