Et dix titres pour finir l’année 2017

Justin Timberlake et Kate Winslet dans Wonder Wheel de Woody Allen

Voilà, l’année se termine ce mois-ci entraînant l’arrivée en salle pour les Fêtes d’une flopée de films alléchants. Inutile de souligner que le nouveau volet de la saga Star Wars attirera son lot de fans et d’aficionados, mais n’oublions pas les multiples titres de qualité qui ont aussi été programmés au calendrier. On pourra notamment voir pendant ce mois les films québécois Tadoussac et Le Trip à trois, le dessin animé Ferdinand et la comédie musicale The Greatest Showman. Plusieurs productions oscarisables comme Call me by your Name, The Disaster Artist, Molly’s Game et Phantom Thread verront leurs sorties à Québec repoussées en janvier faute de copies disponibles. Mais bref, voici les dix films à voir pour bien finir 2017.

1- Wonder Wheel : Le « Woody Allen annuel » arrive juste avant Noël. Aux côtés de Justin Timberlake, la toujours excellente Kate Winslet est au cœur d’un récit se déroulant dans le parc d’attraction de Coney Island dans les années 50. Intrigue amoureuse, romance vintage et personnages vils et retors sont au menu de cette nouvelle réalisation du cinéaste new-yorkais.

2- Rock’n Roll : L’idée de départ est fort bonne. Guillaume Canet se met en scène dans son propre rôle d’acteur confirmé, mais un peu défraîchi. Son désir d’éternelle jeunesse viendra brimer le couple qu’il forme avec Marion Cotillard, sa compagne à l’écran comme à la ville. L’actrice, elle, pratique son accent québécois afin d’être prête pour jouer dans le prochain Xavier Dolan. Au final, des situations malaisantes sont à prévoir dans cette comédie grinçante sur la célébrité.

3- Au revoir là-haut : Porté au grand écran par Albert Dupontel, ce roman de Pierre Lemaitre avait gagné le Goncourt. Les images somptueuses de l’adaptation témoignent de l’univers d’après-guerre mis en scène admirablement, selon la rumeur, par le cinéaste-acteur qui joue l’un des deux rôles principaux dans un récit de magouille montée par deux rescapés des tranchées.

Au revoir là-haut d’Albert Dupontel

4- All The Money in the World (Tout l’argent du monde) : Après le dernier volet d’Alien, Ridley Scott renchérit avec cette histoire véridique autour de l’enlèvement d’un jeune et futur héritier d’un magnat du pétrole, kidnapping survenu à Rome en 1973. Michelle Williams, Romain Duris et Mark Wahlberg sont au générique, mais plus Kevin Spacey, remplacé en urgence par Christopher Plummer à la suite des allégations d’inconduites qui ont fait la manchette.

5- The Breadwinner (Pavana – une enfance en Afghanistan) : Ce fort joli film d’animation table sur une histoire touchante mettant en scène une jeune fille qui décide de se trouver du travail pour aider sa famille à se sortir de la misère dans un pays où les droits des femmes sont réprimés par les Talibans. Pavana est une autre preuve qu’un film peut à la fois divertir, informer et sensibiliser le grand public.

Jean-Pierre Bacri dans Le Sens de la fête

6- Le Sens de la fête : Je l’avoue, j’adore Jean-Pierre Bacri. Et Le Sens de la fête, signé par le tandem derrière Intouchables, semble avoir été écrit pour lui. L’acteur y tient le rôle d’un homme habitué de coordonner de A à Z les festivités entourant un mariage. Évidemment, son plus récent et gros contrat frôlera le chaos et ce pour notre plus grand bonheur d’amateurs de comédies où l’on rit jaune.

7- Downsizing (Petit Format) : La prémisse est celle-ci : pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ douze centimètres. Comment ne pas succomber à ce séduisant résumé d’un film réalisé par le formidable Alexander Payne et mettant en vedette Matt Damon et Christoph Waltz?

8- The Shape of Water (La Forme de l’eau) : Une employée de laboratoire voit sa vie basculer du tout au tout lorsqu’elle découvre une créature aquatique. Selon certains, Guillermo Del Toro aurait réalisé, avec ce film fantastique, le meilleur long métrage de sa carrière.

9- L’Autre côté de l’espoir : Le Finlandais Aki Kaurismaki s’attarde aux phénomènes des sans-papiers, à l’exode et au racisme à travers une histoire aussi drôle que touchante autour d’un Syrien qui débarque à Helsinki et qui se liera d’amitié avec un homme qui veut repartir à zéro comme restaurateur. La bande-sonore est en plus l’une des plus réjouissantes de l’année.

