Cécile de France mène depuis déjà vingt ans une carrière formidable en France. Depuis ses débuts, la Belge d’origine a enchaîné les tournages, autant des comédies que des drames, flirtant même avec le cinéma de genre par moments (le drame d’horreur Haute tension, 2003), devenant une vedette du grand écran par son talent et son énergie unique. On la retrouvera dès le 24 janvier au cinéma dans une comédie ayant pour titre Rebelles, un film réalisé par Allan Mauduit (Vilaine). Rencontre avec une actrice qui saute à pied joints dans un métier qui lui permet de jouer des femmes fortes et déterminées.
Le Clap : Le film raconte comment trois ouvrières, dont Sandra votre personnage, une ancienne miss Nord-Pas-de-Calais retournée vivre dans son patelin d’origine, s’emparent d’un énorme magot appartenant à la pègre locale. Cette comédie prend l’allure d’un western où les personnages féminins s’éclatent. Est-ce ce qui vous a charmée dès le départ?
Cécile de France : Oui, le film a un côté polar et comédie noire un peu trash. Mon personnage d’ex-miss est détestable et j’avais envie d’en faire une réelle connasse (rire). C’était franchement très agréable à jouer. Dès le début, Sandra est immonde et superficielle. En plus, elle rejette ses origines. Mais au fil des aventures qu’elle vivra avec ses deux sœurs de crime, jouées par Yolande Moreau et Audrey Lamy, elle deviendra la figure emblématique qu’on retrouve souvent dans les westerns traditionnels.
Le Clap : Le film se déroule à Boulogne-sur-Mer, vous connaissiez l’endroit?
CDF : Non, parce que malgré son joli bord de mer, ce n’est pas ce qu’on appelle une destination très touristique. Mais je suis Belge et ce genre de coin je connais bien. J’habite dans le nord de la France d’ailleurs et la mer du Nord est plus proche de mon identité. J’étais surtout heureuse que, malgré le côté très prolétaire de l’endroit, ce lieu soit très ensoleillé, ce qui évitait de donner au film une saveur trop misérabiliste.
Le Clap : Vous parliez de western, Rebelles fait aussi penser à ces longs métrages mettant de l’avant des personnages féminins forts et prêts à tout!
CDF : Absolument, le film s’inspire des œuvres de Tarantino comme Kill Bill et Jackie Brown. On peut aussi penser à Erin Brockovich. C’est super, car c’est encore trop rare au cinéma
Le Clap : Vous avez souvent joué des personnages de femmes ayant beaucoup de caractère au cinéma. C’est un luxe d’avoir une carrière enrichie par ce phénomène.
CDF : Vous avez raison, mais j’ai également refusé beaucoup de rôles qui allaient à l’encontre de tout ça. J’ai toujours aimé jouer des femmes libres, qui prennent leur destinée en main. Et ça m’a souri.
Le Clap : Justement, certains de vos rôles sont très inspirants pour les femmes et les plus jeunes filles, je pense par exemple à La Belle Saison, un film saphique qui, je vous le confirme, est diffusé dans certains collèges québécois et qui aide à casser les tabous.
CDF : Eh bien, ça fait plaisir à entendre. J’aime qu’on me le fasse remarquer. Évidemment, ces choix de rôles ne sont pas prémédités. C’est inconscient. Mais je réfléchis avec mon cœur quand je m’engage dans un film. Et si en plus, ça peut avoir cet effet, une certaine inspiration, une réflexion, alors oui, notre métier devient utile.
Le Clap : À vue de nez, 2019 a été une grosse année pour vous avec les titres que vous avez tournés récemment et qui sortiront en 2020?
CDF : Oui, mais ce sont surtout des seconds rôles comme dans le prochain Wes Anderson, The French Dispatch, dans Comédie humaine avec Depardieu et Xavier Dolan, et dans la prochaine réalisation d’Isabelle Bercot ayant pour titre De son vivant. Mais j’espère aussi qu’Un monde plus grand, un film très dépaysant dans lequel je joue et qui vient de sortir en France sera aussi présenté au Québec car, comme pour Rebelles mais dans un autre registre, je crois que vous allez aussi beaucoup apprécier.
Rebelles sera à l’affiche du Clap dès le 24 janvier.
Cette entrevue a été réalisée dans le cadre de la 22e édition des Rendez-vous du cinéma d’UniFrance 2020, à Paris.