Vous avez possiblement vu le comédien français Guillaume Gouix au petit écran dans la première saison de la série télé Les Revenants. Vous aurez l’occasion, de par son talent, de le revoir souvent ces prochaines années au grand écran, lui qui partagera l’affiche en 2014 avec Jean Dujardin pour La French et avec Isabelle Adjani pour Sous les jupes des filles. Gouix, à peine 30 ans, baigne dans le milieu de la télé et du cinoche depuis près de 15 ans.
Rencontré à Paris, en janvier, à l’invitation d’Unifrance, lors de la promotion internationale d’Attila Marcel, film dans lequel il tient le premier rôle, Guillaume Gouix est apparu comme un être enjoué, spontané et taquin sur les bords. Alignant les pitreries pour détendre l’atmosphère en début d’entrevue, il s’est même amusé à imiter l’accent québécois, avec un certain succès, faut-il le dire, pour un français d’origine qui habituellement massacre nos intonations.
Sa personnalité d’adulescent a assurément pu séduire Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville), réalisateur de cette comédie fantaisiste, qui en a fait son personnage principal. En effet, Paul/Attila Marcel est un jeune homme muet, doué pour la musique et couvé par ses deux tantes âgées. Sa rencontre avec Madame Proust va lui faire comprendre l’origine de son mutisme, traumatisme qui remonte à la perte de ses parents dans son enfance.
En entrevue, le comédien avoue qu’aux essais, il n’a rien fait, préférant être passif plutôt qu’expressif, choix qui a sûrement plu à Chomet puisqu’il a obtenu le rôle illico. Gouix a adoré son expérience, n’hésitant pas à encenser le talent de Chomet, la force de son univers et l’avantage d’être entouré sur le plateau de comédiennes aguerries comme Anne Le Ny, Hélène Vincent et la défunte Bernadette Lafont dans son tout dernier rôle.
Si le film mise, bien sûr, sur le charme candide de Gouix, il table aussi sur un esthétisme vieillot et naïf qui n’est pas sans rappeler celui de L’Écume des jours de Michel Gondry et du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. L’univers innocent, caricatural et coloré d’Attila Marcel est aussi très proche, dans sa forme, de celui de la bande dessinée. Ces textures très européennes, rarement exploitées au cinéma québécois, nous pourrons bientôt les retrouver dans nos salles si on se fie aux premières images tirées du film Henri Henri.
Au départ intitulé Le Relampeur, ce « conte » réalisé par Martin Talbot, devrait sortir l’automne prochain. L’histoire est prometteuse et la direction photo de Mathieu Laverdière riche et presque féérique. Avec à ses côtés Sophie Desmarais, Victor Andres Turgeon-Trelles (Le Torrent) joue Henri, un jeune homme qui travaille à changer des ampoules brûlées et à entretenir des luminaires. Consacrant sa vie à mettre de la lumière dans la vie des gens, il ne parvient pourtant pas à sortir lui-même de l’obscurité. Il se donnera comme but d’aider ceux qui, à son image, peinent à sortir de la noirceur.
Avec Paul/Attila interprété par Gouix et Henri joué par Turgeon-Trelles, nous découvrons deux âmes candides, sensibles et déterminées à changer leur destinée. D’ici la sortie prochaine d’Henri Henri, le monde d’Attila Marcel s’offre à nous. Âmes cyniques s’abstenir.