Le Clap présente régulièrement du cinéma de genre et ça ne date pas d’hier. C’est dans ses salles que j’ai pu découvrir au fil des dernières années des œuvres singulières, parfois violentes, parfois sexy, comme Reservoir Dogs de Tarantino, L’Empire des sens de Oshima, Romance de Catherine Breillat, Happiness de Todd Solondz et C’est arrivé près de chez vous avec l’exubérant Wallon Benoît Poelvoorde. En ce moment, le Clap flirte avec le genre « horreur et fantastique », présentant The Conjuring 2 puis dès vendredi, The Neon Demon, long métrage réalisé par le Danois Nicolas Winding Refn (Drive) qui a été présenté en primeur à Cannes, en mai dernier.
The Conjuring 2 (j’avais franchement adoré le premier volet), toujours signé par James Wan et basé une fois de plus sur une histoire de poltergeist survenu à Londres à l’aube des années 70, me rappelle à quel point les films inspirés par des récits véridiques, des faits divers, des drames historiques et des biographies étonnantes, sont légion ces temps-ci. Toujours à l’affiche, Au nom de ma fille avec Daniel Auteuil relate le combat d’un père pour faire condamner l’assassin de sa fille à la suite de son décès survenu dans les années 80, en Allemagne. Genius, qui vient de sortir à Montréal, s’attarde à la relation entre l’éditeur Max Perkins et les auteurs qu’il publia : Hemingway, Wolfe, Fitzgerald. Puis, la semaine prochaine, nous pourrons découvrir la lutte menée par Newton Knight (joué par Matthew McConaughey) pour rendre légal les mariages raciaux tout juste après la guerre de Sécession dans un film intitulé The Free State of Jones.
La tendance du « c’est arrivé pour de vrai » ne s’arrêtera évidemment pas en juin. Cet été, on pourra aussi découvrir la vie du boxeur Roberto Duran dans Hands of Stone et celle de Ray Kroc, l’homme derrière la chaîne de restaurant McDonald’s, dans The Founder. Plus méconnue, on en saura davantage sur le parcours de Florence Foster Jenkins, une aristocrate new-yorkaise (jouée par Meryl Streep) qui, dans les années 30 et 40, rêvait malgré sa voix de crécelle de donner un concert d’opérette au Carnegie Hall. En août, la Française Anne Fontaine nous offrira, de son côté, Les Innocentes qui relate un épisode terrible de la fin de la Seconde Guerre mondiale alors que plusieurs sœurs bénédictines, en Pologne, se sont retrouvées enceintes à la suite du passage au couvent de soldats russes venus les libérer du nazisme.
On le constate, s’inspirer de la vie de personnalités connues, de faits divers étranges ou de tendances sociales réelles est une source fort prisée dans l’industrie du cinéma. Souvent, ce sont des sujets graves qui sont abordés mais, heureusement, ce phénomène nourrit également l’univers de la comédie. Citons en exemple Retour chez ma mère qui prendra l’affiche également en août après une brillante carrière en salle dans l’Hexagone. Cette comédie, mettant en vedette Josiane Balasko et Alexandra Lamy, exploite une tendance très forte présentement en France, celle des boomerang kids, ces enfants qui, une fois à l’âge adulte, retournent vivre chez leurs parents. Finalement, toujours à la fin de l’été, mais plus localement, nous aurons droit à un biopic fort particulier intitulé Mon ami Dino. Ce troisième long métrage de Jimmy Larouche nous arrive sous la forme d’une biographie romancée de Dino Tavarone (Omertà), acteur avec lequel le cinéaste saguenéen s’est lié d’amitié. Mon ami Dino, jouant avec les codes de la fiction et du documentaire, ainsi que du drame et de la comédie, s’apparente à ce nouveau genre cinématographique appelé documenteur qui a même son festival en Abitibi depuis treize ans. Juste « du vrai » faisait-on? Bien sûr que non, car c’est aussi ce qui fait la magie du cinéma, celle arrangée avec le gars des vues.