10- Three Billboards Outside Ebbing, Missouri (Trois Affiches tout près d’Ebbing, Missouri) : Frances McDormand, Woody Harrelson et Sam Rockwell en font des tonnes dans cette comédie acerbe sur les rednecks du fin fond du Midwest américain, le tout réalisé par le cinéaste derrière In Bruges.

Jérémie Renier en mode deux pour un

L’Amant double de François Ozon

Le chroniqueur du Magazine Le Clap (chronique Ciné-psy), Marcel Gaumond, nous offrait tout récemment un texte sur ce blogue concernant le nouveau film de François Ozon, L’Amant double. Pour faire suite à son billet, voici un résumé d’un entretien récent avec Jérémie Renier au sujet de ce film aussi réussi que déstabilisant et dans lequel il tient les rôles des jumeaux psychiatres, Paul et Louis.

Acteur belge, Jérémie Rénier s’est fait connaître adolescent dans La Promesse, le premier long métrage des frères Dardenne. On l’a revu ensuite à de nombreuses reprises dans leur univers, notamment dans L’Enfant et aussi dans la peau du défunt chanteur pop Claude François dans Cloclo. Il a été à deux reprises au générique de films signés par François Ozon, soit Les Amants criminels et Potiche. Pour cette troisième collaboration avec le cinéaste français, Renier n’incarne pas un, mais bien deux personnages. De passage à Montréal dans le cadre de Cinemania, l’acteur nous a parlé de ce double rôle dans L’Amant double aux côtés de Marine Vacth qui, elle, interprète Chloé, une femme tiraillée entre les deux frères, en proie à ses impulsions amoureuses et névrotiques.

Les Amants criminels de François Ozon

Éditions le Clap : Jérémie, vous avez joué à deux reprises pour Ozon. D’être dirigé une troisième fois par lui n’est donc pas surprenant?

Jérémie Renier : Exact. François aime bien s’entourer de gens qu’il affectionne, réutiliser les mêmes acteurs comme Melvil Poupaud et Marine Vacth. On se connaît depuis vingt ans. Nous avons donc noué une belle amitié et un respect mutuel durant toutes ces années. Chaque fois, François me propose des univers différents et sans accepter les yeux fermés sa nouvelle proposition, disons que l’idée de le retrouver sur un film me plaît particulièrement.

ELC : Pour L’Amant double, quelle a été la mécanique à mettre en place pour interpréter ces rôles de jumeaux?

JR : Il y a un gros travail en amont, en lecture, on a beaucoup répété afin de caractériser les personnages. Puis, au fil des répétitions, on a plutôt voulu jouer sur le peu de différences entre les deux frères. S’amuser en passant de l’un à l’autre sans crier gare et créer ainsi une atmosphère un peu schizophrénique.

ELC : L’autre défi d’acteur dans ce film, c’est de jouer avec votre partenaire des scènes où le sexe et la violence se côtoient. Il fallait sûrement établir un fort lien de confiance entre Marine et vous sur le plateau afin d’éviter toute tension?

Jérémie Rénier

JR: En lisant le scénario et en acceptant de jouer ces scènes, Marine et moi, on savait très bien dans quoi on s’embarquait. Nous avons traversé ce film à trois. C’était très intimiste comme tournage. François est exigeant, exalté sur un plateau, mais il laisse beaucoup de place pour que le tout ait l’allure d’un terrain de jeux dans lequel Marine et moi pouvions évoluer, à notre façon, et que ça se passe de la façon la plus agréable possible.

ELC : À sa sortie, L’Amant double, de par sa facture, allait inévitablement polariser les réactions?

JR : Nous étions conscients du côté provocateur du film, voire clivant, à cause du sujet, des scènes de sexe et de psychanalyse. On rebute un public, on en séduit un autre. C’est la signature de François, des œuvres qui grincent. Moi, j’aime son audace et ici, il flirte avec la folie de David Lynch et celle de David Cronenberg qu’on retrouvait au grand écran dans les années 80.

ELC : En quoi votre expérience sur ce film vous a nourri comme acteur?

JR : Avoir la chance de jouer deux personnages et de transgresser les codes de la fiction, de partir hors de la réalité, c’est très motivant pour un comédien. J’ai pris un réel plaisir à plonger comme acteur dans cette aventure. Le long métrage présente plusieurs lectures, plusieurs couches dans le e récit… que demander de mieux?

