Spira est une coopérative basée dans le complexe Méduse à Québec. Bien connue des artisans locaux du septième art, Spira portait auparavant le nom de Spirafilm. Sa fusion avec Vidéo Femmes, en 2015, explique sa nouvelle appellation. L’organisme est un incontournable pour assurer la viabilité et la visibilité des courts métrages et documentaires réalisés à Québec et aux alentours, que ce soit pour l’aide à la production, à la distribution et aux prêts d’équipement pour ses membres.
2022 marque un tournant pour Spira, car sa directrice générale, Catherine Benoit, quitte son poste après treize de loyaux services. Sous sa gouverne, Spira a pris du galon. Cette Trifluvienne d’origine a maintenu à flot ce lieu essentiel à la survie du cinéma à Québec. Elle nous fait un petit résumé au moment où elle quitte un milieu qu’elle a contribué à faire rayonner.
Le Clap : Catherine, commençons par votre arrivée chez Spira. Vous êtes originaire de Trois-Rivières et vous avez une formation universitaire en administration. C’est en 2009 que vous débarquez chez Spira.
Catherine Benoit : Oui, après des stages à l’étranger et un MBA en gestion et développement international, j’ai eu la job chez Spira comme directrice générale et là, je me replonge en développement international au sein de SOCODEVI situé à la haute-ville. Je vais développer des coops à l’international.
Le Clap : Durant vos années chez Spira, un fait très marquant, c’est la fusion avec Vidéo Femmes. Puis, j’ai l’impression que Spira a pris beaucoup de volume par la suite, à tous les points de vue.
CB : Lors des treize dernières années, nous sommes passés de 50 membres à 100 membres. Il y avait beaucoup à faire pour renforcer l’esprit de communauté dans le cinéma à Québec, entre autres en ajoutant des activités rassembleuses. On était quatre employés en 2009 avec un petit budget qui est aujourd’hui cinq fois plus élevé qu’à mon arrivée et au total une dizaine d’employés. La fusion avec Vidéo Femmes, ça a été un gros défi et ça a provoqué le désir de développer davantage de partenariats avec les différents organismes, artisans et techniciens liés au cinéma à Québec. Pour tisser des liens, il fallait organiser davantage d’activités de diffusion, de réseautage. Cet élan-là coïncidait avec mon arrivée, mais aussi avec celle d’une nouvelle directrice artistique. Et puis, on a ajouté le volet distribution qui est un autre gros morceau au coeur de l’évolution de Spira. La distribution a permis d’accompagner les cinéastes du tout début de leur projet jusqu’à la fin, de la scénarisation au prêt d’équipement jusqu’au montage et la distribution. On vient de terminer notre planification stratégique et on veut les accompagner encore davantage en construisant un plan de carrière avec eux. Bref, l’enjeu c’est de créer une communauté forte, mais ça demande beaucoup d’énergie.
Le Clap : L’industrie du cinéma, l’argent, la main-d’oeuvre, c’est à Montréal que ça se joue. Ça, c’est aussi un combat pour Spira de dire aux institutions que les autres régions méritent également d’être soutenues.
CB : Oh oui, ça a toujours été difficile de démontrer qu’on pouvait faire davantage de cinéma à Québec, encore plus alors qu’il y a une pénurie de main-d’oeuvre et ça se ressent sur les tournages. Avec la création d’une table de concertation interrégionale, on a réussi à mieux se faire entendre, à unir nos forces et à démontrer qu’il y a une volonté commune de développement. Nous, on demande du soutien pour une diversité territoriale en création cinématographique.
Le Clap : Que retenez-vous personnellement de vos années chez Spira et quels sont les nombreux défis qui se pointent pour l’organisme et pour le milieu?
CB : Mes années chez Spira m’ont permis de voir une énorme quantité de courts métrages québécois et internationaux. Ça a été une belle partie de mon travail même si l’administration d’une coopérative, j’adore ça. Pour Spira, l’agrandissement des locaux à Méduse permettra d’accueillir nos membres avec l’ajout de cinq bureaux pour qu’ils puissent travailler sur place, prendre un café, échanger avec des cinéastes et profiter, peut-être, de mentorat du même coup. Ça va coïncider avec l’inauguration de la salle de cinéma d’Antitube et l’ouverture du bac en cinéma à l’Université Laval qui permettra de former davantage d’artisans à Québec. Le collège BART a aussi ouvert un programme en postproduction récemment. Bref, le timing est bon et ça me permet de partir en étant très optimiste.