Un amour impossible, c’est l’adaptation du livre éponyme écrit par Christine Angot, un drame familial réalisé par Catherine Corsini (La Nouvelle Ève, La Belle Saison). L’histoire est celle de Rachel (Virginie Efira) qui, séduite par Philippe (Niels Schneider), accouche d’un enfant dont il ne veut pas reconnaître la paternité. Les deux vivront séparés, se retrouvant de façon éphémère, Philippe s’intéressant peu à sa fille jusqu’à l’adolescence, période où leur relation sera bouleversée pour le pire. Rencontrée grâce à UniFrance dans le cadre de la promotion du film, la réalisatrice a bien voulu nous donner des détails sur le tournage et sur le choix des acteurs principaux de son long métrage.
Pierre Blais: Catherine, votre film relate une histoire troublante, émouvante et cruelle, et qui s’étale sur plusieurs décennies. En le regardant, je voyais aussi la mini-série qu’Un amour impossible aurait pu devenir.
Catherine Corsini : Le livre m’avait bouleversé. Christine a beaucoup aimé le scénario et une fois tourné, c’est vrai que ce genre de récit qui se déroule sur plusieurs décennies aurait pu faire l’objet d’une mini-série, un peu comme Todd Haynes l’a fait avec Mildred Pierce (avec Kate Winslet) qui abordait également les rapports mère/fille. L’adaptation n’était pas simple. Je me suis appliquée à trouver les moments clés dans la vie de cette mère et de cette fille, comment elles traversent le temps ensemble malgré le drame. Mon film, c’est un livre d’images, celles des moments forts et plus anecdotiques qui font de notre vie une sorte de puzzle. C’est au final de savoir manier notre rapport au temps, et ce, à travers l’art narratif du cinéma. Et puis cette histoire, c’est aussi mon enfance. Je suis de la même génération que Christine Angot alors j’ai les mêmes souvenirs de l’époque où l’on écrivait des lettres, l’utilisation du téléphone, l’arrivée d’Internet, nos rapports à la façon dont on communique avec l’autre. L’attente du coup de fil a disparu au profit de l’attente du texto aujourd’hui. Et évidemment, d’aborder le sujet de ces deux femmes qui ont mené un combat pour se libérer, ça m’intéressait énormément. Tout ce projet était pour moi profondément fascinant.
PB : Le personnage de la mère, Rachel, jouée par Virginie Efira est étonnant, car il passe avec beaucoup de résilience à travers toutes les épreuves.
CC: Tout à fait. À l’époque, les femmes étaient conditionnées pour se marier et avoir des enfants. Si ce n’était pas le cas, elles en arrachaient. Mon film, c’est aussi un hommage à ces femmes, ces premières féministes si on veut, qui travaillent, élèvent leurs enfants seules, indépendantes et modernes avant leur temps. Dans le film, Rachel et Chantal dépendent l’une de l’autre. Quand la mère se retrouve devant le fait accompli et découvre que le père de son enfant est un pervers, elle peine à réaliser que c’est possible. C’est la fille qui arme sa mère devant la situation, pour l’aider à combattre à ses côtés et sortir de cette culpabilité énorme du fait de n’avoir rien vu venir.
PB : Le travail de maquillage est bluffant. Virginie Efira et Niels Schneider vieillissent sous nos yeux avec beaucoup de réalisme.
CC: Il y a eu un gros travail de fait en amont avec les maquilleurs et le résultat est incroyable. J’avais même pensé engager une seconde actrice mais au final, Virginie est formidable à l’écran. Pour le personnage de sa fille Chantal, il a fallu engager plusieurs comédiennes : un bébé, une fillette de 4 ans, une fille de 8 ans, une adolescente de 15 ans et enfin une adulte de 30. Au départ, on cherchait les ressemblances physiques puis on est allé vers des petits détails, des rappels, dans les costumes et surtout des personnalités vives. Il fallait sentir l’émotion chez chacune d’elles pour incarner Chantal aux différentes époques.
PB : Niels Schneider joue à la perfection le bellâtre séducteur. Vous aviez vu cela en lui?
CC : Ça a été un coup de foudre incroyable. J’ai fait plusieurs essais avec Virginie et d’autres acteurs et ça ne fonctionnait pas. Niels, je le trouvais trop jeune au départ mais en audition, il a été parfait. À la fin des essais, j’ai confirmé à Virginie que Niels était le comédien idéal pour jouer le rôle de Philippe. Il a trouvé le ton juste, ce flegme inhérent au personnage, une gestuelle qui l’accompagne dans chaque scène pour caractériser ce salaud, cette ordure de père abuseur. Virginie et Niels ont rendu le tournage très agréable.
Un amour impossible, à l’affiche dès le vendredi 5 avril.