La sortie de Nadia, Butterfly, en salle dès le vendredi 18 septembre, était fort attendue des cinéphiles. Avec raison car d’une part, le film a été certifié « Festival de Cannes 2020 » même si l’événement public fut annulé. Ensuite, il a eu l’honneur d’ouvrir l’édition 2020 du Festival de cinéma de la Ville de Québec. Finalement, Pascal Plante, depuis la sortie de son premier long métrage, Les Faux Tatouages, est un cinéaste définitivement talentueux dont on a envie de suivre les traces. De passage à Québec pour souligner le lancement de son film, le réalisateur, accompagné de son actrice principale Katerine Savard, a bien voulu nous donner des détails sur le tournage de ce récit où le sport, au final, est surtout le prétexte pour mettre en scène un personnage qui vit un spleen post-compétition.
Nadia, Butterfly relate la toute dernière compétition olympique d’une nageuse canadienne lors des Jeux de Tokyo en 2020 et la soirée festive qui suivra l’obtention d’une médaille pour cette athlète qui sent qu’une nouvelle vie l’attend. Dans le rôle principal, on retrouve Katerine Savard, nageuse olympique canadienne, originaire de Pont-Rouge, qui entend bien retourner, dans la « vraie vie » aux prochains Jeux d’été de Tokyo en 2021, événement qui a été repoussé d’un an à cause de la pandémie. Katerine partage l’écran avec Ariane Mainville, une autre nageuse émérite qui faisait elle aussi ses premiers pas au grand écran.
Le Clap : Pascal, le sujet de votre second long métrage est très éloigné des Faux Tatouages, est-ce que le désir de parler de natation et d’une athlète est relié à votre propre cheminement d’ex-nageur?
Pascal Plante : J’ai fait partie du Rouge et Or de l’Université Laval en natation. Donc, effectivement, c’est un milieu que je connais bien. Mais quand j’ai quitté la compétition, ça s’est bien passé au contraire du personnage de Nadia, car je savais déjà que j’allais me diriger vers le milieu des arts. Donc, même si ce n’est pas autobiographique comme histoire, le temps que j’ai passé dans des piscines, j’avais envie de le réinvestir sur grand écran, de le faire ressentir sur les plans sonore et visuel et, au final, je suis fier du résultat même s’il n’est pas parfait, car c’est un film un peu curieux, j’en suis conscient.
Le Clap : Parlant de curiosité, ce serait une erreur de le qualifier de drame sportif alors que l’atmosphère qui porte le film rappelle beaucoup celle de Lost in Translation, notamment pour les scènes d’errance à Tokyo, non?
PP: Oui, l’errance est là longtemps. Les 25 premières minutes relèvent du film sportif, mais ensuite on est ailleurs. D’ailleurs, dans mes films préférés qui parlent de sport, comme Raging Bull, ce n’est pas le sport qui est au cœur du récit. En même temps, je n’ai pas revisité Lost in Translation, mais le spleen est bien présent. Ça, c’est sûr. Et techniquement, on s’est gâté pour utiliser plein de trucs qui allaient donner du style aux images. Quelque chose peut rappeler des univers comme ceux de My Florida Project, des œuvres d’Andrea Arnold ou même de Fellini. Un réalisme qui peut ou tente de toucher au magique. Bref, je suis loin des films des frères Dardenne ou de Kechiche avec Nadia.
Le Clap : Un récit qui se déroule à Tokyo, pour un long métrage québécois, ça vient automatiquement gruger une grosse partie du budget, non?
PP : On a été à Tokyo pour tourner le quart du film, dont les scènes extérieures évidemment. Mais tout le reste, on était à Montréal et il fallait recréer Tokyo pour les scènes intérieures et sérieusement, c’est aussi très complexe à faire. Les logos, les mascottes, les costumes d’Équipe Canada, ça aussi c’était énorme comme boulot afin d’arriver à donner une impression de réalisme. Il y a eu un gros travail de direction artistique. Les médailles ont été créées avec une imprimante 3D, je n’en revenais pas moi-même de cette possibilité, à quel point ça peut nous aider quand notre budget est relativement modeste.
Le Clap : Le film est certifié Cannes 2020, il vient de faire l’ouverture du FCVQ et sort en salle au Québec, quelle est la suite des choses?
PP : Il sortira en France au printemps prochain, mais les distributeurs internationaux sont frileux à cause de la pandémie. Au moins, Nadia fait plein de festivals dont Busan en Corée du Sud. Donc il y a une belle vie qui se dessine pour le film. Mais d’avoir le label cannois, ça vient avec son lot d’attentes. Ça, ça me stresse. Les gens le voient comme le film à voir et je me dis qu’il ne faut pas avoir de trop grandes attentes. Il faut juste se laisser embarquer par Nadia, Butterfly.
Pascal Plante sera au Cinéma Le Clap le dimanche 20 septembre, à 16 h20, pour rencontrer le public qui assistera à la projection de son film.
En terminant, un petit mot de l’actrice principale au sujet de son expérience de tournage.
Katerine Savard : Pascal nous a vraiment bien dirigées et encadrées, Ariane et moi. On ne connaissait rien au cinéma. Oui, il fallait, au moins dans mon cas, me rassurer lors des prises. Durant le tournage, je suivais les directives, j’avais un certain stress de ne pas être à la hauteur. Cela dit, mon personnage était loin de moi. Exemple, je n’ai jamais vécu de fête comme on le voit dans le film, rien d’aussi intense, sans nier que ça peut arriver. On le vit aussi selon nos personnalités, on vit des Jeux olympiques de façon très différentes. Ariane et moi, on s’est réellement rapproché lors du tournage et je suis heureuse qu’on dise que ça transparaît à l’écran. Quand j’ai vu le film la première fois, je me demandais si j’allais être naturelle à l’écran. Je passais mon temps à m’analyser. J’ai hâte de le revoir sans avoir cette réaction. Ensuite, j’avoue que j’aimerais répéter l’expérience et éventuellement obtenir un autre rôle au cinéma.
Du réchauffé, on n’a déjà vu une multitude d’histoires du genre ! La fin d’une carrière pour un athlète et son désarroi……..