ELC : En terminant, vous êtres d’origine belge… Alors, quel regard portez-vous sur le cinéma belge actuellement, autant flamand que wallon?

JR : Le cinéma de mes origines ratisse très large présentement. On laisse de la place aux jeunes contrairement à ce qui se passe en France. Le cinéma flamand, particulièrement, profite d’une belle liberté et d’une énergie incroyable. Je pense au film Les Ardennes que j’ai vu récemment, c’est une vraie proposition de cinéma. Bref, je suis très optimiste de ce côté.

Jérémie Rénier vient de terminer la réalisation de Carnivores, un drame coréalisé avec son frère Yannick. Un thriller psychologique qui prendra l’affiche en Europe à la fin mars. L’Amant double, lui, prend l’affiche au Québec le 24 novembre.

 

Ciné-Psy hors série (L’Amant double de François Ozon) collaboration spéciale Marcel Gaumond

Rencontre exceptionnelle du Ciné-psy*

Lors de la « première » du film L’AMANT DOUBLE de François Ozon, le 22 novembre à 19 h 15

*Cette rencontre, animée par Marcel Gaumond, psychanalyste, prendra la forme d’une période de « questions et réponses » d’une durée de 30 minutes, après le visionnement du film.

Si l’on a maintes fois associé l’œuvre littéraire de Marcel Proust à la psychanalyse, quête de soi qui emprunte le chemin d’une enquête (cf. : À la recherche du temps perdu), je proposerais d’associer l’œuvre cinématographique de François Ozon à ce même mode typique de navigation intérieure qu’implique la traversée analytique entre le monde du conscient et celui de l’inconscient.

L’AMANT DOUBLE est le cinquième film d’Ozon que la direction du Clap m’a proposé de commenter, au fil des ans. Plus encore – si toutefois la chose est possible (!) – que dans les films de Woody Allen, on trouve dans les films d’Ozon l’équivalent sous forme d’images des principales notions qui structurent et émaillent le langage psychanalytique :  désir, fantasme, rêve, déni, deuil, résistance, fusion, séparation, refoulement, bloquage, symptôme, symbole, pulsion, séduction, complexe, blessure narcissique, hallucination, projection, dissociation, conflit, transfert et contre-transfert, volonté de puissance, mensonge, ombre, intégration, vérité, estime de soi, transformation et j’en passe. Et cette fois, dans L’AMANT DOUBLE, Ozon se surpasse!

Comme en témoignent les extraits suivants de mes textes de la chronique du Ciné-psy portant sur les quatre précédents films d’Ozon que j’ai commentés, dans des histoires différentes, les mêmes dynamiques de fond, les mêmes souffrances, les mêmes conflits et les mêmes défis hantent l’âme obscure des personnages que le cinéaste propulse de façon magistrale sur l’écran. Peut-être aurons-nous l’occasion de nous parler de tout cela, le soir de la « première » de L’AMANT DOUBLE.

 

Gouttes d’eau sur pierres brûlantes (2000)

Avec comme titre de mon texte « Le frère d’Éros » qui prend nom d’Antéros /l’Amour contraire [on pense ici à Paul et à son frère Louis, qui dans L’AMANT DOUBLE sont tous deux psychanalystes] dans la mythologie grecque, je relève les passages suivants…

« S’il n’y avait pas cette immense souffrance, cette désolation profonde, ce désarroi, cette solitude extrême, ce cri effrayant en provenance du ventre, cette misère qui, tout à coup, s’empare de l’âme tout entière de la personne qui, touchée dans son sexe, sent qu’elle est déconsidérée, dominée, abusée, on pourrait continuer à rire à l’écoute des histoires de cul. On pourrait continuer de s’en mettre plein les yeux.  On pourrait aussi, pourquoi pas, enfin transgresser tous les tabous stupides qui nous empêchent, au nom de je ne sais quelle loi dite de facture divine, de jouir avec qui l’on veut, quand on veut et où l’on veut. On pourrait, comme dirait mon voisin d’à côté ou d’en dessous, s’éclater. [….]

