L’automne québécois de Reese

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Reese Witherspoon dans Wild de Jean-Marc Vallée

On parle avec raison du succès de cinéastes québécois sur la scène internationale, de la carrière poursuivie à l’étranger pour certains d’entre eux. Le nom de Denis Villeneuve vient évidemment rapidement à l’esprit quand on aborde le sujet et on peut ajouter qu’avant lui les George Mihalka, Yves Simoneau et Christian Duguay, s’étaient également expatriés durant plusieurs années pour bosser sur des films produits aux États-Unis, au Canada anglais ou en Europe.

Jean-Marc Vallée avait aussi fait un détour chez nos voisins du Sud après le succès de Liste noire pour y tourner deux films disons mineurs, Los Locos et Loser Love. Heureusement pour lui, le succès étonnant et tellement mérité de Dallas Buyers Club lui a permis de tourner rapidement Wild qui prendra l’affiche d’ici la fin de l’année. Mettant en vedette Reese Witherspoon (Legally Blonde 1 et 2), le film, autobiographique, décrit la traversée à pied du sentier Pacific Crest Trail (1 800 km) par l’Américaine Cheryl Strayed. Avec ce périple, cette dernière entend chasser les démons intérieurs qui l’habitent depuis son divorce et la mort récente de sa mère. Présenté tout récemment à Telluride au Colorado, au même festival où on avait pu voir Prisoners de Denis Villeneuve l’an passé, Wild a reçu un accueil très chaleureux des critiques qui ont souligné du même coup la performance remarquable de l’actrice dans le film. Witherspoon n’avait pas eu de rôle significatif au grand écran depuis celui de June Carter dans Walk  the Line pour lequel elle avait remporté un oscar. De son côté, le magazine Entertainment Weekly citait récemment Wild parmi les dix longs métrages à surveiller pour la prochaine cérémonie de l’Académie. Bref, tout roule pour Vallée et pour Reese.

La chose semble cependant différente pour Philippe Falardeau, qui, fort de la nomination de Monsieur Lazhar aux Oscars de 2012, est allé tourner The Good Lie aux États-Unis aussi  avec Reese Witherspoon au générique. À comparer les bandes-annonces des deux longs métrages, le film de Falardeau ne convainc guère, au contraire de celui de Vallée. Les deux œuvres ne sont bien sûr nullement en compétition l’une avec l’autre, mais la comparaison semble inévitable car, réalisés par deux Québécois, les films prendront l’affiche lors de la même saison en plus de miser sur la même tête d’affiche.the-good-lie-poster

The Good Lie, aussi inspiré d’une histoire vraie, raconte l’immigration difficile vers les États-Unis de quatre orphelins fuyant la guerre du Soudan. Sa sortie cet automne se précise, mais plutôt négativement. Marc-André Lussier de La Presse nous informait voilà quelques jours que le film de Falardeau sortirait à Montréal le 24 octobre en version anglaise seulement. On peut en conclure que le distributeur, Warner Bros, ne semble pas miser sur l’origine québécoise du cinéaste pour vendre le film ici et le distribuer à plus grande échelle, en français, et en dehors de la métropole. À moins d’un revirement de situation, les gens de Québec devront attendre la sortie DVD-VSD pour voir The Good Lie. Heureusement, pour Wild, la situation sera différente et c’est le 5 décembre que le nouveau cru de Jean-Marc Vallée prendra l’affiche un peu partout.

Pour revenir au point de départ, soit le travail de réalisateurs québécois à l’étranger, on espère pour Philippe Falardeau, et aussi pour Ken Scott (Delivery Man n’a pas connu le succès escompté), que les portes des studios américains leurs soient toujours ouvertes afin qu’ils mettent de l’avant des projets adaptés à leur sens inné du cinéma, et ce, comme Vallée et Villeneuve ont pu le faire depuis un an, eux qui semblent avoir mille et un projets en banque. Et pour Reese Witherspoon, l’année 2014 semble lui porter bonheur, car on la retrouvera pour une troisième fois au grand écran d’ici le début de 2015. Elle fait partie de la distribution d’Inherent Vice, le plus récent et très attendu film de Paul Thomas Anderson, adapté d’un roman de Thomas Pynchon. On souhaite à la comédienne d’autres beaux rôles pour les années à venir, sachant qu’à Hollywood une actrice qui atteint la quarantaine voit souvent, hélas, les propositions intéressantes se faire plus rares.