Ce blogue reprend vie après quelques semaines de pause. Ces derniers jours, j’ai eu la chance de me retrouver à Paris à l’invitation d’UniFrance pour y faire plus d’une vingtaine d’entrevues avec des réalisateurs et acteurs français dont les films sortiront ici en février, mars, avril et mai. UniFrance organise chaque année ce rendez-vous réunissant des dizaines de journalistes du monde entier qui, durant quatre jours, réalisent près de 1 500 interviews reliées aux sorties de longs métrages français dans leur pays.
Les efforts de la France pour exporter et donner de la visibilité à leur industrie cinématographique sont énormes. Malgré cela, au Québec, la popularité du cinéma de l’Hexagone n’est pas à son zénith. La période glorieuse associée à des têtes d’affiche comme De Funès, Depardieu, Belmondo, Deneuve est chose du passé. Marion Cotillard, Vincent Cassel ou Omar Sy n’ont pas le même pouvoir d’attraction auprès des cinéphiles québécois que leurs prédécesseurs. Cela dit, la qualité « française », elle, demeure toujours au rendez-vous.
La France représente encore et fort heureusement l’un des maillons les plus forts du cinéma mondial. Plus de 200 longs métrages y sont produits chaque année et même plus en comptant les nombreuses coproductions. C’est moins que les États-Unis évidemment et c’est également moins que l’Inde et le Nigéria qui ont une production titanesque mais destinée au marché local exclusivement. Les films français, eux, voyagent beaucoup et sont incroyablement diversifiés dans les genres, les comédies côtoyant des œuvres plus pointues formant une production hétéroclite et étonnante.
Étonnante car des pays comme l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie et l’Espagne peinent actuellement à produire année après année des films notables autant du point de vue de la quantité que de la qualité. Alors qu’en Amérique du Nord le cinéma en salle voit sa rentabilité s’effriter si ce n’est des nombreuses suites et films de capes américains, la France, elle, voit son industrie remonter la pente avec ses 213 millions d’entrées en 2016, une hausse de 3,6 % par rapport à 2015, soit le deuxième meilleur résultat depuis 2011 (l’année d’Intouchables) et ses 217 millions de billets vendus. Cela démontre la vitalité du cinéma français sur son territoire même si, inévitablement, ce sont les comédies parfois potaches qui dominent le palmarès des œuvres les plus courues, occupants les trois quarts des quinze premières positions, la quinzième étant celle de Juste la fin du monde. Bref, 35 % du marché en France est l’affaire des films produits localement. Bravo!
Maintenant, il demeure à mon sens prioritaire que le Québec s’intéresse encore à cette production française, par curiosité, par souci d’ouverture et pourquoi pas pour s’en inspirer. Ainsi, au fil des prochaines semaines, vous verrez sur le site Internet du Clap des capsules vidéo mettant en valeur des films français à venir. Ce blogue relatera aussi quelques anecdotes concernant ces réalisations qui se retrouveront au Clap au fil des quatre prochains mois, à commencer par le très beau film d’animation La Tortue rouge.
En terminant, un mot sur les Oscars 2017. Les nominations sont maintenant connues. Si Juste la fin du monde de Xavier Dolan a été exclu, on se doit de souligner que trois des cinq films nommés dans la catégorie Meilleur film étranger (Toni Erdmann, Les Oubliés, Le Client) prendront l’affiche au Clap dans les prochaines semaines. La compétition américaine sera forte cette année de par les nominations obtenues par le power trio formé de Moonlight, La La Land et Manchester By The Sea.
En décortiquant la liste, on est bien heureux de constater la présence d’Isabelle Huppert dans la catégorie Meilleure actrice pour son rôle dans Elle ainsi que des mentions pour Ma vie de courgette et La Tortue rouge dans celle du Meilleur film d’animation. L’ONF est de nouveau cité pour le court métrage d’animation Vaysha l’aveugle de Theodore Ushev, Enfin, un énorme bravo à Denis Villeneuve pour les nombreuses nominations pour Arrival et surtout la sienne à titre de meilleur réalisateur. Le 26 février, nous connaitrons les gagnants!