Alors que le Festival de cinéma en famille de Québec bat son plein durant la semaine de relâche mise au calendrier par une majorité d’écoles primaires et secondaires de la région, on se doit de remarquer deux phénomènes concernant le cinéma québécois et ce qu’on appelle la clientèle « jeune public ».
Bien sûr, les films jeunesse québécois sont encore trop rares dans nos cinémas à part les films d’animation comme La Course des tuques, sorti récemment, et ceux conçus par les Productions 10e avenue (La Légende de Sarila, Nelly et Simon : mission yéti). L’époque glorieuse des Contes pour tous semble bien lointaine et pourtant il n’est jamais trop tard pour changer la donne. Certains pays l’ont bien compris. Par exemple, au Danemark, une part fixe annuelle de 25 % de l’ensemble des subventions offertes à la production de films locaux est consacrée à la réalisation d’œuvres destinées aux enfants. L’idée derrière cette politique est d’habituer très tôt les jeunes spectateurs à voir des films qui leur ressemblent, des longs métrages reflétant leur culture plutôt que de les laisser se nourrir uniquement de productions Disney. L’idée est louable, alors pourquoi ne pas développer davantage ce créneau chez nous? Nos institutions comme la SODEC et Téléfilm Canada n’ont qu’à emboîter le pas.
Enfin, le second phénomène que l’on peut constater présentement dans nos salles, un peu l’inverse du premier, c’est l’abondance de longs métrages québécois mettant en scène des adolescents. Même si ces films peinent à attirer la clientèle visée dans les salles, il y a lieu de remarquer une forte tendance depuis au moins deux ans alors que sont débarqués sur nos écrans 1:54, La Chute de Sparte, Les Faux Tatouages, Charlotte a du fun, Avant qu’on explose, Ailleurs, Wolfe, La Disparition des lucioles, 1991, Une colonie et bientôt, à l’affiche en mars, Dérive et Genèse. Il reste encore à briser certains tabous chez une clientèle cible qui s’abreuve beaucoup à Netflix et qui est plus qu’habituée aux effets spéciaux démesurés des films hollywoodiens pour se divertir. Il faut absolument attiser leur curiosité pour des œuvres qui dépeignent, par le drame et l’humour, leur quotidien, leur réalité québécoise comme on peut le faire dans le réseau scolaire avec nos romans. La qualité de nos films cités plus haut étant au rendez-vous, autant du côté de la réalisation que du côté du talent de nos jeunes acteurs et actrices, il y a lieu d’être optimiste. Soutenir le cinéma de divertissement oui, mais aussi celui qui prend la forme d’un miroir de notre société et de notre jeunesse. Voilà une belle matière à réflexion.
Bande annonce de Mia et le lion blanc, film de clôture du FCEQ.