Alors que le cinéma britannique peine à se distinguer depuis quelques années, il faudrait surveiller Free Fire (en français Hostiles et armés), qui prendra l’affiche vendredi à Montréal et Québec. Encore peu connu du grand public, son créateur Ben Wheatley est possiblement l’un des réalisateurs les plus en vue au Royaume-Uni actuellement, s’attirant de film en film une horde de fans de plus en plus grande surveillant attentivement son travail en marge des grandes productions hollywoodiennes.
Né en 1972 dans la grande banlieue londonienne, Wheatley est à la fois réalisateur, scénariste et monteur. Dans les années 2000, en compagnie de son amoureuse Amy Jump (qui deviendra sa coscénariste), il se fait un nom sur Internet grâce à plusieurs clips viraux qui l’amèneront à travailler pour la télé de la BBC à quelques reprises. Puis en 2009, il réalise son premier long métrage, Down Terrace, une comédie noire à petit budget, tournée en huit jours, mais qui profitera à la suite de son lancement d’un bouche à oreille favorable l’amenant à être distribué à l’échelle mondiale, même au Québec.
Fort du succès d’estime obtenu pour cette première réalisation, Ben Wheatley bosse rapidement sur un deuxième projet, Kill List, un thriller sombre, presque malsain, tablant sur un personnage central sanguinaire, un ex-militaire devenu tueur à gages qui se retrouve au cœur d’une enquête qui l’amènera à découvrir une secte au culte sacrificielle. Sorti en 2011, Kill List fait penser à The Wicker Man et à The Blair Witch Project, version polar post-traumatique.
Dès lors, les amateurs d’étrangetés filmiques s’arrachent le DVD, attendant avec impatience l’opus suivant du cinéaste qui est déjà annoncé, Sightseers, une comédie absurde et morbide qu’il lancera l’année suivante en 2012. Au même moment, on fait aussi appel à son talent de metteur en scène en lui offrant la réalisation de l’un des sketches du long métrage d’horreur The ABC’s of Death, ce que Wheatley fera tout en planchant sur A Field in England, (hélas toujours inédit ici), un long métrage historique et cruel scénarisé par sa conjointe. Les deux années suivantes, Wheatley les passe à produire le projet le plus ambitieux de sa jeune carrière, soit High-Rise, l’adaptation filmique (encore scénarisée par Amy Jump) du livre dystopique éponyme de l’auteur J. G. Ballard (Crash). Dans cette production d’anticipation teintée de psychédélisme, la direction artistique et la direction photo sont tout simplement époustouflantes. Aux côtés de Sienna Miller, d’Elisabeth Moss et de Jeremy Irons, Tom Hiddleston se retrouve au centre d’une histoire vertigineuse dans un immeuble où tous les personnages qui y vivent disjonctent tour à tour dans un contexte très seventies.
La réputation de Ben Wheatley n’est maintenant plus à faire dans le milieu. Avec sa bande-annonce sous tension, sa nouvelle réalisation Free Fire rappelle l’univers des films de gangsters des années 70 et aussi, de par son lieu de tournage, un entrepôt, le Reservoir Dogs de Tarantino. L’histoire tourne autour d’une transaction d’armes qui vire à la fusillade. Brie Larson (Room), Cillian Murphy, Sam Riley et Armie Hammer sont au générique du film que les amateurs de sensations fortes ont bien hâte de déguster.