[Afin de se soustraire à l’inconscience massive d’où procède toute forme d’abus de pouvoir], je propose deux évidences :] 1) Admettre que ce qui est projeté dans les « dieux » forts et tout-puissants de même que dans les « étoiles socioculturelles », plus ou moins brillantes celles-là, demande à être interrogé et compris à partir des racines mêmes de cette projection, c’est-à-dire notre propre réalité dans ses versants psychique et somatique. L’être humain n’a en effet trouvé rien d’autre jusqu’à maintenant comme moyen de libération véritable que le travail sur soi, un travail qui compose avec la limitation (toute relative qu’elle soit) et qui commande une attitude d’humilité (toute prétention étant aveu d’infantile inconscience).

2) Admettre que la relation sexuelle, expression manifeste de l’Éros, est de nature sacrée, tout autant que les autres activités humaines fondamentales (telles, à titre d’exemples, la maternité, la paternité, la solidarité, la justice, etc.). Ne pas reconnaître cela, c’est vouer la sexualité à n’être rien d’autre en définitive qu’une activité de bas étage, qu’un produit de consommation, qu’un simple besoin physiologique à satisfaire, peu importe avec qui et de quelle manière. Stigmatiser la sexualité comme une pulsion qui ne peut pas s’élever au-delà de la ceinture, c’est ignorer qu’Éros est un dieu qui joue un rôle capital dans l’aventure humaine et dans ‘la quête du Soi’ qui caractérise cette aventure. »

 

Sous le sable (2000)

« Notre toile [celle que l’on tisse entre soi et le monde (de l’autre)] est un sac qui enferme vraiment, mais ne comprend qu’illusoirement. Vous savez : ce que l’on veut faire passer, parfois, pour de l’amour, c’est une image de soi, souriante, que l’on peint sur sa propre toile. Un amour maquillage. Mais sous cette image, sous notre masque, se tapit le conflit. Un conflit perpétuel. Notre toile est un bouclier de pacotille qui ne nous protège pas, mais nous dissocie du monde.

[….] Si vous êtes dans une profession [comme c’est le cas de Paul dans L’AMANT DOUBLE] dont la fonction est de réparer les pots cassés, de recoudre les chairs blessées, de recueillir comme dans un vase les plus immenses souffrances, de grâce (!) ne faites pas semblant d’être un grand ou un puissant qui en a vu d’autres, ne cédez pas trop vite à l’invite des avides compagnies pharmaceutiques, soyez patient et réceptif. Sans perdre pour autant la raison, ayez le courage et l’humilité d’être touché et informé par ce que recèle de révélation la bouleversante nudité de l’être dévasté, désarmé, dépouillé. »

 

Dans la maison (2012)

J’ai introduit mon texte de chronique sur ce film par une citation du peintre Paul Klee… « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible », pour ensuite comparer la sensation que j’ai éprouvée après le visionnement du film à celle dépeinte par l’écrivain Gustave Flaubert à propos des livres qui ont eu le don de nous captiver.

Je cite Flaubert… « On peut juger de la beauté d’un livre, à la vigueur des coups de poing qu’il vous a donnés et à la longueur de temps qu’on met ensuite à en revenir » et commente ensuite les coups de poing reçus… « Pour vous donner une idée des ‘coups de poing’ que j’ai reçus en regardant ce film, je me contenterai d’une brève allusion au nombre de thèmes qui j’ai notés au cours des 98 minutes que dure le film : j’en ai noté – vous ne me croirez pas – près de 80. Mais ne craignez rien, car tout cela défile avec subtilité et finesse, nous laissant plus médusés qu’assommés! »

Pour rendre compte de l’impact du génie cinématographique d’Ozon et de sa complexe mais efficace incursion dans le champ de la psychanalyse, encore ici dans L’AMANT DOUBLE, je pourrais utiliser les mêmes citations!

 

Jeune et jolie (2013)

Sans penser au titre « Le frère d’Éros » que j’avais donné à mon premier texte du Ciné-psy sur un film d’Ozon, j’ai trouvé un titre parent pour mon texte sur le film Jeune et jolie, « Éros est un grand révélateur ». Comme quoi, si l’on fait une rétrospective des films du cinéaste, on peut y découvrir des filons thématiques qui caractérisent son œuvre. Ajoutons à cela le fait que l’héroïne de Jeune et jolie (Marine Vatch) est la même que celle que l’on retrouve dans L’AMANT DOUBLE. Ci-après, des extraits de mon texte du Ciné-psy sur Jeune et jolie

« Isabelle [….] n’a que dix-sept ans et, comme tout adolescent-e de son âge, elle se trouve à mi-chemin entre une enfance relativement modelée par ses parents et un avenir d’adulte qu’il lui appartient maintenant d’orienter suivant son désir, dût-elle pour cela, défoncer des portes, transgresser des interdits et bouleverser autour d’elle un ordre que l’on voudrait à tout prix bien établi.

