Quand on regarde l’affiche de la comédie dramatique Le Grand Bain, film qui sort en salle le vendredi 9 novembre, au Clap, on se demande comment son réalisateur, Gilles Lellouche (mieux connu comme acteur), a pu réunir une telle brochette d’acteurs au cœur de cette aventure aquatique?
Au générique, on retrouve Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, le chanteur Philippe Katerine, Jean-Hugues Anglade, Mathieu Amalric, Marina Foïs, Virginie Efira, Noée Abita, Leïla Bekhti, Félix Moati, Jonathan Zaccaï et Mélanie Doutey. Une vraie dream team pour un cinéaste qui, lors de son passage au Québec, avoue avoir été un peu angoissé peu avant d’entreprendre le tournage de cette comédie dramatique tournant autour d’une équipe masculine de nage synchronisée.
Éditions Le Clap : Réunir autant d’acteurs connus ou renommés au sein d’un même film le condamnait-il inévitablement à un grand succès une fois lancé en salle?
Gilles Lellouche : Oui et non. Mon casting est inhabituel surtout. J’ai réussi à regrouper des acteurs connus du grand public, Guillaume Canet et Benoît Poelvoorde notamment, mais aussi d’autres qui viennent d’univers différents comme le cinéma d’auteur pour Mathieu Amalric et Philippe Katerine qui a un genre musical, disons, bien à lui. Que le grand public en général embarque, ça, ça me fascine. C’est assez inédit. On a fait en deux semaines plus de 2 millions et demi d’entrées en France, ce qui est énorme! Je suis réellement surpris et ça me fait vraiment plaisir.
ÉLC : Votre film relate l’aventure d’une équipe masculine de nage synchronisée formée d’hommes au mitan de leur vie dont certains sont au bord de la dépression. C’était important pour vous d’avoir cet angle dramatique?
GL : Je suis sensible à la société dans laquelle je vis. Je regarde ce qui se passe autour de moi. Je suis un privilégié et les gens qui luttent, ceux qui n’ont pas eu ma chance me touchent. J’ai des copains avec qui j’ai étudié qui n’ont pas connu la célébrité au cinéma. Certains ont vu leur rêve s’envoler. C’est dur. Le personnage de musicien joué par Jean-Hugues Anglade vient de cette réflexion.
ÉLC : Poelvoorde et Katerine sont deux phénomènes en soi. De les diriger sur un tournage, est-ce chose facile?
GL: Ça s’est très bien passé même si je dois avouer que dans les deux cas, ils ont des personnalités très juvéniles. Ce sont comme des enfants qui aiment jouer, qui voient leur travail comme une partie de plaisir. Et personne ne s’est ennuyé sur mon tournage, on était une joyeuse bande. En plus, Benoît, dans l’eau, il se débrouillait très bien, car il avait été sauveteur dans sa jeunesse.
ÉLC : Justement, tourner un film de chorégraphies aquatiques avec des acteurs qui ne sont pas des experts nageurs au départ, ça ne vous a pas angoissé?
GL : L’angoisse, je l’ai ressentie deux semaines avant le début du tournage. Là, je voyais que ce serait concret, que tout le monde y serait et qu’il fallait éviter les dégâts. Je devais diriger tout ce beau monde, seul. Heureusement, l’équipe a été formidable. Le pire, j’avais un comédien (Thamilchelvan Balasingham) qui ne savait même pas nager. C’était la cerise sur le gâteau. Lui, il a eu une double ration de piscine. Vous savez, tout le monde s’est entraîné comme des dingues. On s’est lancé un peu naïvement dans cette aventure, avec un grand don de soi. Au final, il fallait être motivé, je l’avoue.
ÉLC : Le film connaît un tel succès depuis son lancement en France, qu’il est facile de penser qu’un producteur va vous inciter à concocter une suite, non?
GL : Ha, ha! Je ne crois pas parce que l’avantage de mon film, c’est que c’est un instantané sur un groupe de personnes. On est amené dans leur vie et après, c’est terminé. Faire un second Grand Bain, je n’en vois pas l’intérêt. Je vais tourner la suite des Petits Mouchoirs de Guillaume Canet et dans ce cas-là, j’avoue que c’est différent parce que c’est la chronique d’une bande d’amis. Le Grand Bain, au contraire, ce sont des personnes qui se rencontrent à cause de la nage et après ils repartent chacun dans leur monde.
ÉLC : Comme acteur, on vous verra bientôt dans Pupille réalisé par Jeanne Herry, un film sur l’adoption. Pourquoi devrions-nous le voir au cinéma?
GL : Quand vous allez voir Pupille, vous comprendrez l’importance de payer des impôts. Ça parait étrange, mais je m’explique… Dans ce film, on assiste à tous les efforts d’une chaîne humaine incroyable pour faire en sorte qu’un bébé abandonné à la naissance trouve un nouveau foyer. Moi, je n’avais jamais pensé qu’il y a des gens, payés par l’État, qui sont dévoués à ce point. C’est un film bouleversant de beauté et d’amour.