C’est le 23 septembre que Téléfilm Canada nous dévoilait le titre du film qui représentera le Canada pour l’obtention de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, soit la toute dernière réalisation de Xavier Dolan, Juste la fin du monde. Ce sont plus de 80 pays qui enverront aux Oscars leur sélection. Les cinq films finalistes choisis dans le lot se feront compétition lors de la cérémonie qui se déroulera le 26 février 2017.
Le film de Dolan, coproduit avec la France, se retrouve actuellement au cœur d’une liste comprenant plus de 70 titres et non les moindres : Julieta de Pedro Almodóvar (Espagne), Neruda de Pablo Larrain (Chili), À peine j’ouvre les yeux (Tunisie), Paradise d’Andreï Kontchalovski (Russie), Desierto (Mexique), Les Ardennes (Belgique), Ma vie de courgette (Suisse), Alias Maria (Colombie), Chevalier (Grèce), Le Client d’Asghar Farahdi (Iran) et Tony Erdmann (Allemagne). La France a de son côté choisi Elle de Paul Verhoeven, un film dérangeant mettant en vedette Isabelle Huppert et que l’on devrait voir en salle ici en novembre prochain.
La sélection la plus étonnante provient cette année du Royaume-Uni. Par le passé, deux films tournés en gallois avaient été sélectionnés au pays de la reine. Cette année, les Britanniques ont choisi un film d’horreur, Under the Shadow de Babak Anvari, une œuvre qui a fortement attiré l’attention en début d’année à Sundance. Le film, coproduit par l’Angleterre, le Qatar et la Jordanie, relate les déboires d’une mère de famille victime d’événements surnaturels sur fond de guerre opposant l’Irak à l’Iran. Under the Shadow sera disponible en VSD en Amérique du Nord dans le courant de l’automne.
De la liste de départ, neuf finalistes seront sélectionnés le 17 janvier prochain. Puis les cinq nommés en vue de la cérémonie seront connus une semaine plus tard, le 24 janvier. Juste la fin du monde devrait normalement se glisser parmi les neufs chanceux. Pour la suite, la lutte sera sûrement très serrée. Dossier à suivre. D’ici là, voici la bande annonce intrigante de Under The Shadow.
Depuis dix ans, on ne cesse de répéter que le cinéma tourne en rond, que l’inspiration semble manquer aux scénaristes des grands studios qui remâchent des récits qui se ressemblent tous. Les films de super-héros fabriqués en série, les remakes de longs métrages des années 80 qui abondent, les suites de suites qui dominent le marché américain, le mal ronge le septième art. Cette disette imaginative a permis d’affirmer haut et fort que les séries télé, celles en provenance du Danemark, des États-Unis et de l’Angleterre, relevaient du grand art en termes d’écriture, d’originalité et d’audace comparées aux blockbusters génériques du moment. Mais est-ce toujours vrai?
The Exorcist en série télé
Dans le marché télévisuel, la compétition est présentement tellement forte à la suite de l’arrivée de Netflix et d’Amazon que la demande pour de nouvelles séries susceptibles d’attirer de fortes audiences est ahurissante. Et à voir de quoi est constitué la rentrée télé de nos voisins du Sud, il y a tout lieu de croire que ce phénomène conduit peu à peu à un essoufflement créatif. Affirmer cela, c’est constater que les nouveautés à surveiller cet automne sur les chaînes câblées américaines peinent à se démarquer de ce qui se fait au cinoche. On retrouve bon nombre de séries signées Marvel (de super-héros ou de personnages secondaires associés à ceux-ci, une thématique surutilisée au grand écran) et surtout, ironiquement, une pléthore de titres qui dérivent… du cinéma!