Son désir, oui! Un désir qui se doit de faire appel à la flèche d’Éros pour atteindre son objectif : conquérir sa place au soleil! Car Isabelle ne vit pas à une époque ni dans un monde où la femme doit se soumettre, se voiler, feindre d’admirer l’autre en-habit-masculin, quelle que soit la maturité ou le charisme de celui-ci. Aussi choisira-t-elle celui qui aura pour elle le mandat secret de la déflorer. Plus tard, sa mère lui dira : « Tu me rappelles que quand tu étais petite, tu rentrais toujours en sang, comme un garçon manqué! »  Cette nuit-là de sa défloraison, Isabelle-en-sang aura le sentiment qu’elle a réussi : la voilà « femme », prête à tout affronter. [….]

Ce que l’on nomme insight (l’eurêka des chercheurs dans le domaine de la vie intérieure!) en psychothérapie ne peut surgir qu’au terme d’un long et patient travail sur soi, un travail qui ne peut faire l’économie d’obstacles à première vue insurmontables, de souffrances éprouvées comme trop grandes et injustes, d’échecs dont il faut parvenir chaque fois à se relever pour ne pas sombrer dans la dépression. L’insight n’est jamais sinon illusoirement le fruit d’un raisonnement : il est toujours le providentiel aboutissement d’une disposition en soi à accueillir ce qui fut rejeté, à se réconcilier avec l’autre. À la toute fin du film d’Ozon, vous verrez comment la JEUNE ET JOLIE Isabelle y parvient. Au printemps de sa vie! »

 

Hochelaga et les autres

Hochelaga, Terre des âmes. Vincent Perez jouant Jacques Cartier.

On connaît maintenant la date de sortie d’Hochelaga, terre des âmes, une fiction historique produite pour souligner le 375e anniversaire de Montréal. Le film prendra l’affiche le 19 janvier prochain un peu partout au Québec. Rappelons que ce long métrage, réalisé par François Girard, a été sélectionné récemment pour représenter le Canada dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère pour les Oscars 2018. Parmi les 92 titres regroupés dans cette catégorie et représentant chacun leur pays d’origine (un record), 5 finalistes seront choisis et dévoilés par l’Académie le 23 janvier 2018.

La sélection d’Hochelaga comme candidat canadien étonne peu, l’œuvre, de par sa nature (du moins selon la rumeur), étant rassembleuse et porteuse d’un récit historique autour des colons de la Nouvelle-France, des Anglais et des Amérindiens. Mais ce choix s’inscrit bien sûr aux dépens de longs métrages plus audacieux et peut-être moins emblématiques de la culture canadienne comme Le Problème d’infiltration ou Ceux qui font la révolution… Malgré ce fait, dans la liste des productions francophones lancées depuis un an, peu de titres se démarquent puisque dans le contexte des Oscars, une comédie populaire comme De père en flic 2 n’a aucune chance d’être choisie. Oubliez également Les Affamés (nommé meilleur film canadien au festival de Toronto). Il a pris l’affiche trop tard tout comme La Petite Fille qui aimait trop les allumettes. Et si le film de François Girard a pu être admissible sans avoir pris l’affiche au Québec, c’est parce que le distributeur a cru bon de le sortir en salle à Médecine Hat en Alberta, au début de l’automne, afin de respecter les règles de l’Académie.

Happy End de Michael Haneke.

Revenons maintenant sur les chances du candidat canadien de s’infiltrer parmi les finalistes internationaux en janvier prochain. Hochelaga aura comme principaux rivaux Happy End (Autriche) de Michael Haneke, The Square (Suède) de Ruben Östlund, 120 battements par minute (France) de Robin Campillo, Le Fidèle (Belgique) de Michaël R. Roskam et First they Killed My Father (Cambodge) produit par Angelina Joli. Une place parmi les cinq finalistes est encore envisageable, mais la tâche sera ardue compte tenu du grand nombre de films en lice, de la qualité des œuvres susnommés et de la renommée de leurs réalisateurs. Ne serait-ce que pour le talent de François Girard, on se croise les doigts, et on a hâte, après les résidants de Médecine Hat, de découvrir à notre tour Hochelaga, terre des âmes. Rappelons que la 90e cérémonie des Oscars, quant à elle, se déroulera le 4 mars prochain.