Le Festival de Cannes s’est ouvert mercredi avec la présentation, hors compétition, du tout nouveau Woody Allen, Café Society, produit par Amazon. Cela dit, parlons maintenant compétition, celle regroupant cette année 21 longs métrages fort attendus. Alors que quelques chanceux comme Éric Moreault du Soleil et Marc-André Lussier de La Presse sont sur place pour assister à toutes ces premières mondiales, nous alimentant quotidiennement avec leurs commentaires éclairants sur les films présentés sur la Croisette, on peut jouer, de ce côté-ci de l’Atlantique, au gérant d’estrade et tenter de prédire les futurs lauréats de cette 69e édition.
Pour la Palme d’or, il faut définitivement regarder du côté des habitués du Festival, soit les chouchous des bonzes de l’événement, les frères Dardenne, avec La Fille inconnue, ou encore Pedro Almodóvar, le mal aimé du palmarès avec Julieta, et bien évidemment Xavier Dolan, l’enfant prodige, avec Juste la fin du monde. Il faut aussi ne pas mettre de côté la talentueuse Andrea Arnold, de retour à Cannes avec American Honey.
Pour le Grand Prix du jury, on devrait rester dans les mêmes eaux à moins qu’un cinéaste plus en marge nous réserve LA surprise du Festival comme Jeff Nichols avec Loving ou le Roumain Cristian Mungiu avec Baccalauréat. Le Prix du jury, de son côté, sera probablement remis à une œuvre plus audacieuse, un film qui n’a pas rallié l’ensemble du jury présidé par George Miller, mais dont on aura beaucoup discuté lors des délibérations. Est-ce que l’audace d’un Alain Guiraudie, d’un Park Chan-Wook ou d’un Nicolas Winding Refn saura rallier les votes dans ce cas-ci? La question se pose.
Les prix d’interprétation masculine et féminine sont les plus difficiles à prédire sans avoir vu les œuvre sélectionnées. Asghar Farhadi a l’habitude de fort bien diriger ses interprètes, Almodóvar aussi, tout comme Andrea Arnold. Mais la distribution flamboyante du nouveau Dolan devra être suivie de près puisque qu’elle regroupe Vincent Cassel, Gaspard Ulliel, Léa Seydoux, Nathalie Baye et Marion Cotillard, cette dernière étant aussi à l’affiche de Mal de pierres de Nicole Garcia. Adèle Haenel au cœur de La Fille inconnue apparaît également comme favorite, sans oublier Isabelle Huppert au générique de Elle signé Paul Verhoeven. Dans Loving, l’Australien Joel Edgerton pourrait surprendre, lui qui était formidable dans l’étonnant The Gift, vu en 2015 et qu’il avait aussi réalisé.
Le Prix de la mise en scène sera probablement remis à un long métrage portant une signature forte, mais sans pour autant être très accessible. Personal Shopper d’Olivier Assayas, Paterson de Jim Jarmusch et The Neon Demon de Refn sont assurément de bons prétendants. Enfin, le Prix du scénario pourrait se retrouver entre les mains d’un réalisateur affirmé, mais mis de côté pour la Palme d’or ou le Grand Prix, pensons ici à Almodóvar ou encore à Ken Loach.
Bref, tout en surveillant les films qui seront présentés dans les trois autres sections du Festival de Cannes, on ne souhaitera qu’une chose, que la crème de tous ces longs métrages ne tarde pas à gagner nos écrans. On se laisse avec un extrait de Juste la fin du monde de Xavier Dolan, long métrage qui prendra l’affiche ici en septembre prochain.