Woody Allen et Miley Cyrus dans Crisis in Six Scenes
En plus d’être en manque d’idées novatrices, la télé devient-elle, elle aussi, nostalgique et passéiste? Il y a lieu de le penser, car nous pourrons voir cet automne des nouvelles séries télé basées sur les films Westworld, Training Day, Lethal Weapon, The Wizard of Oz, Frequency, Taken, et The Exorcist pour ne nommer qu’elles. Les exemples récents de Stanger Things (qui puisait allègrement dans le cinéma référencé des années 80), Ash vs Evil Dead et The Omen n’étaient que la pointe de l’iceberg. Déjà que le marché télévisuel américain attirait de grandes pointures du 7e à la réalisation (Guillermo Del Toro, Woody Allen, Martin Scorsese), donnant du même coup l’envie à plusieurs comédiens d’envergure de devenir la vedette du moment au petit écran, il puise désormais sans scrupule dans la mare des succès cinématographiques des 40 dernières années.
Avec ce constat, il serait peut-être temps que les artisans du cinéma, producteurs, scénaristes, réalisateurs, profitent de cet écart de conduite des bonzes du petit écran. Ils doivent reprendre une place prépondérante sur le marché du divertissement en remettant à l’ordre du jour les mots audace et originalité lorsqu’il s’agit de donner le feu à de nouveaux projets d’envergure. L’image du cinéma grand public en a grand besoin présentement.
Dès le 14 septembre, le Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ) battra son plein, et ce, pour une sixième année consécutive. Québec, comme toute grande ville, mérite, voire se doit, d’avoir un festival consacré au 7e art. Les organisateurs, Ian Gailer et Olivier Bilodeau en tête, sont fiers de nous offrir à nouveau un florilège de films internationaux, longs et courts, touchant autant la fiction que le documentaire, dans le cadre de cette fête du cinéma qui s’étendra jusqu’au 24 septembre dans différents lieux du centre-ville de Québec.
Si on épluche la programmation, il faut bien sûr souligner le long métrage d’ouverture, Paysde Chloé Robichaud, et celui présenté le 21, lors de la soirée de remise des prix, 1:54 de Yan England. Ensuite, place à la variété. Voici, en suggestions, quelques titres qui se démarquent cette année au FCVQ.
La Ruée vers l’or : Une fort belle initiative, un ciné-concert proposant l’un des films les plus drôles de Charlie Chaplin, accompagné en musique par quinze musiciens de l’Orchestre symphonique de Québec. Ça se déroule au Palais Montcalm, le vendredi 23 septembre, à 20 h.
D’encre et de sang : On attend encore la date de sortie exacte pour ce long métrage québécois dont on sait peu de choses, mais qui semble intrigant, un drame de mœurs mystérieux autour de la relation entre un libraire et la fille d’un romancier. Martin Desjardins joue le libraire en question dans cette production de l’INIS.
Ce sentiment de l’été : Cette coproduction entre l’Allemagne et la France n’a reçu que des éloges depuis sa sortie sur les écrans européens. Trois étés, trois villes et un décès, celui de Sasha, et la douleur partagée entre son compagnon de vie Lawrence et sa sœur Zoé.
31 : Les amateurs de films de genre ne voudront pas rater la nouvelle offrande de Rob Zombie, le musicien et cinéaste qui nous plongera à nouveau dans un univers d’horreur. Campée en 1975, l’action nous présente des personnes prises en otages et forcées, pour survivre, à participer à un jeu violent et sadique.
Écartée : La rumeur fait état ici d’un documenteur québécois fort particulier. Une intervenante sociale entame le tournage en Abitibi d’un documentaire sur Scott, un ex-détenu récidiviste qui coule des jours paisibles dans une minuscule maison, aux côtés de sa jeune compagne Jessie. L’intérêt de l’intervenante pour Jessie pourrait cependant déclencher une imprévisible tempête émotive. On est curieux.
Paterson : Tout dernièrement, à Cannes, Jim Jarmusch présentait ses deux nouvelles créations : un documentaire sur les Stooges et un film de fiction des plus charmants mettant en vedette Adam Driver (le fils de Han Solo dans Star Wars VII). Paterson s’intéresse à un jeune trentenaire, poète du même nom et chauffeur de bus dans un petit bled du New Jersey.
