Il y a eu Le Revenant, Le Fils de Saul, bientôt Mustang et on pourrait continuer ainsi avec la nomenclature de plusieurs autres titres. Les films du mois de janvier ne sortent pas des fonds de tiroir des distributeurs cette année. Ces longs métrages nous rappellent quand même que le calendrier de sorties est bien difficile à comprendre. En décembre, les distributeurs misent sur le lancement de films à grand déploiement, sur des comédies du temps des fêtes et sur des œuvres dites oscarisables. Puis en janvier, on préfère normalement lancer des fictions d’horreur potache ou à l’humour scatologique qui ne laisseront pas de traces douze mois plus tard lors du bilan annuel.
Janvier, c’est donc le moment idéal afin de rattraper le temps perdu à magasiner et à se farcir les films encore à l’affiche qui ont la cote. Après la déferlante Star Wars, il faut trouver le bon moment pour voir le dernier Tarantino, Carol ou Spotlight avant que la cérémonie des Oscars de février nous rappelle les noms de ces incontournables de 2015 que nous avons ratés. Pourtant, cette année, les longs métrages programmés en janvier sont grosso modo de haute qualité. La liste donne presque le vertige. Il y a Le Revenant et sa scène mémorable opposant DiCaprio au grizzly, candidat incontournable aux Oscars, Mustang et Le Fils de Saul, tous deux se retrouvant finalistes dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, le dessin animé brésilien Le Garçon et le monde nommé dans la catégorie animation, et de la Serbie, Soleil de plomb, une œuvre remarquable dans sa façon de revisiter les tensions des vingt dernières années dans l’ex-Yougoslavie. Du côté québécois, il faut aussi souligner les sorties de Bienvenue à F.L., l’un des meilleurs documentaires vus depuis un an, et bien sûr Endorphine d’André Turpin, qui brille par son audace, son réalisateur flirtant ici avec les univers glauques à la David Lynch.
Bref, janvier 2016 étonne et démarre l’année du bon pied. Et c’est tant mieux! En contrepartie, il faut aussi avouer que dans le domaine culturel, ce fut aussi un mois funeste. Juste du côté du cinéma, les pertes successives de Michel Galabru, d’Alan Rickman et d’Ettore Scola ont été marquantes. Leurs carrières respectives, fort différentes, auront marqué les cinéphiles. Galabru pour ses mimiques exaspérées dans une pléthore de comédies burlesques, pas toutes édifiantes il faut le rappeler. Rickman pour ses rôles dans Die Hard et dans Harry Potter, mais aussi pour sa grande sensibilité à titre de réalisateur avec le très beau The Winter Guest. Enfin, Scola qui à 84 ans bien sonnés représentait le dernier vestige de la grande époque du cinéma italien, celle des années 60 et 70 marquée du sceau de création d’Antonioni, de Visconti, de Fellini et de Pasolini. De par leur place dans le 7e art, Galabru, Rickman et Scola, nous marqueront car nous les avons tant aimés! On se rappellera de janvier 2016 pour ses grands films et aussi, un peu, pour ses grands disparus.