Lorsque j’ai commencé à fréquenter Le Clap, au début des années 90, j’attendais avec impatience chaque parution du magazine afin de concocter mon agenda personnel de films à ne pas manquer pour les semaines à venir.
Aujourd’hui, la parution du magazine a encore son importance, une grande importance afin d’en savoir plus sur les films qui prendront l’affiche prochainement. Mais, pour ce qui est de connaître la date exacte de la sortie d’un film, ça, c’est une autre histoire. D’ailleurs, l’horaire quotidien des projections n’apparaît plus dans le magazine comme vous l’aurez remarqué.
Il faut savoir que les programmateurs s’arrachent les cheveux pour établir un calendrier de sorties qui tiendra la route, et ce, depuis au moins deux ou trois ans, car les changements de dates et les moult reports font maintenant partie de leur quotidien.
Cet automne ne fait pas exception. Les exemples de sorties repoussées sont nombreux : Tom à la ferme de Xavier Dolan (trop occupé à tourner son prochain film Mommy), Dallas Buyers Club de Jean-Marc Vallée (le film sortira à Québec trois semaines après Montréal), Grace avec Nicole Kidman (reporté au printemps 2014). Même les films américains n’y échappent pas : Jack Ryan et The Monuments Men reportés au début de la prochaine année et The Wolf of Wall Street qui sortira à Noël puisque encore en montage.
Le pire, c’est qu’il est extrêmement difficile de prévoir les reports ou encore de les justifier. Les distributeurs québécois et américains tentent du mieux qu’ils le peuvent de lancer leur film à un moment où la compétition sera moins féroce et d’agencer la sortie pour l’ensemble du territoire nord-américain. Mais quand 400 films prennent l’affiche au Québec annuellement, l’exercice devient très difficile à réaliser. Pourtant, est-ce que ces stratégies déterminent réellement le succès ou non d’un long métrage dont la vie en salle semble de plus en plus courte? La question se pose! Surtout quand de multiples reports font en sorte que le film finira par sortir uniquement en DVD comme ce fut le cas pour Passion, la plus récente oeuvre de Brian De Palma.
Bref, le travail d’un programmateur de cinéma n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui, car il apprend souvent à la toute dernière minute que la sortie d’un long métrage est décalée. La situation est frustrante certes, mais finalement, et fort heureusement, c’est quand même en moyenne cinq nouveautés qui prennent l’affiche au Clap semaine après semaine. Pour les boulimiques de cinéma, le régime n’est pas pour demain! Et c’est tant mieux.
Depuis le premier magazine du CLAP « novembre décembre 1986 » tous les autres qui ont suivi ont trouvé leurs chemin vers chez moi, et c’est un plaisirs de les redécouvrir de tant à autres.
Daniel Duckett