Auteur d’une cinquantaine de courts métrages depuis dix ans, le réalisateur de Québec Olivier A. Dubois (à ne pas confondre avec le chorégraphe français du même nom) est fasciné par le cinéma d’horreur. En surfant sur Internet, comme bien des gens curieux et avides d’étrangeté, il est tombé sur les photographies hallucinantes prises sur une petite île mexicaine, située non loin de la capitale Mexico. Surnommée l’île des Poupées, ce lieu aux allures de cauchemar surréel est peuplé de plus de 1 500 poupées recueillies sur plus de 40 ans et exposées par un collectionneur étrange, résidant de l’endroit et décédé en 2001.
L’épouse et collaboratrice d’Olivier A. Dubois, Georgina Alcantara étant d’origine mexicaine, il se rend régulièrement là-bas pour visiter sa belle-famille et participer à différents festivals culturels et y présenter ses courts métrages. L’hiver dernier, en compagnie de sa dulcinée et de sa belle-famille, Olivier décide de faire la balade touristique en gondole afin de visiter l’île des Poupées. Le trajet : deux heures pour l’aller, deux heures pour le retour.Muni de son appareil photo numérique, il a filmé rapidement les lieux sans visiter l’île comme tel, car s’y rendre par la voie des eaux est déjà chose coûteuse (300 $). Après avoir visionner ses images de tournage, le footage en langage cinématographique, le cinéaste savait qu’il avait en main assez de matériel pour aller de l’avant et réaliser son court métrage qui allait porter le titre de 1 500 Niños, un film qui durerait un peu moins de six minutes.
Pour finir le tournage, encore fallait-il dénicher celui qui allait personnifier l’insulaire collectionneur de poupées au cœur du récit. Olivier le trouva par hasard en la personne de Roberto Sanchez de la Vega, père de la femme du frère de sa conjointe. Vous me suivez? « Ce monsieur-là, il avait une folie et une théâtralité incroyable malgré ses 81 ans. Il a embarqué dans le projet sans connaître l’île », de dire Olivier A. Dubois. « De mon côté, il fallait que j’explore la psychologie de l’homme qui avait créé ce monde étrange et pas seulement en montrant les poupées. Les légendes courent à son sujet. On aime entretenir le mythe autour de lui et de ses 1 500 poupées. La vérité, finalement, on s’en fout un peu, moi, je désirais qu’on sente qu’il y a quelque chose de malsain dans tout ça », de conclure le réalisateur qui se prépare à tourner de nouveau dans quelques semaines lors du Festival de Trouville, en France. 1 500 Niños, lui, sera présenté dimanche, le 3 août prochain, en grande première au Festival Fantasia de Montréal avant de l’être à Québec, à l’automne, à Vitesse Lumière et par la suite dans d’autres événements internationaux consacrés aux courts métrages ou au cinéma de genre. Voir 1 500 Niños, c’est une belle façon de visiter «en toute sécurité» un endroit à glacer le sang, un lieu chimérique qui aurait aussi séduit, selon les rumeurs, le réalisateur Tim Burton qui aimerait bien y tourner un de ses prochains films.