Une suite porcine améliorée!

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Cet été, comme je l’ai déjà fait remarquer sur ce blogue, les films québécois seront rares sur nos écrans. King Dave et Mon ami Dino se sont ajoutés à la courte liste qui ne comptait que deux seuls titres, deux suites de surcroît, Nitro Rush et Les 3 P’tits Cochons 2. Dans ce dernier cas, le pire était à craindre. Le premier volet, malgré un beau succès en salle, n’avait pas convaincu grand monde de l’utilité d’une suite. Mais chose rare, après visionnement, il faut avouer que ce deuxième opus est franchement meilleur que le premier, et c’est bien tant mieux.

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Jean-François Pouliot, réalisateur

De passage à Québec pour faire la promotion du long métrage, en salle partout au Québec dès le 1er juillet, Guillaume Lemay-Thivierge et Paul Doucet avouaient avoir embarqué dans l’aventure parce que le scénario (toujours signé par Claude Lalonde et Pierre Lamothe) élaborait une intrigue drôle et efficace, qui les satisfaisait et qui, après les critiques acerbes de l’époque dénonçant l’humour gras de « mon oncle » du premier, allait faire de cette suite, une œuvre avec plus d’élan comique et dramatique. Constatant le résultat final, les changements opérés s’avèrent effectivement des plus heureux. À la réalisation, Jean-François Pouliot (La Grande Séduction) prenant la relève de Patrick Huard, a su insuffler un bon dosage entre bêtise masculine et tendresse fraternelle, deux moteurs au cœur des relations entre les trois frangins joués par Lemay-Thivierge, Doucet et Patrice Robitaille. Ce dernier fait également partie du renouveau puisque dans le rôle de Mathieu il prend la relève de Claude Legault avec beaucoup de naturel. Évidemment, pour l’acteur originaire de Québec, le rôle était idéal, jouer le mâle volage, libidineux et jaloux n’étant pas un contre-emploi dans son cas.

Le rôle des conjointes, jouées par Sophie Prégent et Isabelle Richer, a également évolué pour le mieux. Leurs personnages qui subissaient les situations dans le premier, sont davantage proactives dans le second et apportent autant au récit que le trio masculin. Cela dit, sans affirmer ici que Les 3 P’tits cochons 2 est la comédie de l’été, il faut avouer que l’ensemble se révèle de qualité de par sa réalisation, la qualité de ses interprètes et son scénario visant inévitablement le plus large public. On souhaite évidemment qu’à travers toutes les productions hollywoodiennes à effets spéciaux et à l’humour de collégiens prenant l’affiche en juillet, cette œuvre made in Quebec  trouve la voie du succès. Notre cinéma en a bien besoin.

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La tendance « juste du vrai »

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Le Clap présente régulièrement du cinéma de genre et ça ne date pas d’hier. C’est dans ses salles que j’ai pu découvrir au fil des dernières années des œuvres singulières, parfois violentes, parfois sexy, comme Reservoir Dogs de Tarantino, L’Empire des sens de Oshima, Romance de Catherine Breillat, Happiness de Todd Solondz et C’est arrivé près de chez vous avec l’exubérant Wallon Benoît Poelvoorde. En ce moment, le Clap flirte avec le genre « horreur et fantastique », présentant The Conjuring 2 puis dès vendredi, The Neon Demon, long métrage réalisé par le Danois Nicolas Winding Refn (Drive) qui a été présenté en primeur à Cannes, en mai dernier.

The Conjuring 2 (j’avais franchement adoré le premier volet), toujours signé par James Wan et basé une fois de plus sur une histoire de poltergeist survenu à Londres à l’aube des années 70, me rappelle à quel point les films inspirés par des récits véridiques, des faits divers, des drames historiques et des biographies étonnantes, sont légion ces temps-ci. Toujours à l’affiche, Au nom de ma fille avec Daniel Auteuil relate le combat d’un père pour faire condamner l’assassin de sa fille à la suite de son décès survenu dans les années 80, en Allemagne. Genius, qui vient de sortir à Montréal, s’attarde à la relation entre l’éditeur Max Perkins et les auteurs qu’il publia : Hemingway, Wolfe, Fitzgerald. Puis, la semaine prochaine, nous pourrons découvrir la lutte menée par Newton Knight (joué par Matthew McConaughey) pour rendre légal les mariages raciaux tout juste après la guerre de Sécession dans un film intitulé The Free State of Jones.

La tendance du « c’est arrivé pour de vrai » ne s’arrêtera évidemment pas en juin. Cet été, on pourra aussi découvrir la vie du boxeur Roberto Duran dans Hands of Stone et celle de Ray Kroc, l’homme derrière la chaîne de restaurant McDonald’s, dans The Founder. Plus méconnue, on en saura davantage sur le parcours de Florence Foster Jenkins, une aristocrate new-yorkaise (jouée par Meryl Streep) qui, dans les Florence_Foster_Jenkins_(film)années 30 et 40, rêvait malgré sa voix de crécelle de donner un concert d’opérette au Carnegie Hall. En août, la Française Anne Fontaine nous offrira, de son côté, Les Innocentes qui relate un épisode terrible de la fin de la Seconde Guerre mondiale alors que plusieurs sœurs bénédictines, en Pologne, se sont retrouvées enceintes à la suite du passage au couvent de soldats russes venus les libérer du nazisme.

