Après la disparition récente du cinéaste Wes Craven, un autre décès digne de mention est survenu cette semaine dans le milieu du cinéma, soit celui du comédien américain Dean Jones, âgé de 86 ans. Bien que peu évocateur pour l’ensemble de la population actuelle, son nom demeure associé à un bon nombre de comédies familiales loufoques et inoubliables, du moins pour les gens de 40 et de 50 ans qui, enfants, comme moi, fréquentaient les salles de cinéma durant les années 70 et regardaient les émissions hebdomadaires de Walt Disney ou encore Ciné-Quiz les après-midis de congés scolaires.
Dean Jones se spécialisait dans les rôles de straight man, père de famille ou héros anonyme gaffeur, dans des productions disneyennes candides destinées à toute la famille comme Le Fantôme de Barbe noire, Un amour de coccinelle et 3 Étoiles, 36 chandelles. L’annonce de son décès m’a inévitablement ramené à une époque où chaque film prenant l’affiche en salle en région avait son importance. Une époque où la sortie au cinéma (en programme double il faut le rappeler) représentait des heures de joies et de découvertes inestimables pour l’enfant curieux que j’étais.
Loin de moi l’idée de proclamer haut et fort, dans un élan de nostalgie, que cette époque est révolue, mais j’ai souvent l’impression que les films familiaux actuels s’enfoncent dans un canevas inévitable où les pétarades sont reines et où les effets spéciaux sont rois, et ce, bien souvent, au détriment d’un scénario original de qualité, faisant la part belle à des personnages dénués de toute profondeur psychologique. C’est un peu pourquoi le visage de Dean Jones m’a fait réfléchir sur mes années de jeunesse à rire des scènes burlesques de ces longs métrages tournés avec peu de budget mais beaucoup d’inventivité et misant sur des bouilles patibulaires d’acteurs typées fort sympathiques comme les Cesar Romero, Walter Matthau et Terry Thomas.
L’effet positif des comédies destinées au jeune public n’est pas à prendre à la légère et dans une optique disons plus locale, il serait d’ailleurs grand temps que les bailleurs de fonds comme Téléfilm et la SODEC mettent en place des quotas de productions annuelles de films pour enfants. Les Contes pour tous ont longtemps été une fierté pour le Québec et une carte de visite extraordinaire sur le marché international du cinéma. C’était la plus belle façon de se reconnaître culturellement dans des aventures cinématographiques intelligentes et pas du tout moralisatrices, des récits enlevants et touchants. Relancer ce marché avec une volonté politique claire et bien définie m’apparaît essentielle. Avec la prochaine sortie de La Guerre des tuques, version 3D, la question mérite d’être posée. D’ici là, j’ai une pensée pour Dean Jones et pour tous ceux qui m’ont fait rêver quand j’étais petit, des artisans qui méritent tous 3 étoiles et 36 chandelles.