Voici un petit texte de blogue pour souligner rapidement l’excellente nouvelle annoncée plus tôt cette semaine, c’est-à-dire la remise, le 15 mars prochain, du prix Jutra-Hommage au cinéaste et comédien André Melançon, à l’occasion de la 17e soirée des Jutra. Ce choix, des plus judicieux compte tenu de la carrière de ce réalisateur, arrive à un moment opportun. L’artiste âgé de 72 ans, surtout connu pour avoir réalisé quatre Contes pour tous, dont La Guerre des tuques et Bach et bottine, est considéré dans le milieu du cinéma québécois comme un passionné et un grand rassembleur pour son travail avec les enfants sur les plateaux de tournage.
Ralenti par la maladie (il a combattu tour à tour un cancer et un rare virus), le réalisateur originaire de l’Abitibi verra dans cet hommage une reconnaissance de ses pairs qui arrive à point, un coup de chapeau soulignant la qualité de son travail devant et derrière la caméra au fil des 40 dernières années. André Melançon était toujours actif malgré la maladie, simplement moins visible. Il a d’ailleurs récemment cosigné le scénario de La Gang des hors-la-loi, et ce, sans avoir l’état de santé lui permettant de réaliser ce 24e et plus récent Conte pour tous.
De mon côté, je me souviens l’avoir croisé à quelques reprises. Il était toujours des plus enthousiastes lorsqu’il parlait de ses différents projets. Je me rappelle d’ailleurs sa présence dans l’ancien Cinéplex de Place Charest au début des années 90. Il y était pour faire la promotion d’un film argentin d’Eliseo Subiela, coproduit avec le Québec et intitulé Le Côté obscur du cœur. J’étais tombé sous le charme de ce long métrage teinté de réalisme magique, un film poétique que j’ai par hasard revu récemment. Melançon y jouait un petit rôle, celui de l’ami bohème d’un artiste qui créait des sculptures phalliques géantes. Je me souviens aussi de son rôle le plus important dans un film québécois, c’était dans Taureau, tourné en 1973. Aux côtés de la toute jeune Louise Portal, il incarnait avec naïveté le personnage principal, désœuvré et perdu dans un univers violent et rural, similaire à ceux de Red et Bulldozer tournés à la même époque.
Avec sa carrure et sa bouille d’ours docile, André Melançon inspirait le respect et la confiance. Il demeure encore aujourd’hui le réalisateur québécois qui sait le mieux diriger des enfants lors d’un tournage et soutirer le meilleur de chacun d’eux. On espère qu’il aura l’énergie pour retourner derrière une caméra avant longtemps, histoire de nous offrir un autre conte dont il a le secret, nous offrir une fois de plus le côté lumineux du cinéma québécois.