L’heure du bilan des meilleurs films de 2015 est arrivée puisqu’il ne reste que quelques jours à l’année. Ce survol bien personnel, regroupant mes coups de cœur des douze derniers mois sortis au grand écran, n’est évidemment pas exhaustif. J’ai raté plusieurs films dont Steve Jobs et Straight Outta Compton et Joy et The Big Short ne sont pas encore sortis au moment où j’écris ce texte. Oui, j’ai vu le dernier volet de Star Wars et le nouveau western de Tarantino, deux fort bons divertissements qui ne parviennent cependant pas à se glisser dans mon palmarès. Alors voici les dix titres qui ont réussi à se faufiler dans mon top 10 de 2015, des œuvres qui m’ont marqué par leurs qualités de réalisation, le jeu de leurs acteurs, leur direction artistique ou technique et, surtout souvent, par leurs scénarios bien ficelés ou audacieux. (N.B. : Ne sont pris en compte que les longs métrages sortis en salle au Québec en 2015)
1- Saint Laurent : Aussi soigné dans sa mise en scène qu’osé dans le regard qu’il porte aux années les plus olé olé du mythique designer de mode aujourd’hui décédé, ce film de Bertrand Bonello est une pure merveille réalisé avec un budget modeste comparé au Yves Saint Laurent de Jalil Lespert. Saint Laurent bénéficie d’une écriture forte, du talent de Gaspard Ulliel, sublime dans le rôle principal, et d’une bande-sonore des plus relevées.
2- Reality : Le long métrage le plus étrange et le plus drôle de 2015. Si vous connaissez l’univers du cinéaste belge Quentin Dupieux, vous ne serez pas déstabilisé par le ton surréaliste de son plus récent film lynchien et disjoncté ayant Hollywood comme toile de fond et un Alain Chabat en grande forme.
3- Force majeure : Un long métrage rempli de malaises et de remises en question sur le couple. Dans le plus pur style scandinave, Force majeure est une œuvre philosophique profonde sur l’amour, la confiance et la résilience.
4- Mad Max: Fury Road : Sans chercher à lui donner de faux airs de film écolo-féministe, ce reboot de Mad Max est avant tout un divertissement de haut calibre qui nous tient en haleine durant deux heures. Vivement une suite!
5- Deux jours, une nuit : Un film dur et étouffant des frères Dardenne, racontant une histoire cruelle autour de la misère économique et de la mesquinerie des hommes aveuglés par le rendement et les profits. La conclusion du film est l’une des plus fortes vues au cinéma ces dernières années.
6- Winter Sleep : Le meilleur film de Ceylan, le plus abouti, le plus troublant, celui qui apporte une réflexion poussée sur la nature humaine, sur le couple, la valeur de l’argent, l’égocentricité. Un film très bergmanien, aux images sublimes filmées en Anatolie.
7- Les Démons : Selon moi, le meilleur film québécois de l’année. Une œuvre impressionniste réalisée par Philippe Lesage qui, sans faire l’unanimité, brille par son audace en abordant avec brio les peurs angoissantes de l’enfance.
8- Trumbo : La réalisation de Jay Roach est certes classique, mais la mise en images de ce pan sombre de l’histoire américaine m’a profondément touché. Bryan Cranston, suave, est au sommet de son art dans la peau de Dalton Trumbo.
9- Carol : Même si Todd Haynes a déjà fait mieux (Far from Heaven, I’m not There), reste qu’il nous offre avec Carol un film intelligent, accompli artistiquement et porté par deux actrices formidables, Cate Blanchett et Rooney Mara.
10- Room : Sous des allures de téléfilm par moments, Room s’est brillamment démarqué, lui aussi, grâce à la qualité de ses interprètes (Brie Larson et Jacok Tremblay) et également par son récit aussi tordu que véridique.
Et en bonus, je souligne la sortie audacieuse au grand écran de la série française P’tit Quinquin, un chef-d’œuvre télévisuel étrange, et les absences sur nos grands écrans du magnifique film fantastique germano-autrichien Le Mur invisible et de la drôle et touchante comédie américaine The Overnight avec Jason Scott et Judith Godrèche.
N’hésitez pas à commenter mon palmarès, en bien ou en mal. La discussion est ouverte. Vous pouvez également nommer vos propres coups de cœur et peut-être ainsi pallier de possibles oublis de ma part. Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes et une belle année 2016 riche en découvertes cinématographiques. On se retrouve en janvier, un mois aux sorties fort alléchantes. À ce sujet, je vous laisse avec la bande-annonce de The Revenant qui, avec Le Fils de Saul, est un des films les plus attendus du prochain début d’année. Ciao!
MAD MAX : Chaque année, j’ai mon nanane de super-production. Et j’ai adoré Mad Max. Avec son esthétique pas tuable issue de l’imaginaire des années 80 – LES DÉMONS m’a beaucoup surpris et ses interprètes encore plus. Pas de surexplication. On est dans l’émotion et les peurs du ti-gars. Et il est bon, le petit torrieu. TRUMBO a en effet une facture classique, mais cette histoire méritait d’être racontée. Martin Ritt avait lui aussi relatée cette partie sombre de l’histoire américaine dans son film THE FRONT avec Woody Allen et Zero Mostel. Tout aussi dérangeant. Merci Pierre de tes suggestions. Je suis allé voir LES DÉMONS après t’avoir lu.