Au moment même où le gouvernement québécois annonce des compressions budgétaires et une baisse de 20 % en crédits d’impôt pour la production cinématographique, l’organisme Québec Cinéma (derrière les Rendez-vous du cinéma québécois et la Soirée des Jutra) lance une toute première campagne promotionnelle afin d’illustrer la richesse et la diversité du cinéma d’ici.
Le but : éveiller la curiosité du grand public et renforcer le sentiment de fierté des Québécois envers leur cinéma et ses artisans. Un mandat qui est fort louable compte tenu des revenus à la baisse enregistrés en salle par les films québécois depuis quelques années. Des efforts qui visent assurément à contrer, dans l’imaginaire collectif, le renforcement négatif généré par les déclarations à l’emporte-pièce d’un propriétaire de cinémas de banlieue et les manchettes réductrices de certains quotidiens tablant sur la non-rentabilité des films produits au Québec.
Les messages, conçus comme de petits courts métrages de 30 ou 60 secondes, se retrouveront sur plusieurs plateformes, allant des salles de cinéma partout en province jusqu’aux nombreux réseaux sociaux. Des réalisateurs, dont Maxime Giroux (Jo pour Jonathan) et Emanuel Hoss-Desmarais (Whitewash) et des comédiens, entre autres Laurent Lucas, Macha Grenon et Martin Dubreuil, participent à l’aventure. Les premières capsules mises en ligne, techniquement superbes, font preuve d’humour et se terminent toutes avec un clin d’œil faisant référence à une œuvre, récente ou marquante, de notre filmographie nationale. La campagne, intitulée Un cinéma riche en histoires, s’étendra sur une période d’un an et comptera au final une quarantaine de capsules censées changer la perception actuelle et éveiller l’intérêt général pour une industrie qui peine à contrecarrer le bulldozer américain.
Difficile d’être contre ce beau projet, relié inévitablement à une lutte pour la survie de notre identité culturelle, démarche essentielle qui devrait inspirer autant les Italiens que les Allemands dont les industries cinématographiques se meurent malgré un bassin de population dix fois plus grand qu’ici. Paradoxalement, on demande à des créateurs, réalisateurs, comédiens et autres de participer à cette aventure peu coûteuse et revendicatrice alors que le budget provincial vient confirmer le désintérêt, encore une fois généralisé, des politiciens envers la production locale, son importance culturelle et sa valeur inestimable comme reflet identitaire à l’international.
Finalement, ce que l’on constate, c’est que l’éveil souhaité chez le grand public pour nos films se trouve à l’opposé de la pensée neurasthénique qui afflige la classe politique actuelle et dont le discours d’austérité, hélas, ne surprend personne et semble arrangé avec le gars des vues à court terme. On se prend à rêver et à espérer que le milieu québécois du septième art réagisse à cette réalité politique et change la formule des capsules à venir. D’Un cinéma riche en histoires, on pourrait ainsi lancer une nouvelle campagne intitulée : Une vision culturelle pauvre et bientôt sans histoire…
Voici les liens pour visionner les capsules et obtenir de l’information sur la campagne en question.
www.quebeccinema.ca/campagne.html
www.facebook.com/QcCinema
www.twitter.com/Qc_Cinema