Aquarius : Film brésilien relatant le combat de Clara, une sexagénaire qui lutte contre une société immobilière qui veut l’exproprier. En mai dernier, à Cannes, Aquarius fut l’un des longs métrages les plus plébiscités. À ne pas rater!
Heaven’s Gate : L’organisme Antitube s’associe au FCVQ pour présenter ce film ostracisé injustement pour avoir été responsable de la faillite du studio United Artists. Réalisé par le regretté Michael Cimino, en 1980, lui qui venait de tourner The Deer Hunter, ce western met en vedette Kris Kristofferson et Isabelle Huppert. Une belle occasion de se farcir une œuvre unique, un film-fleuve d’une durée de 216 minutes.
Labyrinthe: L’an passé, la projection en plein air à place D’Youville des Retour vers le futur a connu un grand succès. On récidive avec cette belle formule, entièrement gratuite, avec une programmation teintée de nostalgie comprenant entre autres La Folle Journée de Ferris Bueller, Top Gun et Labyrinthe, ce dernier mettant en vedette l’inoubliable David Bowie.
Feuilles mortes : Réalisé localement (Québec et Portneuf), signé par trois cinéastes, ce drame d’anticipation mettant en vedette Roy Dupuis se déroule dans un monde qui survit tant bien que mal au chaos. C’est votre seule chance de voir ce film québécois de genre en salle puisqu’il est destiné au marché de la vidéo sur demande (VSD).
En terminant, jetez aussi un œil aux rencontres proposées par le FCVQ, de précieux moments qui permettent d’en savoir plus sur les différents métiers du cinéma grâce aux invités de passage. Et enfin, surveillez attentivement les lieux de projection, ils sont nombreux et disséminés dans le centre-ville. Vous pourrez en profiter pour découvrir la nouvelle salle du pavillon Pierre Lassonde du MNBAQ, qui servira notamment à la présentation de nombreuses œuvres en matinée.
Pierre Curzi et Thierry Lhermitte dans La Nouvelle Vie de Paul Sneijder
Septembre est arrivé et, après le résumé général de la rentrée, il faut maintenant focaliser notre attention sur les plus intéressantes sorties du mois. Une période qui sera marquée par le lancement de plusieurs films familiaux comme L’Île en folie (dans lequel le mythe de Robinson Crusoé sera revisité) et Les Cigognes (oui, celles qui transportent les bébés); des drames inspirés de l’actualité récente comme Snowden d’Olivier Stone et Deepwater Horizon avec Mark Wahlberg; ainsi que plusieurs sorties québécoises comme le documenteur Écartée, 9 – Le film et Embrasse-moi comme tu m’aimes, ce dernier marquant le retour attendu d’André Forcier.
Si on ne sait toujours pas si le documentaire de Ron Howard sur les Beatles prendra l’affiche dans notre région, tout comme l’étonnant The Dressmaker avec Kate Winslet, on peut quand même mettre en relief un minimum de dix titres fort attractifs pour ce mois de septembre.
La Nouvelle Vie de Paul Sneijder : Adaptation cinématographique d’un fort beau roman de Jean-Paul Dubois, cette coproduction France-Québec, signé Thomas Vincent, offre à Thierry Lhermitte l’un de ses plus beaux rôles des dernières années. L’acteur prend les traits de Paul, un homme qui se remet d’un accident d’ascenseur qui provoqua le décès de sa fille. Dans un Montréal enneigé, il s’aperçoit que pour retrouver un peu de bonheur, il doit changer radicalement sa vie. Dans un second rôle, celui d’un avocat, Pierre Curzi est tout simplement formidable. Un film drôle et touchant. Sortie prévue le 2 septembre.
