S’offrir une salle de cinéma avec Panache
Par Camille A-Leclerc
Peu de gens le savent, mais il est possible de réserver une salle de cinéma pour y voir le film de son choix grâce à un projet appelé Panache, une initiative récente et méconnue ici, mais très intéressante. Le projet est dirigé par Chantale Pagé, qui est aussi distributrice de films. La SODEC, voyant que le concept était déjà établi aux États-Unis, en France, aux Pays-Bas et en Angleterre notamment, a mandaté Chantale Pagé pour mettre sur pied ce projet, une première au Québec!
Mais qu’est-ce que le projet Panache? Comme Chantale Pagé l’explique si bien, il s’agit d’un concept qui permet à des particuliers d’organiser des projections de films dans un cinéma de leur région : « C’est principalement pour des individus qui ont envie de voir un film qu’ils ont manqué en salle ». Le processus est simple, les longs métrages sont sélectionnés en fonction de l’offre des distributeurs québécois qui acceptent de rendre leurs œuvres disponibles. Les films sont listés sur le site Web (http://panachecinema.ca) du projet. Une personne désirant organiser une projection entre en contact avec l’équipe de Panache et ces derniers font des démarches afin de réserver une salle dans le cinéma choisi, selon l’horaire qui lui convient. Dans certains cas, il est même possible d’obtenir une rencontre avec le réalisateur et les comédiens du film en question. Pour l’instant, le projet Panache n’a pas encore eu de demandes de la part des cinéphiles afin d’obtenir des extras tels qu’un service de traiteur ou un minibar, mais la porte-parole du projet mentionne qu’à la demande du client il est possible de répondre à plusieurs besoins personnalisés. De plus, il n’y a pas de frais d’administration, mais pour rendre possible le visionnement, la seule condition est de vendre au minimum 50 billets de cinéma. C’est le demandeur de la projection qui doit s’assurer que la vente des billets est complétée, sinon les démarches de location de la salle ne peuvent pas aller plus loin.
La créatrice de Panache nous confiait en entrevue que : « C’est un projet qui fonctionne particulièrement bien pour les documentaires ou les films d’auteur (Le Profil Amina, Chorus, Boris sans Béatrice, Fatima, etc.) ayant un sujet et un public précis ». Elle mentionne aussi qu’il s’agit d’un projet qui remédie au fait que la durée des films en salle est devenue très courte, parfois une ou deux semaines seulement. Il est donc souvent plus difficile pour un amateur de cinéma de visionner un film qui est à l’affiche uniquement pendant quelques jours.
De plus, dans certains cas, ceux qui font affaire avec Panache sont des épicuriens du cinéma qui ont vu qu’un film en particulier était à l’affiche à Toronto, par exemple, mais pas à Québec. Ils entrent donc en contact avec Panache afin de pouvoir visionner le long métrage en question qui n’avait jamais pris l’affiche dans leur région. Ce projet permet donc d’offrir à la population l’opportunité de visionner des films plus rares. Il est important de noter que Panache fait déjà affaire avec une majorité de cinémas de la province dont le Cinéma Le Clap, le Cinéma Amos, le Cinéma Princesse Cowansville, le Cinéma Le Cube situé quant à lui à Gaspé. Pour l’instant, seuls les Cinéplex Odéon et les Cinémas Guzzo ne participent pas à l’aventure.
Même si Panache est à l’étape du projet pilote, les premières projections ayant été faites à Montréal l’été dernier, le bilan semble très positif : « Ça s’est vraiment bien passé et on s’est rendu compte qu’il fallait qu’on élargisse le réseau », précise Chantale Pagé qui ajoute aussi avoir reçu beaucoup de demandes de la part de la clientèle pour des projections à Rouyn-Noranda, Valleyfield, Victoriaville, Lachenaie, Drummondville, etc. Du côté de la ville de Québec, des projections ont déjà eu lieu au Cinéma Le Clap et au Cinéma Cartier.
Malgré l’engouement des grandes villes pour Panache, l’initiatrice de ce concept au Québec mentionne : « Le but, c’est vraiment d’augmenter la diffusion des films en région. Il y a quelque chose qui se passe plus naturellement à Montréal parce qu’il s’agit d’un bassin plus grand, mais le projet vise davantage l’extérieur des grands centres ». Pour le futur, Panache envisage de terminer la phase de projet pilote à la fin de ce mois-ci après avoir complété plus de 30 projections à la grandeur du Québec. La directrice du projet conclut : « Après ça, on va passer en mode financement pour la phase 2 : celle du lancement officiel de Panache ». Une chose est certaine, Panache est un projet séduisant et innovateur qui gagne à se faire connaître!