On le constate, s’inspirer de la vie de personnalités connues, de faits divers étranges ou de tendances sociales réelles est une source  fort prisée dans l’industrie du cinéma. Souvent, ce sont des sujets graves qui sont abordés mais, heureusement, ce phénomène nourrit également l’univers de la comédie. Citons en exemple Retour chez ma mère qui prendra l’affiche également en août après une brillante carrière en salle dans l’Hexagone. Cette comédie, mettant en vedette Josiane Balasko et Alexandra Lamy, exploite une tendance très forte présentement en France, celle des boomerang kids, ces enfants qui, une fois à l’âge adulte, retournent vivre chez leurs parents. Finalement, toujours à la fin de l’été, mais plus localement, nous aurons droit à un biopic fort particulier intitulé Mon ami Dino. Ce troisième long métrage de Jimmy Larouche nous arrive sous la forme d’une biographie romancée de Dino Tavarone (Omertà), acteur avec lequel le cinéaste saguenéen s’est lié d’amitié. Mon ami Dino, jouant avec les codes de la fiction et du documentaire, ainsi que du drame et de la comédie, s’apparente à ce nouveau genre cinématographique appelé  documenteur qui a même son festival en Abitibi depuis treize ans. Juste « du vrai » faisait-on? Bien sûr que non, car c’est aussi ce qui fait la magie du cinéma, celle arrangée avec le gars des vues.

Pacino et Hopkins mis en échec

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Misconduct avec Pacino, Duhamel et Hopkins

J’ai abordé à quelques reprises sur ce blogue le mystère de la distribution de films au Québec. Le marché mondial vit de profonds changements depuis quelques années et tous les joueurs ont de la difficulté à s’adapter. La vente de films se fait encore par territoire, mais les Amazon et Netflix de ce monde tentent de modifier cette méthode de fonctionnement en voulant distribuer mondialement les titres ajoutés à leur catalogue.

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Al Pacino, To Be Bankable or Not

Bref, certains films profitant de critiques favorables, d’un buzz de festival ou d’une distribution éclatante peinent parfois à prendre l’affiche au Québec. C’est le cas de Misconduct, premier long métrage de Shintaro Shimosawa, un thriller judiciaire mettant en vedette Al Pacino, Anthony Hopkins, Josh Duhamel, Malin Ackerman et Julia Stiles. Ce film américain, produit pour un modeste budget (selon les normes hollywoodiennes) de 11 millions, a pris l’affiche chez nos voisins du Sud en février dernier. En France, il sortira directement en DVD au mois d’août prochain sous le titre Manipulations.

Le 3 juin dernier, Misconduct a pris l’affiche au Royaume-Uni et le magazine Variety s’est penché sur ses premiers résultats désastreux au box-office britannique. Lors de sa première fin de semaine de diffusion en salle (du vendredi au dimanche), le long métrage a recueilli un « grand total » de 141 $. Pendant ce temps, à titre de comparaison, Warcraft, l’adaptation du jeu vidéo, a ramassé plus 5 millions sur le même territoire en étant présenté dans plus de 500 cinémas.

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Anthony Hopkins à court de mots

La comparaison peut paraître boiteuse évidemment. On ne parle pas ici du même budget de marketing, des mêmes attentes pour le box-office ni de la même distribution en salle, Misconduct n’étant diffusé que dans cinq cinémas. Mais il y a lieu de constater que le générique du film n’a eu aucun effet vendeur. Deux acteurs oscarisés, Pacino et Hopkins, n’ont pu éveiller la curiosité du public anglais. Aux États-Unis, ce ne fut guère mieux. Les critiques assassines n’aidant en rien la cause de Misconduct, c’est 24 000 $ au total qui furent amassés lors de sa courte carrière sur les écrans. La stratégie marketing misait pourtant sur l’attrait indéniable des stars qui composent la distribution du film, on parle au final d’un véritable bide filmique. Et au bout du compte, c’est Pacino et Hopkins qui mordent la poussière et font sans le vouloir la manchette, ayant participé à une œuvre qui sera reconnue comme l’une des moins rentables de l’histoire.

L’étrange anecdote dans tout ça, c’est que les Sud-Coréens, eux, étaient au rendez-vous, Misconduct frôlant le million de dollars en recette dans leur pays. Il y a le mystère de la distribution de films et il y a maintenant le mystère de la Corée du Sud. Avec humour, on pourra dire que la Corée du Nord n’est désormais plus seule à susciter les questionnements.