The Light Between Oceans : Couple à la ville, Michael Fassbender et Alicia Vikander le deviennent aussi au grand écran dans ce drame se déroulant sur une île et relatant comment un gardien de phare et sa femme, désireux de devenir parents, découvrent dans un canot un bébé toujours vivant et décident secrètement de l’adopter. Sortie prévue le 2 septembre.
One More Time with Feeling : Tourné en noir et blanc et présenté en 3D, ce documentaire sur le chanteur australien Nick Cave a de quoi ravir tous ses fans. D’une part, il offre une performance du chanteur liée à la sortie de son nouvel album. Et d’autre part, il s’immisce dans son intimité afin de mieux nous faire découvrir son talent de créateur, mais aussi toute sa douleur comme père de famille tentant de se remettre de la mort accidentelle de l’un de ses fils. Andrew Dominik réalise cette œuvre présentée un seul soir à Québec, le jeudi 8 septembre, au Clap bien entendu.
Les Ardennes : Ce polar flamand, prenant aussi la forme d’un brutal drame familial, raconte les déboires de deux frères unis par le sang et par leur amour pour une même femme. L’aîné, sortant de prison, retombe dans un milieu de violence et de criminalité qui pourrait le mener à sa perte, entraînant dans son sillon le frangin. Un film puissant et pas jojo évidemment. Sortie prévue le 9 septembre.
Sully : En 2009, à New York, « Sully » Sullenberger réussit à faire amerrir un avion sur la rivière Hudson sans faire de victime. Le film raconte cet acte héroïque et les changements qu’il provoquera dans la vie de ce pilote devenu du jour au lendemain un héros national. C’est Tom Hanks, un habitué du genre, qui joue le commandant Sully sous la direction de l’increvable Clint Eastwood. Sortie prévue le 9 septembre.
Blair Witch : Un jeune homme, accompagné de ses amis, part à la recherche de sa sœur disparue dans une forêt du Maryland, un immense boisée que l’on dit hanté par une sorcière légendaire. Cette (deuxième) suite inattendue du Blair Witch Project profite d’une bande-annonce prometteuse. Le premier volet, souvenons-nous, avait terrorisé une génération entière de fans de films d’horreur, ressuscitant du même coup le filon des films basés sur le found footage. Sortie prévue le 16 septembre.
Juste la fin du monde : Que dire de plus sur le très attendu nouveau long métrage de Xavier Dolan sinon qu’avec une distribution pareille (Nathalie Baye, Léa Seydoux, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Gaspard Ulliel), ce serait difficile de rater son coup! Sortie prévue le 21 septembre.
Les Sept Mercenaires : Remake du célèbre western de 1960, lui-même inspiré par Les Sept Samouraïs de Kurosawa, cette nouvelle version réalisée par Antoine Fuqua nous présente à nouveau sept pistoleros qui se portent à la défense de pauvres villageois sous le joug d’une bande de voleurs tyranniques. On est curieux. Sortie prévue le 23 septembre.
Un petit boulot : Le réalisateur de L’Arnacœur, Pascal Chaumeil, retrouve Romain Duris pour cette comédie noire racontant comment un homme sans emploi (Duris) accepte pour de l’argent de tuer la femme du mafieux du coin, à la demande de ce dernier. Michel Blanc joue la petite crapule de service en plus d’avoir scénarisé le film à partir du roman d’Iain Levison. Sortie prévue le 30 septembre.
Miss Peregrine et les enfants particuliers : Eva Green se retrouve une fois de plus au cœur de la nouvelle offrande de Tim Burton, dans la peau cette fois-ci de Miss Peregrine, une dame mystérieuse qui, dans un univers parallèle, dirige une maison dans laquelle vit une horde d’enfants particuliers. Le jeune Jacob devra résoudre ce qui se cache derrière ce monde fantastique. Les costumes, les couleurs et les effets spéciaux nous en mettront plein la vue, du moins si on se fie à la bande annonce. Sortie prévue le 30 septembre.